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 Sujet du message: Re: Commission pour lutter contre la haine et désinformation
MessagePosté: Mer 23 Fév 2022 11:31 
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pierma a écrit:
Jean-Marc Labat a écrit:
Les charlatans ont toujours existé et il y a toujours eu des gogos pour y croire, [...]


Un point marqué par cet extrait d'un échange sur Instagram, je crois :
Rédacteur :"il y a heureusement de plus en plus de partisans de la Terre Plate, tout autour du globe !"
Commentaire qui suit :"Vous devriez relire lentement ce que vous venez d'écrire !" :mrgreen:
)


Vraiment un point révélateur si vous voulez mon avis: la plupart de ces gens n'ont pas une pensée de fond...

Ils ne font que répéter des postulats pour des raisons qui n'ont rien à voir avec ledit postulat. Les partisans de la Terre Plate n'en ont pas grand chose à faire je pense, de la terre Platte (à part quelques doux illuminés). Je pense que les complotistes de tous poil (sachant que ce mot a pris des connotations qui le rendent un peu inefficient: c'est devenu le nouveau point Godwin des discussions.... et il faut se rappeler que les complots, ça existe) n'en ont pas grand chose à faire des complots fantasmés sur le fond. Ce qui compte, c'est la posture que ça leur donne.

Je pense qu'il y a deux phénomènes qui expliquentcet attrait pour ce genre de thèses:

- l'un a à voir avec une colère sourde contre les institutions et les autorités. A force de prendre les gens pour des billes, en faisant l'inverse de ce qu'on promet dans les campagnes électorales (et j'ai pu lire quelque chose sur l'abstention dans ce sujet: faisons très attention à ne pas prendre l'abstention pour un désintérêt pour la politique ou pour le fonctionnement de l'Etat et de la société... ce serait la pire erreur), en créant une société de plus en plus inéquitable, où l'on prend à ceux qui n'ont pas grand choses pour donner à ceux qui ont déjà tout, où on dépouille le bien commun pour habiller des intérêts privés, au point où le système de santé n'est plus capable de faire face à la moindre crise (et on en appelle à la "citoyenneté" de chacun alors qu'on saque les services publics depuis des décennies), on a décrédibilisé les institutions. Et la science est associée dans la plupart des esprits aux institutions officielles (et c'est le cas: universités, organismes divers type CNRS...Etc). elles sont même perçues comme soutenant lesdites institutions, à travers son effet qui est le progrès technologique, et le discours très consensuel de beaucoup de scientifiques qui sont partie intégrante des rouages de ces institutions et ont une place à garder.

- L'autre est plus insidieux et est d'avantage social. Dans une société qui ne veut plus faire société, il ne faut pas s'étonner que de plus en plus de personnes se tournent vers des sociétés "alternatives", ou tout du moins qui prétendent l'être. Par "société qui ne veut plus faire société", j'entend une société très individualiste, où les communautés sociales (villageoises, ouvrières, professionnelles avec les salariés-klinex....etc.) ont été atomisées, les individus isolés. A l'heure d'Internet et des réseaux sociaux, on a jamais été aussi solitaires et livrés à soi-même. Et force est de constater que l'heure n'est pas à la solidarité, ni à l'égalité, ni à la fraternité. C'est l'heure du chacun pour soit.

A force de mettre la consommation de biens matériels et la compétition (professionnelle notamment) au centre de la société, on a créé une étrange société d'individus isolés. Hors nous sommes fondamentalement des animaux sociaux. On va donc chercher à "faire société" de nouveau comme on le peut, et notamment sur Internet. Et pour cela, on va chercher des critères d'appartenance à un milieu, à une communauté. Si on a pas les billes pour se rendre compte de leur vacuité, des thèses complotistes, qui donnent le sentiment d'appartenir à un groupe qui "sait", qui donne aussi des explications toutes faites sur le pourquoi du comment notre société est devenue aussi vide de tout ce qui fait normalement une société, et qui donne également le sentiment d'une solidarité, d'une complicité, voir d'une fraternité (souvent pour les groupes les plus radicaux, y compris beaucoup de groupes terroristes) que la société ne procure plus.

