Le salon géopolitique de Passion-Histoire

Si j'ai bien lu les avant-projets, ce qui me semblait positif était une introduction timide de système mixte, dans lequel un petit pourcentage des élus est désigné à la proportionnelle. Pourquoi timide ? Car je connais bien le système c'est celui par lequel on élit en Allemagne les députés au Bundestag. Mais là, la moitié est élue au suffrage majoritaire à un tour et l'autre moitié à la proportionnelle. Cela semble présenter deux avantages : d'abord on a "son" représentant de circonscription, ensuite les partis ont leurs élus par la proportionnelle et ont ainsi droit au chapître dans les délibérations de l'assemblée. Cela donne une photo assez juste et honnête de l'électorat et évite ces majorités écrasantes que l'on connait, en France, sous la V° République, qui permettent certes de gouverner, mais laissent des pans entiers de l'électorat sans représentants.

Au plan national, il est probable que Sarkozy pense aussi à instituer en France une vie politique plus apaisée en faisant une part à la proportionnelle aux législatives à côté du scrutin uninominal, à la manière allemande mais différemment. Pas moitié-moitié à mon avis.
Pour le Conseil Général, aller à moitié-moitié tournele dos à 200 ans de pratique appréciée du conseiller général proche des gens dans son petit canton. On peut craindre une politisation accrue des débats qui n'existe que superficiellement dans près de la la moitié des départements, environ. Il y aurait alors en séance, des élus de grands cantons regroupant jusqu'à trois ou quatre cantons ruraux actuels, que la population ne verra pas en fait et des élus désignés par les partis et non réellement élus en réalité, amis ou remarqués des grands élus du département et des responsables des appareils.
Mais pas de doute, il n'est pas possible de conserver le système actuel de petits cantons de 1500 ou 2000 habitants à côté de cantons qui en font souvent 10.000 voire plus dans les villes.
Le Conseil Général est une institution usée, en bout de course, qui est devenue une collectivité inapte aux grandes décisions, chaque conseiller exigeant d'avoir autant de crédits et de moyens que ses voisins au point que partout les enveloppes de canton ont prospéré et que les présidents doivent trouver des compensations aux élus du groupe mécontents des décisions. Il règne dans les CG un esprit de jalousie épouvantable, chacun fait ses comptes. Le petit canton a rapetissé la vision de ces assemblées. Un nouveau système fera du bien et il sera possible de parler enfin de l'intérêt du département autrement qu'en discours. Mais on ne règlera pas le manque de ressources d'un grand nombre de Départements.
Il faudra encore d'autres réformes pour avancer pas à pas et finir par supprimer les petits départements comme dans le vieux projet de Michel Debré de 45 départements, si on ne se dirige pas in fine vers une fusion des structures départementales et régionales, au delà du mode de scrutin.
La vérité est que les Régions ont échoué et que les départements sont devenus trop petits et non viables pour un grand nombre.

bravo alain et faget pour ces commentaires détaillés. Moi de mon coté je pense que
A - le département est peut etre usé - mais la région est bien lointaine, bureaucratique (voire autocratique : je vis dans le langudoc roussillon (30) et freche c'est quelque chose)
B - dans le scrutin majoritaire ou proportionnel la question est pas uniquement celle de la majorite obtenue au final au sein du conseil mais la possibilite pour un electeur et un territoire d'avoir un representant bien identifié c'est ça comme le disent alain et aigle qui fait (ou faisait) la raison d'etre du canton et par contagion du conseil general.
C - c'est aussi le droit pour l'electeur de pas dependre des choix des partis à la difference des listes composées par et pour les apparatchiks !