Caesar Scipio a écrit:
Le fait économique, qui explique le fait historique susmentionné, c'est qu'aucune union monétaire ne peut survivre durablement à des déséquilibres de prix et de compétitivité entre pays membres.
Bien sûr que si. Par exemple, le franc (français) a longtemps survécu à de telles inégalités entre Paris et, mettons, la Creuse ou la Martinique.
Le problème de l'euro est que les salariés des pays improductifs sont peu ou prou payés autant que dans les pays productifs, alors qu'ils devraient être moins payés (comme en France), sous peine de chômage (comme en France ou en Espagne). En fait, c'est moins le problème de l'euro que des pays pas assez productifs qui paient leurs salariés comme en Allemagne ou aux Pays-Bas.
Caesar Scipio a écrit:
Parce que l'union monétaire conduit à la migration des capitaux et des activités productives vers le territoire le plus compétitif.
Non, c'est le libéralisme qui y conduit. L'inverse du libéralisme, c'est la pauvreté de niveau planétaire comme à Cuba, ou la misère tout court, comme en Corée du Nord.
Caesar Scipio a écrit:
Une union monétaire n'est viable à long terme qu'avec des mécanismes de transfert visant à compenser en large partie la perte d'activité résultant de la concurrence sans la moindre barrière
Les pertes d'activités des pays insuffisamment productif ne sont pas provoquées par la concurrence mais par le maintien de lois antilibérales, comme un SMIC trop élevé, des charges entrepreneuriales anéantissant les commerces et les artisanats.
Caesar Scipio a écrit:
Sinon c'est comme une ordalie. Plus longtemps le pays/territoire moins compétitif s'accroche au fer chauffé à blanc d'une monnaie et de prix dont ses agents économiques n'ont pas les moyens, plus graves et plus irréversibles seront les dégâts pour lui.
L'euro ne tue pas des économies relevées du Tiers-Monde, comme les Slovènes, ni des régions pauvres en ressources comme l'Irlande. Ce sont leurs lois qui appauvrissent les France, Italie, Portugal, Grèce, etc.
Caesar Scipio a écrit:
Quand commence de manière nettement observable le grand décrochage des industries italienne, française et espagnole par rapport à l'industrie allemande ?
Des réformes libérales de Schröder.
Caesar Scipio a écrit:
Quand commence la bulle de dettes privées liées au surinvestissement dans le bâtiment ?
De la mise en place des prêts immobiliers américains pour les plus pauvres (les subprimes).
Caesar Scipio a écrit:
A la même date : l'introduction de l'euro.
Ah ouais, Daech et la naissance des mes enfants, c'était l'euro !
Concordance et corrélation n'impliquent aucune relation de cause à effet.
Caesar Scipio a écrit:
Le fait politique, c'est que quand on sait que les opinions nationales des pays les plus riches et les plus compétitifs ne veulent pas payer les transferts visant à compenser les effets de l'union monétaire pour les pays moins riches et moins compétitifs, alors il ne faut surtout pas faire d'union monétaire.
Il suffirait de baisser une bonne partie des salaires français (les plus bas et, SURTOUT, charges patronales et salariales incluses) d'un tiers et les salaires grecs de deux tiers, histoire de les remettre en proportion de ce que vaut leur travail, pour que les déséquilibres monétaires cessent. Évidemment, Français et Grecs estiment que leur travail mérite cette surpaie. En France, il faut surtout raser les taxes sur les entreprises et les remplacer sur des taxes sur tous les revenus, les entreprises pourraient embaucher à tour de bras (à condition encore qu'on les laisse licencier à volonté), le chômage baisserait de quelques points et tout le monde s'en porterait mieux, à condition encore de baisser les rentes sociales des retraités les plus aisés (pas plus de deux fois le revenu moyen) et d'augmenter la TVA pour compenser les baisses de revenus budgétaires (mais les prix rebaisseraient en proportion du coût du travail).
Enfin, bref, il faut transposer la fiscalité et le code du travail allemands, suisses ou néerlandais.
Caesar Scipio a écrit:
Parce que le risque est que, comme le facteur monétaire devient imbriqué de manière inextricable avec d'autres facteurs (travail détaché, déflation salariale, concurrence fiscale, ... etc), il y a un risque que les opinions publiques, révoltées par la longue agonie économique provoquée par cette union monétaire foireuse, jettent le bébé avec l'eau du bain. Et qu'on aboutisse à un marché-arrière toute : on retourne à une bonne union douanière, voire à une simple zone de libre échange avec facilités pour les visas de voyage d'affaires et de tourisme, comme les anglo-saxons l'ont toujours voulu.
Si l'euro disparaît, des échanges en seront compliqués, conséquemment freinés et les consommateurs les moins aisés des pays les moins performants en seront appauvris. D'un autre côté, comme ils seront payés dans leur monnaie de singe nationale, ils pourront moins comparer avec les salariés des pays économiquement plus vertueux.
Ça protégerait un "euro" que conserveraient les meilleurs élèves du libéralisme et mettrait la France ou la Grèce à leurs justes rangs économiques, qui s'en trouveront très dégradés.
De plus, personne ne prêtera d'argent à la France et à la Grèce, leurs rentes sociales s'en trouveront très réduites et ça rendrait justice à leurs agents économiques les plus méritants, qui s'exileront pour profiter de systèmes économiques plus vertueux ou affronteront politiquement les rentiers sociaux. L'euro ralentit tout cela.
Caesar Scipio a écrit:
Les économistes sérieux, aussi bien fédéralistes que souverainistes, aussi bien libéraux que régulateurs ou socialistes font tous ce raisonnement et ce constat. Les autres sont dans le déni de réalité ou tentent de noyer le poisson, ou tentent de faire peur en expliquant que défaire une union monétaire c'est un saut dans l'inconnu et cela va appauvrir les moins compétitifs (omettant ainsi de rappeler que tous les problèmes sont déjà là mais encore masqués par l'illusion monétaire).
"Y a qu'à" devenir compétitif.