Pour reprendre l'exemple du Capitole aux EU, les défenseurs de Trump se retrouvent dans ce personnage qui a pour slogan "make America great again" qui est perçu comme un projet de société face au cynisme et à la "mollesse" de l'intelligencia habituelle en place. La plus grosse erreur serait de prendre tous ces gens pour des abrutis, de les mépriser, et d'ignorer ce besoin de faire société à nouveau (besoin qui va se réfugier dans des sphères idéologiques dont le projet de fond pourrait avoir des répercussions graves).


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 Sujet du message: Re: Commission pour lutter contre la haine et désinformation
MessagePosté: Mer 23 Fév 2022 17:31 
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Voilà une intervention très intéressante Brennus, merci.
Effectivement, ces deux pistes pour comprendre l'émergence de "nébuleuses" parallèles - souvent qualifiées de "complotistes" - peuvent constituer une clé de lecture pertinente.
Mais à vous suivre, nous pourrions alors penser que le "système" aurait donc intérêt à détruire une société organisée depuis des lustres, par la destruction des liens sociaux traditionnels - pourtant en profonde mutation depuis près d'un siècle.
D'une certaine manière, on pourrait comprendre qu'il se suiciderait en quelque sorte. Dans quel but ?

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


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 Sujet du message: Re: Commission pour lutter contre la haine et désinformation
MessagePosté: Mer 23 Fév 2022 17:45 
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L'effacement des partis traditionnels qui ont oublié de représenter les vrais gens au profit de vagues idées, qui ne savent plus leur parler, qui oublient leurs préoccupations quotidiennes ont fait beaucoup pour l'émergence de ces nébuleuses qui ne sont pas fédérées. On l'a bien vu lors de l'épisode des gilets jaunes où , au départ, de vraies problématiques des petites gens ont été posées, avec beaucoup de revendications différentes sans que les partis traditionnels, de gouvernement, se préoccupent d'entendre ce que disaient ses personnes. Il y a là un problème qui favorise l'abstention massive et le désintérêt pour le politique. Le fait d'interdire aux parlementaires de cumuler un poste de maire et de député ou de sénateur a éloigné les représentants nationaux de leurs mandants qu'ils connaissaient lors de leurs mandats municipaux. Ceux-ci ne sont plus que des personnalités hors sol, qui n'ont plus d'accès direct au terrain.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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 Sujet du message: Re: Commission pour lutter contre la haine et désinformation
MessagePosté: Jeu 24 Fév 2022 08:48 
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Le constat donné ci-dessus est répété pratiquement mot pour mot dans l'analyse de la société actuelle donnée par Raphaël Glucksman dans "les enfants du vide".

Il ajoute que "nous sommes tous des enfants de Mai 68" (entendre que les libertés et l'évolution des mentalités revendiquées à cette époque font maintenant partie du paysage quotidien et, par exemple, qu'ils semblent naturels à nos adolescents et jeunes adultes) mais qu'ils signent une société individualiste : chacun est libre et fait ce qui l'intéresse, sans cause collective à défendre ou conquérir, sans lieux de vie ou d'actions en commun.

Il ajoute qu'une partie de la société actuelle est "nomade" (entendre : prend l'avion pour le travail ou les vacances, se débrouille en anglais, trouve naturellement sa place dans la société) tandis qu'une autre fraction, de plus en plus grande, reste sur le bord ou exclue.
"Enfants du vide" parce que n'ayant plus de liens collectifs.

Enfin il dresse un constat inquiétant de la situation de son camp, la gauche, qui a oublié les ouvriers et les employés (sans parler des précaires ou des exclus) au profit de questions de société : le droit des LGBT, l'écologie urbaine, etc... (Passage que j'ai lu avec le plus grand plaisir : enfin un homme de gauche qui ne lui ménage pas ses critiques. Son analyse a été plus que confirmée depuis.)


