Moujik Looping a écrit:
Benbessa ne fait qu’énoncer des truismes…
Vouloir interdire un choix vestimentaire au nom de la liberté est une escroquerie intellectuelle.
Pour ce qui est de l’aliénation, elle rappel à juste titre que chaque société secrète ses normes et que derrière chacun de nos choix on peut déceler de l’aliénation. Pourquoi faire sembler de penser que ce n’est le cas que lorsqu’il s’agit du voile...
Tout comme il est indéniable que l’injonction plus ou moins sournoise faite aux femmes de plaire cause des ravages en terme de mal-être…
Moui m'enfin parallèlement Benbassa est une militante infatigable de la libéralisation de la prostitution, pratique qui elle aussi cause des ravages mortels sur les pratiquantes (inutile que je balance des études à ce propos, l'expérience montre que personne ne les lit en général). Je ne crois donc pas que ce soit vraiment le bien-être des femmes qui la préoccupe, je dirais plutôt qu'elle est dans une recherche de légitimation éthique/féministe de pratiques oppressives pour les femmes, maniant au passage une rhétorique libérale ("librechouaaaaaa") qui montre à quel point cette approche a diffusé jusqu'à l'Extrême-Gauche. Pour schématiser, son discours est "ce qui est féministe, c'est d'exercer un choix, peu importe l'option retenue". Peu importent également les déterminismes qui sous-tendent le choix, l'influence culturelle, la trajectoire personnelle, etc. Rapportée à la lutte syndicale, ce discours paraîtrait bien entendu aberrant, selon cette logique on pourrait dire que la CFDT est par exemple tout à fait socialiste.
Par ailleurs, mettre sur le même plan les injonctions à la désirabilité et celles à cacher son visage est effectivement contestable.
D'une part les conséquences des infractions à ces injonctions ne sont pas les mêmes. Dans les contextes islamiques - incluant les quartiers où les salafistes sévissent chez nous, je peux par exemple vous citer le cas d'une amie toulousaine dont la vie devient peu à peu un enfer à mesure que son quartier s'islamise - les contrevenantes risquent leur peau. Dans les sociétés patriarcales modérées comme l'est la nôtre, ne pas coller aux stéréotypes de genre est en effet pénalisant, mais ce à quoi s'exposent les femmes rejetant les règles de la désirabilité n'est pas plus grave que le sort des hommes rejetant le triptyque de la virilité (charisme-puissance-ambition). Avoir une sexualité décevante, être en butte à l'incompréhension, aux sarcasmes, c'est effectivement pas terrible mais c'est autre chose que de se faire bastonner ou embastiller.
D'autre part, la signification de ces deux vêtements est par essence différente : dans un cas il s'agit de séduire, autrement dit un processus lié à la libido, la vitalité ; dans l'autre il s'agit de recouvrir dans une démarche intimement liée à la honte, la culpabilité, soit quelque chose de mortifère.
Je rejoins Caesar Scipio sur le danger représenté par des gens comme Benbassa ou Plenel, qui prônent ouvertement une espèce de "communautarisme gentil" totalement incompatible avec la tradition culturelle française. Que ça nous plaise ou non, les français ont pour passion de se mêler de la vie de leurs voisins, la fièvre homogénéisatrice, et c'est également le pays de la Saint-Barthélémy. De même, que ça nous plaise ou non (et je suis le premier à le regretter), les questions identitaires/ethno-culturelles mobilisent davantage les individus que d'autres enjeux. L'exemple yougoslave montre qu'une situation peut dégénérer très vite et les expériences de psychologie montrent que le sadisme latent peut se réveiller en un rien de temps. Benbassa et Plenel auront les moyens matériels de décamper quand ça bardera, ce qui n'est pas le cas des gens qu'ils défendent (ou plutôt croient défendre).