Le problème principal est bien que monsieur Cameron a décidé ce référendum pour régler un problème interne au parti conservateur, la place de sa minorité anti-européenne. Pour régler ce problème, il a mis en place ce référendum avec cette question binaire : partir ou rester. Une réponse très simple. Comme à chaque référendum, on se rend compte qu'une partie des votants vote en fait, pour ou contre le gouvernement. Diverses enquêtes d'opinions ont montré qu'une partie des votants s'est tout à coup rendue compte qu'en fait elle avait voté pour la sortie de l'UE au lendemain de la proclamation des résultats. Ce n'est pas l'UE qui a demandé qu'on vote à nouveau, mais ce sont des initiatives issues de la société civile anglaise, et la dernière en date à battu des records en terme de participation. En Suisse, avec une telle participation, on aurait organisé une votation sans se poser plus de questions.
A l'usage, on se rend compte que la question a été très mal posé malgré sa simplicité, car les électeurs n'ont pas dit quelle sorte de Brexit ils voulaient. Lors des discussions, les envoyés britanniques désiraient un berxit "à la carte" où c'était eux qui décidaient ce qu'ils gardaient et ce qu'ils abandonnaient. Position inacceptable pour les européens, et on les comprends puisque ce n'est pas eux qui étaient à l'origine du divorce, mais ils étaient d'accord pour un divorce "à l’amiable". Chacun étant bien conscient que tout le monde y perdrait, mais surtout les britanniques. La mise en place des discussions fut très problématique, surtout coté britannique où elles furent parfois menées avec un certain amateurisme, les diplomates anglais semblant souvent découvrir la question et ses implications au moment où on en discutait. Mais, cela était peut-être dû à la complète impréparation du fait que personne ne pensait que le Leave allait l'emporter, même pas ses promoteurs. Les conservateurs se retrouvent divisés entre ceux qui sont à l'écoute de la City et qui essayent de perdre le moins possible, et ceux qui sont à l'écoute d'une partie de leur électorat et qui veulent qu'on réalise le brexit à n'importe quelles conditions. Cela se retrouve dans le fait que les vote au Parlement britannique sont contradictoires. Rappelons que le Parlement à rejeté 3 fois l'accord conclu entre le gouvernement de madame May et l'Union Européenne. Mais, dans le même temps, il a voté l'interdiction d'un Brexit sans accord. Bref, il faut un accord, mais pas celui-là. En même temps, il semblerait que les parlementaires ne soient pas capables de se mettre d'accord sur ce qu'il faudrait qu'il y ai dans un accord qui trouverait grâce à leurs yeux. Dans de telles discussions, on fait souvent des concessions, on accepte d'abandonner certaines choses en contrepartie de choses qu'on ne veut pas abandonner. Là, personne n'a la moindre idée de sur quoi devraient porter d'autres discussions.
Donc, à un moment, si le Parlement n'arrive pas à prendre une décision, la solution est de retourner aux urnes, d'une manière ou d'une autre. On me dira que ce fut déjà fait une fois quand madame May à décidé u'il fallait avoir de nouvelles élections législatives. Résultat, les conservateurs sont arrivés en tête, mais ont perdu la majorité absolue. Rappelons que les grands perdants de cette confrontation furent les membres de l'Ukip qui passa de 13% des voix à 2%... Ces élections ont reporté d'autant les discussions sur le brexit d'avec l'Union Européenne. Le Parlement, issu de ces élections générales, a montré plusieurs fois qu'il est très divisé sur toutes les questions qui touchent au Brexit, d'où les résultats incompréhensibles aux différents votes. En fait, chaque vote est clair, c'est l'ensemble qui est incompréhensible. Il y a aussi quelques spécificités anglaises, les allemands ont plusieurs fois poussé les conservateurs britanniques à discuter avec les travaillistes pour essayer de trouver un terrain d'entente qui permette de trouver une solution, et éventuellement que le gouvernement May puisse gouverner tout en étant minoritaire. Or cela ne correspond pas aux habitudes britanniques. Du coup, ces discussions n'ont commencé que depuis quelques semaines et elles sont très difficiles car les anglais ne sont pas habitués à ces exercices où on doit chercher un compromis entre 2 partis, sans trahir son électorat.
D'un autre coté, la situation actuelle est très préjudiciable, sur le plan économique, mais aussi sur le plan politique. Effectivement, il faudrait donner aux britanniques le temps de trouver la solution. Sauf que personne n'est sûr qu'ils la trouveront. D'où la position française d'une fin de crise politique en actant d'un brexit dur ou de pas de brexit. La position allemande se veut plus consensuelle : donnons aux britanniques le temps de trouver une solution. Mais, cela veut dire que madame May devra d'une manière ou d'une autre demander aux britanniques leur avis. De toutes façons, si les britanniques participent aux élections européennes, celles-ci seront un test de l'envie des britanniques. Et on voit que l'opinion des électeurs britanniques est assez insaisissable. Une partie de l'électorat étant excédée par les péripéties du brexit. Les enquêtes d'opinion semblent indiquer que l'Ukip a de fortes intentions de votes, mais pas au point de devenir majoritaire. Mais, les sondages peuvent évoluer au cours de la campagne. Le graphique suivant est très parlant :
Sur la durée de la campagne de 2017, les travaillistes ont gagné 15% des intentions de vote. Au rythme de leur "remontada", si les élections avaient eu lieu 1 ou 2 semaines après, c'étaient eux le parti qui serait arrivé en tête des élections. Le résultat des votes aurait-il été différent et aurait-on eu le brexit à la date prévue .... Bien entendu, on ne le saura jamais