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 Sujet du message: Re: Les États européens en marche vers l'instabilité chronique?
MessagePosté: Jeu 19 Déc 2019 15:14 
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Glucksmann pointe bien au delà de la perte des idéologies (ou du fait religieux) Il évoque une perte du collectif. L'individualisme triomphant, sans bruit.


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 Sujet du message: Re: Les États européens en marche vers l'instabilité chronique?
MessagePosté: Jeu 19 Déc 2019 15:19 
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Il serait bon d'analyser la naissance de cet individualisme qui me paraît du à de multiples causes.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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 Sujet du message: Re: Les États européens en marche vers l'instabilité chronique?
MessagePosté: Jeu 19 Déc 2019 15:24 
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Jean-Marc Labat a écrit:
Il serait bon d'analyser la naissance de cet individualisme qui me paraît du à de multiples causes.


Oui.

Mais lesquelles ?


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 Sujet du message: Re: Les États européens en marche vers l'instabilité chronique?
MessagePosté: Jeu 19 Déc 2019 16:50 
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Je pense, à tort ou à raison, que la télévision a joué un rôle important dans la rupture des liens sociaux, bien sûr, l'exode rural a joué un rôle, mais même si les liens sont plus forts en campagne qu'en grande ville, il me semble qu'ils sont moins importants que du temps où cet engin n'existait pas. Les récits des anciens que j'ai connu dans ma jeunesse, qui avaient vécu avant 14, ou des mes parents avant 39 sont très éclairants. La vie parisienne dans les années 50 et le début des années 60 était du même tonneau, les gens d'une rue se connaissaient, les hommes buvaient un coup au bistrot du coin, les femmes faisaient leurs courses et se retrouvaient chez les mêmes commerçants. C'était un autre monde.

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 Sujet du message: Re: Les États européens en marche vers l'instabilité chronique?
MessagePosté: Jeu 19 Déc 2019 18:03 
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Je suis d'accord avec cette vision. Dans le HLM de mon enfance, il y avait une vie collective.

Par exemple l'été, les mamans descendaient des chaises dans la cour et papotaient en tricotant, les filles les plus grandes (12 ans, à la louche, mais c'était des grandes) nous faisaient jouer : rondes, la balle au prisonnier - on fauchait évidemment des bouts de craie à l'école - et puis on allait s'entasser à 5 ou 6 dans une famille qui avait la télé, le jeudi, pour voir... Zorro ! :mrgreen:

Aucun doute, chacun sa télé et chacun chez soi, ça a accompagné un mouvement vers l'individualisme qui a mon avis aurait eu lieu de toutes façons. (Regarde les gens avec leurs portables dans les trains, c'est un cauchemar ! Dans les vieux trains à compartiments, parler à ses voisins provisoires était courant.)

Mais ne jetons pas la télé : Gilles Perrault raconte que dans son village du Cotentin, l'apparition de la télé a élargi le monde connu, limité jusque-là au canton, jusqu'aux dimensions de la planète. Alors que dans les fermes isolées perdues dans le bocage, on s'ennuyait ferme, et des suicides venaient parfois ponctuer ces huis-clos...


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 Sujet du message: Re: Les États européens en marche vers l'instabilité chronique?
MessagePosté: Jeu 19 Déc 2019 18:15 
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Il y a belle lurette que je n'ai plus la télé, 1978 pour être précis, je ne pense pas que ma vision du monde en ait été rétrécie :mrgreen:

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 Sujet du message: Re: Les États européens en marche vers l'instabilité chronique?
MessagePosté: Lun 23 Déc 2019 18:29 
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Je comprends très bien que la télévision ait conduit à un relâchement des liens de voisinage. Pourtant, comme la radio dès 1925, et même plus encore que la radio, elle a contribué à consolider (entre 1960 et 1990 en gros) le sentiment national. Je pense notamment à l'expansion de la langue nationale mais aussi à la diffusion de références culturelles communes malgré les différences religieuses, idéologiques ou sociales. Ce phenomène s'est certainement attenué (voire renversé) depuis les années 1990 avec la multiplication des chaines et l'apparition des "réseaux sociaux" .

Je note cependant qu'avant 1960 et la télévision, la conscience nationale et l'idée qu'entre concitoyens existaient des liens forts avait certainement été renforcée par des expériences communes parfois assez douloureuses telles que l'école obligatoire, le service militaire, la guerre, l'occupation étrangère, etc...toutes situations qui avaient conduit bien des paysans à aller voir au-delà des limites du canton.

Sans oublier que les chemins de fer et l'exode rural ont indirectement mis bien des familles en relation avec les grands centres urbains dès les années 1860.

Les éléments nouveaux depuis les années 1970 (date très approximative) me semblent être (en vrac et sans certitude de ma part) l'affaiblissement des sentiments d'appartenance collective : l'atténuation du sentiment national (pas toujours remplacé par le sentiment européen ou régional), la dissolution des liens religieux (sauf peut-être chez les musulmans ?), la fin de l'espérance révolutionnaire, l'appartenance assumée à une classe sociale ou à une profession héritée de son père et destinée à passer aux enfants (agriculture, artisanat ou petit commerce)... Bref plus de Patrie, plus d'Eglise, plus de Parti, plus de "classe" (sociale), plus de métier, ... qui étaient en fait largement imposés mais sécurisant et qui sont remplacés par des références mobiles et dont l'évolution est difficile à prévoir. Sources formidables d'opportunités pour les uns, facteurs d'anxiété pour les autres ...


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