Le salon géopolitique de Passion-Histoire

On ne connaît pas encore la fin de l'histoire (peut-être aujourd'hui dans la soirée). Les médias ne se contentent pas de reprendre les "déclarations" des chefs d'Etat. Il y a des analyses qui sont faites.



L'objectif n'est pas de faire trainer les choses jusqu'à l'automne.

A la fin du premier jour de négociation, vendredi 17 juillet, les difficultés étaient visibles. En cause, les Pays-Bas, qui exigent de pouvoir suspendre le déboursement de l’argent s’ils jugent que celui-ci est utilisé à mauvais escient.
Pour Mark Rutte, le premier ministre néerlandais, viscéralement opposé au principe même de subventions, il n’est pas question que l’argent soit versé sans son accord préalable. En clair, à chaque fois qu’une tranche devra être débloquée, il souhaite que La Haye ait son mot à dire. Et puisse donc mettre son véto si le gouvernement néerlandais considère que l’argent transféré n’est pas utilisé comme il est prévu qu’il le soit.

Pas besoin d'attendre la fin du sommet pour voir que la négociation est plus longue que prévue. On est déjà lundi.
Dimanche à 20 heures, le repas n'était pas très copieux, car les services du Conseil européen n'imaginaient pas qu'ils auraient à organiser une troisième soirée successive.
Ce matin, on nous informe que les Vingt-sept « sont tout prés d'une solution. » L'enveloppe initiale (750 milliards) est revue à la baisse. Le montant des subventions, initialement prévu à 500 milliards, est revu à la baisse. Il fallait bien faire quelques concessions aux "quatre frugaux" qui ont subit un camouflet le 27 mai.
A moins d'un nouveau rebondissement cet après-midi, le montant des subventions n'excédera pas 390 milliards. Macron et Merkel ont déclaré ce week-end qu'un plancher était prévu à 400 milliards, mais il semble que ce plancher a été enfoncé par les "cinq frugaux" (la Finlande s'ajoute au club des quatre frugaux). On n'est pas à dix milliards près.
Depuis qu'Ursula von der Leyen a dévoilé le projet de la Commission, je suis persuadée que le résultat final sera très éloigné de la proposition irréaliste qui a été faite par le club des "frugaux".

Dimanche après-midi, les pays "frugaux" ont fait du chantage. Ils ont brandi le scénario d'un réveil des marchés aux dépens des pays du Sud (comme si ces derniers n'avaient pas connaissance de ce danger potentiel) , pour leur forcer la main et abréger les débats. A tel point que Christine Lagarde a jugé utile d'intervenir par le biais d'un communiqué, afin d'inciter à prolonger les négociations : « De mon point de vue, il vaut mieux s'accorder sur un projet ambitieux même si cela prend plus de temps. J'espère que les dirigeants privilégieront l'ambition à la rapidité. »

De ce qu'on voit, il y a un "jeu à 3", voire 4. D'un coté, il y a les frugaux, les points d'achoppements semblent ridiculement faibles : 50 millions d'euros. La différence est la limite entre un peu plus de subventions ou un peu plus de prêts. Mais ce débat en cache un autre, un problème de gouvernance. Malgré un accord entre la France et l'Allemagne, les "petits" pays ne se sont pas couchés devant les moteurs de l'Union. Certains présentent le débat comme étant un débat entre plus ou moins d'Europe, mais c'est peut-être un débat entre une union des États et une union des peuples.

Et puis, il y a 2 cavaliers qui jouent à part, la Hongrie et la Pologne. L'aide sera déterminée par le respect de l’état de droit, ces 2 pays semblent disposer a aider le camp qui fera sauter cette clause ou qui en réduira la portée. Or, pour certains, l’état de droit est l'une des racine de l'Europe. L'UE est aussi née en réaction aux dictatures, que ce soient les dictatures anciennes et disparues au moment de sa création, le 3ème Reich nazi. Mais aussi la dictature soviétique. Quelle qu'en soit la raison, l'UE ne pourra pas accepter qu'on déroge à l'état de droit. Puisque la plupart des pays qui la composent pensent que c'est "dans ses gènes".

Ce n'est qu'un prétexte utilisé par Rutte et Kurz pour faire porter à Varsovie et Budapest la responsabilité d'un éventuel échec des négociations. Rutte et Kurz sont opposés à une aide généreuse en faveur des pays du sud de l'Europe.

Tu veux dire 50 milliards, je suppose.

Oui, je me suis trompé d'unité. Je sais que la somme brute "50 milliards" parait énorme au commun des mortels. Mais, il faut la comparer à l'enveloppe globale du plan et à la taille de ce que de nombreux pays ont annoncé. Sur un plan de 750 milliards, la différence entre les 2 positions semble donc être la répartition d'une partie de la somme. Partie relativement minime. Sauf si on tient compte que ces 50 milliards, ce sont ceux qui permettent de donner la prépondérance aux prêts ou aux subventions.

Le bénéfice pour certains frugaux est la baisse de leur contribution au budget de l'UE, ils l'ont joué à la Thatcher et ça a marché. 138% de baisse pour l'Autriche, par exemple.

On dirait que les discussions lundi soir ont permi de refaire passer l'inveloppe à 750 milliards alors qu'il était question la veille de raboter 50 milliards.
La baisse des subventions (110 milliards) a été compensée par une augmentation équivalente du volume des prêts.