Narduccio a écrit:
Caesar Scipio a écrit:
Narduccio, je n'ai rien déformé.
On trouve facilement l'étude de l'Institut Montaigne :
http://www.institutmontaigne.org/fr/publications/un-islam-francais-est-possibleOn trouve les commentaires de cette analyse largement diffusés dans les médias français. Les auteurs de l'étude ont une vision de la place des musulmans dans la société française qui n'est pas en accord avec ce que vous en rapportez. Les médias qui ont rapporté cette étude et qui l'ont commentée ont, pour la plupart, une lecture en accord avec celle des auteurs de l'étude. On peut critiquer cette étude, on peut critiquer sa représentativité. Présenter une analyse à l'opposée de celle que les auteurs en proposent ... Les musulmans vous font peur, soit. Moi, j'essaye de réfléchir et je comprends bien que ce qui me fait peur, ce sont les djihadistes musulmans, ainsi que les prédicateurs extrémistes qui leur déforment le cerveau. Je comprends aussi, et c'est une confirmation de quelque chose que de nombreux sociologues ont déjà démontré depuis longtemps : ce sont dans les classes sociales qui se sentent le plus rejetées qu'il y a le plus de gens qui rejettent le système. En fait, c'est le défaut d'intégration de la part de la société qui génère le rejet de l'intégration dans cette société. "Ils ne veulent pas de nous ? Donc, nous ne serons pas eux !"
Ce qui fait peur, c'est que ce sont les plus jeunes qui sont le plus radicalisés, et c'est bien là le problème. Car, ils cherchent à retrouver la foi de leurs grands parents ou arrières grands-parents. Foi qu'ils ne connaissent pas. Et ils se laissent convaincre que c'est la version la plus rigoriste, la plus opposée à nos valeurs qui est la vraie foi. Or, "nos" musulmans viennent pour la plupart des rives de la Méditerranée ou de l'Afrique subsaharienne, il y a donc peu de chances que leurs ancêtres soient salafistes, ou d'autres écoles rigoristes musulmanes.
Il semble que vous n'avez rien déformé, mais que ce sont les sources à lesquelles vous aimez puisez qui ont déformé. Donnez-vous donc la peine de confronter l'étude avec le commentaire que vous nosu en faites. C'est sidérant. Et c'est ce hiatus qui est une vraie insulte à l'égard des autres intervenants.
Narduccio, ce qui est assez agaçant (tout de même pas "sidérant", n'exagérons pas), c’est que vous faites aux autres des reproches infondés alors qu’il semble plutôt que ce soit vous qui méritiez de tels reproches. Qu’en outre vous qualifiez les démarches que vous me prêtez à tort d’insultantes, c’est votre affaire. La qualification semble plutôt vous revenir en boomerang et c’est fort dommage car vous pontifiez et faites la leçon soit sans avoir vous-même lu ou compris ce que vous prétendez avoir lu ou compris, soit en étant délibérément dans le déni sur les éléments vous contrariant qui sont mis en avant (dans cette même étude qui plus est).
J’ai bien sûr vérifié le rapport de l’institut Montaigne. Tous les chiffres mentionnés par l’article d’Elisabeth Lévy que j’ai cité y figurent. Ils sont par bribes mentionnés dans les articles dont les médias se sont fait plus ou moins l’écho, selon la ligne éditoriale des dits médias.
Quand je mets des liens, je les lis. A la lecture de votre réaction, je doute que vous lisiez attentivement les liens que vous mettez. Vous reprenez un peu rapidement la présentation qu’en fait tel ou tel média sans vérifier par vous-même pour vous faire une opinion qui ne corresponde pas à votre préjugé. Pour ma part, j’ai été très surpris de tomber sur de tels chiffres. Mon préjugé avant lecture me conduisait à estimer que les chiffres indiquant des réponses plus ou moins islamistes étaient bien plus faibles que ceux qui ressortent de cette enquête, nonobstant la fragilité et les critiques de la méthode que j’ai déjà évoquée.
Au passage, le rapport lui-même mentionne des marges d’erreur assez considérables résultant de la méthode qui a été retenue (de 3 à 8 points selon les cas, ce qui peut donc être très important quand on est sur 8 points d’écart).
Les chiffres sont beaucoup plus fiables par eux-mêmes que la manière dont ils sont agencés par les auteurs du rapport, parce que les présenter c’est faire un choix, un choix qui peut être politique et s’éloigner de ce qui ressort initialement comme la vérité des chiffres.
S’il est besoin d’un exemple global sur la présentation très discutable des résultats de l’enquête, le voici : l’identification de
3 groupes :
- La « majorité silencieuse », groupe composé de 46 % des sondés. Leur système de valeurs est en adéquation avec la société française, qu’ils contribuent d’ailleurs à faire évoluer par leurs spécificités religieuses ;
- les « conservateurs ». Groupe plus composite, ils composent 25 % de l’échantillon et sont au cœur de la bataille politique et idéologique que les propositions de notre rapport doivent permettre de conduire et de remporter. Fiers d'être musulmans, ils revendiquent la possibilité d'exprimer leur appartenance religieuse dans l'espace public. Très pieux (la charia a une grande importance pour eux, sans passer devant la loi de la République), ils sont souvent favorables à l'expression de la religion au travail, et ont très largement adopté la norme halal comme définition de "l'être musulman". Ils rejettent très clairement le niqab et la polygamie et acceptent la laïcité ;
- les « autoritaires » forment le dernier groupe, soit 28 % de l'ensemble. Ils sont majoritairement jeunes, peu qualifiés et peu insérés dans l'emploi. Ils vivent dans les quartiers populaires périphériques des grandes agglomérations. Ce groupe se définit davantage par l'usage qu'il fait de l'islam pour signifier sa révolte vis-à-vis du reste de la société française que par son conservatisme.
