pierma a écrit:
A noter que ce problème semble toucher davantage l'Europe de l'Ouest que les pays de l'Est.
En effet. Je crois que les États scandinaves commencent aussi à rencontrer des difficultés du fait de la montée de l'extrême droite. En revanche, la droite dure remporte sans trop de difficultés la majorité en Pologne ou en Hongrie. Mais je pense que les cultures politiques de ces pays post-communistes (que nous connaissons d'ailleurs très mal en France) sont encore très éloignées de celles de l'Europe occidentale.
Pour proposer une clef interprétative (qui vaut ce qu'elle vaut), je dirais que la France bénéficie de béquilles (voire d'un corset) qui empêchent le déchaînement de la tendance gauloise à la division et aux querelles stériles . Celles ci furent spectaculaires sous la IIIe et la IVe Républiques mais n'oublions pas que la monarchie parlementaire (1814-1848) fut aussi marquée par la fragilité des majorités et la multiplicité des dissolutions (dans un cadre non démocratique).
La Grand Bretagne n'avait pas de constitution mais un régime mi-législatif mi-coutumier qui reposait sur le lien entre la responsabilité du gouvernement et la dissolution : si le PM n'a plus l'appui de la majorité aux communes, il démissionne ou il dissout. La réforme de 2010 a détruit cet équilibre en subordonnant la dissolution à l'accord de l'opposition ...
Le régime allemand est mal connu en France où l.on croit faussement que la loi fondamentale de 1949 est un chef d'œuvre de démocratie rationnelle. Je ne le crois pas du tout. En particulier parce que le mode de scrutin, malgré son apparente complexité, se réduit en fait à une forme atypique de proportionnelle...ce qui était vraiment admirable, c'était la solidité du système partisan qui s'est fondé pendant des décennies sur la bipolarité CDU SPD . Tout cela reposait sans doute sur la culpabilité collective créée par Weimar et le national-socialisme. Il s'est évanoui et les négociations post électorales de ces dernières années donnent le sentiment que les calculs d'appareil l'emportent désormais sur la volonté du peuple.