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 Sujet du message: Re: Commission pour lutter contre la haine et désinformation
MessagePosté: Jeu 3 Mar 2022 17:42 
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Duc de Raguse a écrit:
D'une certaine manière, on pourrait comprendre qu'il se suiciderait en quelque sorte. Dans quel but ?


Que ce soit une volonté réelle ou un effet collatéral, je pense qu'il y aurait beaucoup à dire.

Néanmoins, par essence, le néo libéralisme nie l'existence même de la société qu'il ne voit que sous la forme d'une juxtaposition d'intérêts privés et des interactions entre eux.

C'est le point de vue d'une M Tatcher, de beaucoup d'idéologues et élus américains (après, il aurait énormément de nuances à apporter: Etat et société sont-ils confondus?), et d'un E Macron. Dans ce cadre, s'il n'y a pas de société, le pauvre l'est par sa faute, parce qu'il n'a pas pu faire fructifier ses intérêts (encore faut-il qu'il en ait à la base et qu'il ne soit pas de facto au service de ceux de quelqu'un d'autre... d'où le fait qu'il y a bien une société d'ailleurs, et que celle-ci a besoin d'être régulée pour être autre chose que la loi du plus fort... chose à laquelle le libéralisme et plus encore le néo libéralisme, comme leurs noms l'indiquent, s'opposent).

En outre, une société composée de masses jamais imaginées auparavant mais où le mot d'ordre est "be yourself" (sous entendu, ne pas supporter que la société vienne entraver ou orienter un "moi" fantasmé qui rejoint la vision néo libérale de ladite société) est une société qui en plus d'être assez bipolaire (puisque les individus n'ont jamais été à ce point "anonymisés" malgré cette injonction à être soi-même. Ils ne sont que des chiffres, des données statistiques sans individualité dans un immense rouage bureaucratique qui tente de faire vivre ces masses de façon à peu près cohérente. Il y a une dichotomie nette entre l'idéologie et les réalités et contingences matérielles... d'où aussi peut-être le malaise), convient parfaitement à son rôle dans l'ordre mondial: celui d'être les consommateurs des innombrables produits nécessaires à un monde basé sur une idée de croissance perpétuelle.

Et des millions d'individus isolés et centrés sur eux-mêmes sont bien moins efficients à porter leurs revendications sociales et politiques sur la place publique et à faire valoir leurs droits, et également à se faire représenter dans nos modèles politiques. C'est le dernier avatar du principe vieux comme la civilisation "diviser pour mieux régner". Le système néo libéral n'a donc aucun problème à supprimer la société (ou plutôt à en faire quelque chose de creux, de mécanique, de purement bureaucratique), c'est même son postulat de départ: la société ne serait que la résultante d'un ordre, d'un équilibre, entre ces fameux intérêts privés, pas une chose en soit.

Et cette valorisation extrême d'une individualité fantasmée (qui peut être d'ailleurs mortifère pour l'individu! On a jamais tant voulu correspondre à des canons, il y a là un paradoxe majeur: on nous enjoint à "être nous-même" mais en portant un conformisme exacerbé par les technologies de communications modernes comme jamais) dans une société où l'individu est pourtant perdu dans une masse énorme, et surtout reçoit en permanence des injonctions de ce qu'il doit penser, ce qu'il doit faire, comment il doit être, mène logiquement au développement de thèses dites "complotistes", et à des sphères idéologiques qui se posent comme alternative brutale et sans concession de ce modèle. Ne serait-ce que parce que dans cette société de personnes "qui doivent être elles-mêmes", et bien la pensée de n'importe qui acquiert autant de valeur qu'une autre. Le fantasme devient la réalité. La croyance devient l'évidence.

Pourtant la réalité factuelle, elle, est bien là (et la seule forme de pensée qui se préoccupe de cette réalité factuelle, c'est la science... ce qui ne veut pas dire qu'il ne nous faut pas des rêveurs et des artistes, loin de là... d'ailleurs la science nous montre que la "réalité factuelle", ou en tous cas le peu que l'on arrive à percevoir, est souvent bien plus perchée que nos rêves et nos fantasmes les plus extravagants), et ce phénomène risque de nous mener à des conséquences inquiétantes sur le long terme.

