Caesar Scipio a écrit:
Je suis presqu'entièrement d'accord avec vous.
Et il me semble que nous le sommes entièrement.
Caesar Scipio a écrit:
Le point sur lequel il me semble que nous divergeons, c'est sur l'opposition que vous faites entre démocratie d'une part et libéralisme-droits de l'homme d'autre part.
La démocratie peut certes valider des politiques antilibérales.
Et comment ! Athènes, Rome, les Communes de Paris, la colonisation des IIIe et IVe Républiques, Vichy issu de la IIIe, l'Iran des ayatollahs...
Caesar Scipio a écrit:
Mais le libéralisme ne signifie pas l'anomie et n'exige pas, comme préalable, de laisser-faire une balkanisation identitaire, surtout si celle-ci produit de l'antilibéralisme. Les droits de l'homme ne signifient pas non plus l'anomie, le sans-frontiérisme. On oublie trop souvent que les déclarations des droits sont en fait des déclarations des droits de l'homme et du citoyen.
1. Surtout des droits du citoyen, celui-ci étant entendu non seulement comme membre d'une communauté, mais également respectueux des droits de ses concitoyens. Les personnes qui bafouent les droits de ceux qui les respectent n'ont aucun droit.
2. "Droit" est synonyme de permission, autorisation, licence. Les entendre comme capacités (de fait) ou dus (les droits sont dus à ceux qui les respectent mais ne sont pas des dus) est une imposture intellectuelle et une escroquerie morale.
Caesar Scipio a écrit:
On oublie aussi que les déclarations internationales des droits (la déclaration universelle de 1948 ou la CESDH de 1950) s'inscrivent dans le cadre du droit international qui reconnaît le principe de souveraineté nationale des Etats.
Ça, c'est du pipeau juridique inter-étatique, c'est sans importance.
Caesar Scipio a écrit:
Bref, pour reboucler avec la question de notre fil de discussion, il y a un dévoiement du sens des mots, à des fins politiques et idéologiques.
Exactement.
Caesar Scipio a écrit:
Le sens jusqu'à présent admis du mot "racisme", c'est une hostilité envers des personnes en raison de leur différence raciale. Ce n'est pas le fait de refuser de perdre le contrôle de son territoire par installation d'un autre groupe organisé en société rivale, cet autre groupe appartenant-t-il à une autre "race" ou non que celle du groupe autochtone.
Ce débat est dépassé à cause du délire des interprétations des racialistes, racistes comme antiracistes. De toute manière, dans un monde mondialisé, ceux qui "essentialisent" des généalogies seront lésés et déclassés socialement et économiquement par leur préjugés. C'est tout le drame des extrêmes droites, des intégristes musulmans entre autres.
Il y a une différence entre affirmer que tout humain peut être français, ce qui correspond à une réalité non évidente pour tous mais empiriquement éprouvée, et affirmer que tout humain est fidèle à la nation française, ce qui n'est même pas réel pour tous les Français et quels que soient leurs ancêtres. On en revient toujours à l'identité de cet empire francilien devenu un État-nation non évident, et au triptyque fondant l'identité de toutes les communautés de quelque fondement que ce soit : "vivre ensemble, mourir ensemble, tuer ensemble". Alors, qui est français ? Qui est belge, qui est suisse, qui est québécois, qui est canadien ? Qui est Daech, qui est sunnite, qui est oumma, qui est musulman ? Qui est arabe, qui est berbère, qui est algérois, qui est algérien ?
Habiter la France ne signifie pas adhérer corps et âme à la nation française. Y naître ou naître ailleurs, d'un parent français ou non, avoir les pièces d'identité ou non ne signifient pas adhérer à la nation française. "Français", comme d'autres étiquettes, est un mot à plusieurs sous-entendus.
Une chose est certaine, c'est que la France est un des pays qui, depuis de nombreuses décennies, brasse le plus ses indigènes avec des étrangers ; cette réalité seule en fait une des communautés les moins racistes du monde et de l'Histoire.