Dupleix a écrit:
Le budget de l'UE et la politique économique de la BCE sont les seuls instruments qui permettent de mettre en oeuvre une certaine solidarité financière, et la préservation de la construction européenne est sans doute la seule raison qui a poussé Mme Merkel à accepter ce qui ressemble bien à une mutualisation d'une partie de la dette.
Je ne vois pas d'exemple, ailleurs dans le monde, d'une telle solidarité.
Contrairement à Dupleix, nous voyons aisément une plus grande solidarité ailleurs dans le monde.
Dans l'Amérique, les 50 Etats (Michigan, Alabama, Kansas, etc) savent que le budget fédéral est considérable. Les pays de la zone Euro accepteront-ils de s'inspirer du modèle américain ? Je considère que l'Europe n'a pas besoin d'aller aussi loin, mais il faudra quand même trouver un juste milieu entre le « chacun pour soi » et le modèle fédéral américain.
Le 12 mai 2020, les trois grands syndicats patronaux (Confindustria – BDI – Medef) ont exprimé conjointement leur souhait de voir l'Europe faire un grand plan d'investissement. Six jours plus tard Macron et Merkel ont proposé un plan de relance de 500 milliards d’euros financé par un emprunt européen, ouvrant la voie à une mutualisation des dettes en Europe pour sortir l’UE de la crise engendrée par la pandémie. Deux mois auparavant un sommet européen en visioconférence avait tourné au vinaigre, entre les pays du Nord réticents à financer un plan de relance, et neuf pays (dont la France, l’Espagne et l’Italie) qui demandaient des eurobonds.
Après la déclaration franco-allemande, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'était engagée à présenter une proposition sur ce sujet. Chose promise, chose due. Le 27 mai, la présidente de la Commission a présenté un projet ambitieux. Le fonds envisagé par Ursula VdL sera alimenté par des emprunts à grande échelle de la Commission au nom de l'UE, une opération inédite pour l'Union. Sur les 750 milliards, 500 seraient redistribués sous forme de subventions, qui ne devront pas être remboursées, une somme équivalente à celle avancée la semaine précédente dans le plan Macron-Merkel. Le reste sera constitué de prêts aux Etats membres.
La solution finale n'est pas encore connue. Les négociations ont commencé en juin et vont durer pendant l'été.
Sur le Salon j'ai posé une question : Quel est le bilan de Draghi à la BCE ?
Après la déflagration en 2008, les nations de la zone euro n'ont pas eu le courage de concevoir un mécanisme fédérale (on était loin du mécanisme présenté aujourd'hui par Ursula VdL). C'est pour cette raison que Draghi a choisi de faire une politique monétaire très accommodante avec un gigantesque "QE". A mes yeux, la politique accommodante de la BCE est une conséquence de l'incapacité des nations européennes à concevoir un mécanisme fédéral (un mécanisme pour la mutualisation des dettes).
Joseph Stiglitz est l'auteur d'un ouvrage sur la monnaie unique en Europe. Cette union monétaire n'est pas satisfaisante. Les performances économiques de la zone euro sont médiocres. L'euro a creusé les écarts de prospérité entre les pays européens. Cela était prévisible dans une Europe qui n'a pas voulu instaurer des mécanismes de solidarité.
Stiglitz considère que les Européens ont le choix entre deux solutions : abandonner cette monnaie (euro) qui est un échec ou bien instaurer des mécanismes de solidarité.
On aurait tort de croire que Stiglitz est iconoclaste. Son opinion est partagée par un grand nombre d'économistes.