Deuxième façon d’analyser et donc de présenter les chiffres de l’enquête : il y a une majorité (53%) de conservateurs partisans d’un islam rigoureux et identitaire, et en leur sein une majorité de durs plus ou moins salafisants.
Troisième façon d’analyser et de présenter ces chiffres, en regardant plus dans les détails de l’enquête.
Je la cite :
«
o La première catégorie (18 % des effectifs) est celle des individus les plus éloignés de la religion. Ils sont favorables à la laïcité, ne formulent aucune revendication d'expression religieuse dans la vie quotidienne, qu'il s'agisse du monde du travail ou de l'école, ne souhaitent pas de nourriture halal à la cantine et sont très largement d’accord avec l’idée que la laïcité permet de pratiquer librement sa religion.
o La deuxième catégorie (28 % des effectifs) partage les mêmes valeurs. Les individus qui la composent sont d’accord avec l’interdiction de la polygamie et avec l’idée que la loi de la République passe avant la loi religieuse. Elle se distingue par un attachement plus fort à la consommation de nourriture halal et une partie de ses membres est favorable à l'expression religieuse au travail.
o La troisième catégorie (13 % des effectifs) est plus ambivalente. Elle s'oppose au niqab et à la polygamie, mais elle conteste l'idée selon laquelle la laïcité permet de pratiquer librement sa religion. Sans être radicale, elle critique le modèle républicain, a minima dans ses modalités d'application. Une forte minorité de ces membres souhaite d’ailleurs pouvoir exprimer sa religion sur son lieu de travail.
o La quatrième catégorie (12 % des effectifs) se distingue de la troisième par une plus grande acceptation de la laïcité. En revanche, elle critique massivement l'interdiction de la polygamie en France, tout en condamnant absolument le niqab, rejeté par 95 % des membres de ce groupe. Cette catégorie réunit beaucoup de musulmans étrangers résidant en France.
o La cinquième catégorie (13 % des effectifs) représente les individus qui présentent des traits autoritaires : 40 % de ses membres sont favorables au port du niqab, à la polygamie, contestent la laïcité et considèrent que la loi religieuse passe avant la loi de la République. Dans leur immense majorité, les membres de ce groupe ne considèrent pas que la foi appartienne à la sphère privée, ils sont d’ailleurs majoritairement favorables à l’expression de la religion au travail.
o La sixième catégorie (15 % des effectifs) se distingue de la cinquième en prônant une vision plus « dure » des pratiques religieuses. En revanche, elle valorise la foi comme un élément privé et non comme un élément public. Presque tous ses membres valorisent le port du niqab et près de 50 % contestent la laïcité tout en étant favorables à l’expression de la religion sur le lieu de travail. »
Alors non, je n’ai pas peur des musulmans.
J’ai en revanche peur de la tendance assez nette au développement d’un identitarisme musulman importé de pays du Moyen Orient dont certaines valeurs sont radicalement antithétiques des nôtres et qui ne peut conduire qu’à un choc sociétal violent. J’ai peur y compris pour mes connaissances et amis « d’origine » musulmane mais pas du tout croyants et pour certains de croyants sur le mode Islam des lumières se confinant à la sphère privée, et qui dans une telle perspective risquent d’être les premiers à pâtir d’un choc à peu près inévitable si des politiques incitatives visant à forcer ceux des musulmans qui ne l’ont pas déjà fait à renoncer à la tentation identitaire conflictuelle et séparatiste.
Le djihadisme ne pose qu’un problème de sécurité, de renseignement, de police et de Justice.
L’islamisme/salafisme, lui, est porteur d’un risque autrement plus grave, parce qu’il porte sur une échelle quantitative considérablement plus forte, d’une forme de guerre civile.
Au passage, si jamais vous vous daignez accepter de répondre, votre point de vue sur ces chiffres et sur ce qu’ils vous inspirent m’intéresse. Il m’intéresse pour le simple fait qu’il est différent du mien et que je ne me présente pas ici en détenteur d’une vérité intangible ni en censeur des points de vue divergents du mien ou de celui de X ou Y mais en personne voulant discuter et échanger des points de vue, quitte à rester sur un constat de désaccord..
Caesar Scipio a écrit:
" ... 60% des personnes interrogées estiment que les filles devraient pouvoir porter le voile à l'école ; 48% pensent que l'on doit pouvoir affirmer son identité religieuse au travail ; 58% des hommes et 70% des femmes sont favorables au port du voile - hijab.
Autrement dit, même au sein de la majorité que l'on dit intégrée, on n'entend pas renoncer à ce signe de rupture avec le modèle français qu'est la dissimulation du corps féminin.
Les promoteurs de l'étude espéraient sans doute que la réalité scientifique établie permettrait de trancher le cou des fantasmes sur l'Islam. Or, la réalité se révèle pire que les fantasmes."