Jean-Marc Labat a écrit:
On ne se rend compte que maintenant que c'était totalement idiot, mais il y a une vingtaine d'année, beaucoup de gens pensaient que la guerre froide était terminée et que la coopération avec la Russie était sur les rails et les Russes pensaient de même. Les deux pays auraient ils construit Nord Stream I si ce n'avait pas été le cas.
Je trouve qu'il y a là une grande part de naïveté. Que la Guerre Froide soit terminée est une chose, que les intérêts de l'Europe occidentale et de la Russie coïncident en est une autre. A quel moment a-t-on été certains de pouvoir parier sur une longue période de stabilité dans nos relations avec Poutine ? (Pour cela il aurait fallu déjà une entente stable entre Russes et Américains, ce qui aurait été possible, en gros à l'époque du 11 septembre, mais n'a pas eu lieu. Une erreur américaine, pour moi.)
Pas sectaire, les écolos allemands ? Non, ils voulaient juste la fin du nucléaire, quoi qu'il en coûte sur le plan stratégique. Or c'était donner à l'Allemagne le choix entre le pétrole et le gaz. (le constat que le solaire et l'éolien ne suffisent pas ne date pas d'aujourd'hui.)
Angela a fait le choix du gaz, moins polluant, et pourtant elle ne pouvait ignorer que c'était donner à Poutine la main sur la production électrique allemande. (Ce n'était pourtant pas faute d'avoir constaté que Poutine utilisait le prix du gaz comme une arme, notamment pour garantir la docilité ukrainienne. Comment ont-ils pu rêver qu'il se comporterait différemment en cas de crise avec l'Allemagne ?)
En fait Angela a dû affronter des Verts qui à peine arrachée la décision de fermeture des centrales nucléaires ont commencé dès le lendemain à protester contre le charbon qu'il avait fallu réactiver en urgence. Hors elle avait besoin de leurs voix. Le gaz est apparu comme la solution à la fois la plus rapide et la moins polluante. On a donc effacé toute réticence envers Poutine pour satisfaire cette équation à une seule solution.
Solution unique qui vient de leur claquer dans les mains, ce que je regarderais avec une certaine satisfaction si la situation économique de l'Europe de l'Ouest n'était pas en partie liée à la prospérité allemande.