Je suis d'accord avec cette vision. Dans le HLM de mon enfance, il y avait une vie collective.
Par exemple l'été, les mamans descendaient des chaises dans la cour et papotaient en tricotant, les filles les plus grandes (12 ans, à la louche, mais c'était des grandes) nous faisaient jouer : rondes, la balle au prisonnier - on fauchait évidemment des bouts de craie à l'école - et puis on allait s'entasser à 5 ou 6 dans une famille qui avait la télé, le jeudi, pour voir... Zorro !
Aucun doute, chacun sa télé et chacun chez soi, ça a accompagné un mouvement vers l'individualisme qui a mon avis aurait eu lieu de toutes façons. (Regarde les gens avec leurs portables dans les trains, c'est un cauchemar ! Dans les vieux trains à compartiments, parler à ses voisins provisoires était courant.)
Mais ne jetons pas la télé : Gilles Perrault raconte que dans son village du Cotentin, l'apparition de la télé a élargi le monde connu, limité jusque-là au canton, jusqu'aux dimensions de la planète. Alors que dans les fermes isolées perdues dans le bocage, on s'ennuyait ferme, et des suicides venaient parfois ponctuer ces huis-clos...