Et il n'y a rien de nouveau à cela. Par les inégalités que la société néo libérale moderne porte en elle par essence, elle crée une colère, qui se transforme en bouffées de violence et de haine qu'elle régurgite périodiquement... les idéologies totalitaires modernes, et les conflits mondiaux qu'elles provoquent, sont une conséquence de cette forme de société, non son opposé. C'est en tout cas comme cela que je l'analyse (et les populismes d'aujourd'hui participe pour moi du même phénomène que des idéologies comme le fascisme, le nazisme ou les idéologies totalitaro-communistes et leurs conséquences... ce sont nos sociétés libérales capitalistes qui portent en elle cette violence).


Dernière édition par Brennus le Jeu 3 Mar 2022 17:54, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Commission pour lutter contre la haine et désinformation
MessagePosté: Jeu 3 Mar 2022 17:48 
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pierma a écrit:
Le constat donné ci-dessus est répété pratiquement mot pour mot dans l'analyse de la société actuelle donnée par Raphaël Glucksman dans "les enfants du vide".


Intéressant, je regarderai cela de plus près (je ne connais pas vraiment ni le personnage, ni ses écrits).


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 Sujet du message: Re: Commission pour lutter contre la haine et désinformation
MessagePosté: Jeu 3 Mar 2022 17:58 
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Citation:
n a jamais été aussi solitaires et livrés à soi-même.


C'est encore pire dans les sociétés communistes construites sur l'opposition au libéralisme.
L'interdiction des syndicats et des associations y a fait des sociétés complètement atomisées.
Discutez donc avec des gens qui ont connu le communisme et qui connaissent maintenant le néolibéralisme, vous verrez ce qu'ils préfèrent !

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 Sujet du message: Re: Commission pour lutter contre la haine et désinformation
MessagePosté: Jeu 3 Mar 2022 21:21 
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Pouzet a écrit:
Citation:
n a jamais été aussi solitaires et livrés à soi-même.


C'est encore pire dans les sociétés communistes construites sur l'opposition au libéralisme.
L'interdiction des syndicats et des associations y a fait des sociétés complètement atomisées.
Discutez donc avec des gens qui ont connu le communisme et qui connaissent maintenant le néolibéralisme, vous verrez ce qu'ils préfèrent !


Alors je ne sais pas où vous avez été péché que je défendais les sociétés "communistes".

Je m'auto-cite:

"C'est en tout cas comme cela que je l'analyse (et les populismes d'aujourd'hui participent pour moi du même phénomène que des idéologies comme le fascisme, le nazisme ou les idéologies totalitaro-communistes et leurs conséquences... ce sont nos sociétés libérales capitalistes qui portent en elle cette violence)."

J'arguais justement sur le postulat que peut-être ces sociétés et régimes totalitaristes (pour moi les sociétés "communistes" participent du même phénomène que le fascisme ou le nazisme (attention je n'ai en rien dit là qu'on partait sur les mêmes bases idéologiques)) sont portées par la civilisation libérale occidentale (mais on pourrait étendre encore à bien plus loin dans l'Histoire, mais ce n'est pas le sujet)

Et j'ajouterai également que si on regarde les sociétés dites "communistes" telles qu'elles existent ou ont existé à travers le monde (URSS, Chine, Corée, Viet Nam, Cambodge, Cuba...), ce à quoi elles ressemblent est étrangement l'opposé exact de ce que postule le communisme sur le papier (société sans Etat, sans moyens de coercitions, avec une auto gestion, notamment au niveau des moyens de production, et des prises de décisions collégiale... on est quand même très loin d'un modèle d'Etat comme l'URSS et ses scories où on a un Etat central omnipotent qui planifie tout pour tout le monde en s'appuyant sur un système répressif extrêmement élaboré et une puissance militaire démesurée, le tout centré autour d'un culte de la personnalité autour d'un leader).

