Caesar Scipio a écrit:
Juncker l'a fort bien compris depuis longtemps. L'UE redeviendra un projet audible susceptible de retrouver le soutien populaire en faveur de plus d'intégration le jour où elle sera de nouveau perçue comme source de mieux-être et non plus comme source de maux, de contraintes et de charges.
Tout à fait d'accord.
Mais les discours sont devenus inopérants, au moins en France, après des décennies passées à mettre sur le compte de l'UE tous les maux de la Terre.
Les apports réels de l'UE aujourd'hui (il y en a, et j'inclus ceux de l'Euro) ne sont plus perceptibles par les opinions publiques, à tort ou à raison.
En conséquence, pour que l'UE puisse être perçue comme une source de mieux être, il faut aussi qu'elle redevienne un projet audible susceptible de retrouver le soutien populaire. Ce qui avec votre affirmation ci-dessus constitue un cercle vicieux.
Les propositions de Macron sont une tentative de sortir de ce cercle vicieux en réinjectant dedans une dose de projet commun sur des sujets potentiellement mobilisateurs. Elles ont l'avantage (ou l'habileté) de proposer des investissements communs pour des progrès communs, et de faire figurer en bonne place la Défense qui est sans doute l'un des rares domaines où l'on ne peut pas dire que la France fait moins que l'Allemagne. Tout ceci peut permettre (c'est l'objectif) de désamorcer le réflexe de : "je ne veux pas financer la dette des autres".
C'est la première fois depuis un paquet de temps que la France est à l'origine de ce genre d'initiative.
C'est aussi, je pense, la tentative de la dernière chance pour la France et pour l'Europe.
Si ce projet échoue, et à plus forte raison si on (et d'abord l'Allemagne) ne se donne même pas la peine d'en discuter, l'idée européenne sera définitivement enterrée en France. Avec en plus (si les réformes prévues par Macron en interne se font) l'amertume d'avoir fait l'effort de jouer le jeu (pour une fois...), sans rien y gagner en échange. Dans moins de 5 ans, Macron sera remplacé par le Pen ou Mélenchon. Et là ce n'est plus de secousse que l'on parlera.
Je pense que cette menace avait des chances de faire réfléchir Merkel si les élections lui avaient laissé les coudées plus franches.
Je crains malheureusement que la nécessité de donner des gages notamment au FDP ne fasse passer cette question au second plan, ou pire n'en fasse un enjeu de démagogie partisane.