Après ce genre de grandes utopies (qu'on y adhère ou pas, ce sont des utopies) ne peuvent, à mon avis, être décorrélées de ce que leur tentative de mise en application a donné sur le terrain, confronté à la réalité factuelle que j'évoquais. Et le communisme s'est montré inapplicable, et a résulté sur de monstrueux régimes bouffis, atrocement bureaucratiques et répressifs, aux antipodes de ce vers quoi tendait l'idéologie. Ils n'ont d'ailleurs jamais, en rien, rompu avec les logiques de croissance, qu'elles soient économique, militaire, impériale, et plus globalement avec les logiques mécaniques qui nient autant les individus que les sociétés qu'ils composent, et qui sous tendent la civilisation moderne (et même oserait-je dire, la civilisation en général)....

Mais justement, ce délire utopique (qui avec un délire eschatologique "nous sommes menacés, on veut nous anéantir, il faut se défendre" est une des deux mamelles auxquelles se nourrissent tous les totalitarismes et leurs pires excès...) est selon mon opinion porté par les insatisfactions, frustrations, qui se muent avec le temps en colère (qui elle peut être légitime), puis en violence, en oubliant au passage que la fin ne justifie pas les moyens, mais que les moyens vident la fin de son sens...


Mais on s'écarte énormément du sujet de base.


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 Sujet du message: Re: Commission pour lutter contre la haine et désinformation
MessagePosté: Jeu 3 Mar 2022 21:50 
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Pour épiloguer et préciser mon propos:

Je ne sous entendais pas que du fait que nos sociétés soient atomisées, il fallait aller vers un collectivisme absolu. Considérer les indivudus, leurs conférer des libertés et des droits au-delà de la notion abstraite de société (et ses manifestations: Etats, Nations...etc) est à mon avis fondamental.

Mais le problème des sociétés libérales, ou des sociétés "communistes" (ou plus généralement totalitaires) est qu'elles se basent sur une aliénation de l'un par rapport à l'autre (entre l'individu et la notion abstraite de "société" au sens large (de la communauté en fait, que vous l'appeliez nation, peuple, famille, tribu, ou même une vision internationaliste ou universaliste....etc). Je pense qu'il y a un point d'équilibre à trouver entre le bien commun et les intérêts des individus qui devraient dans l'idéal concorder (ce devrait être le cas dans une société qui se veut équitable où les intérêts du groupe sont ceux des individus qui le composent), pour tendre vers une société harmonieuse qui contrôlerait de façon intrinsèque et implicite sa violence (et pas seulement physique, mais aussi sociale, politique, économique).

Il faudrait sortir de cette vision binaire des choses. La "réalité factuelle" que j'évoquais est extrêmement complexe, nuancée, diversifiée. La science nous montre que même dans les "lois" qui régissent de façon fondamentale le "réel" (ce que nous appelons ainsi en tous cas) nous laissent entrevoir un monde complexe qui ne peut pas être décrit par des concepts absolus et bien établis (je pense à toute la complexité que nous laisse entrevoir la mécanique quantique par exemple, ou la théorie de la relativité: le monde est complexe, il n'y a pas UNE vérité universelle et définitive). Et nous faisons systématiquement l'erreur de chercher des solutions "clef en main", donc radicales (et le modèle libéraliste actuel en fait partie), à des problèmes complexes dont les tenants et les aboutissants nous échappent en grande partie tellement ils sont fait d'une infinité de facteurs et de données.

D'où une inadéquation entre cette "réalité factuelle" et nos modes d'organisation politiques et sociaux, qui génère des bouffées de violence régulièrement, d'autant plus brutaux qu'ils ont couvé pendant longtemps, et l'émergence de ces "nébuleuses" idéologiques et dogmatiques qui n'ont pour objet que d'exprimer une colère plutôt que de proposer une réflexion de fond (abandonné face à la désillusion auxquels nos modèles aboutissent).

A mon avis en tous cas. En espérant que ces réflexions du soir ne sont pas trop décousues à la lecture.


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