Le salon géopolitique de Passion-Histoire

Je voudrais signaler cette initiative :

https://meta-defense.fr/2024/02/23/euro ... -msc-2024/

Je ne sais pas si l'Allemagne acceptera le lancement d'un emprunt pour la défense de l'Union...mais je note que la possible victoire de Trump et la pression russe à l'Est semblent ouvrir (enfin ...) la porte à un débat sur une défense de l'Union par les européens ...

Il aura fallu deux ans de guerre en Ukraine pour que certains yeux s'ouvrent...

Jusqu'à présent seul notre gouvernement en parlait (un peu...).

Mais le débat serait passionnant s'il avait lieu : la défense européenne étape vers une fédération ? Quelles relations avec l'Otan et les États-Unis ? Quid de l'arme atomique ?

Mmmoui... (pour paraphraser Jean-Marc )
Personnellement, je n'y crois pas : les situations économiques et politiques actuelles des principaux pays de l'UE ne sont pas favorables à ce genre d'investissement, d'autant qu'une puissance nucléaire, même modeste, fait déjà partie de cette organisation politique.
Nous sommes à l'heure de l'austérité et de l'inflation - en grande partie en raison des fameuses "sanctions" prises contre la Russie -, il me semble impossible d'augmenter ces financements de manière importante. Ces Etats, qui ont détricoté tous leurs services publics depuis plus de trente ans - dont le secteur de la défense - ne me semblent pas prêts à opérer un revirement d'une telle ampleur en peu de temps. D'ailleurs, dans le coup de rabot de cette semaine opéré sur le budget de 2024 en France, les 10 milliards d'économie n'épargnent pas le ministère de la défense, alors que quelques jours auparavant il a été promis à Zelensky plus d'armes et de formation.
Les actes ne correspondent une nouvelle fois pas aux discours.
Cela dit, l'idée n'est pas à écarter pour autant, mais certains nationalismes ne voudront jamais mettre en commun leur défense avec des voisins qu'ils regardent parfois encore comme des ennemis. La guerre en Ukraine l'illustre également : les partitions personnelles jouées à cette occasion par Varsovie, Budapest, Bucarest ou encore Prague ne permettent d'entrevoir une véritable "synergie" à cela. De plus leur tradition atlantiste leur fera toujours préférer Washington à Bruxelles. Cette UE ne me semble reposer que sur des fictions (d'un point de vue diplomatique et militaire) et une politique mercantile que tout le monde souhaite depuis les années 1950, mais pas grand chose de plus.

Lancer un emprunt européen pour acheter de l'armement américain en grande partie, voilà qui est cocasse. Donc, si un jour l'UE est en désaccord avec le les EU, ils leur suffira de bloquer les exportations de pièces détachées, et hop, plus d'armée européenne.

Une Europe de la défense ne peut se concevoir sans une industrie dédiée européenne. Tout le reste est du bla-bla. Ou l'Europe se veut indépendante et mène sa propre politique, ou elle ne sera pas. A mon avis, elle ne sera pas. Surtout à 27.

A mon avis l'Europe de la défense est morte avec la décision allemande d'acheter des F-35, après l'Angleterre, les pays-Bas et l'Italie. (Et l'Espagne, sauf erreur.) L'Allemagne restait seule en lice - et en discussion - pour donner un successeur au Rafale, programme trop cher pour que la France se lance seule.

C'est vrai que la question matérielle est majeure, je n'y avais pas pensé en ces termes et vous avez raison d'insister sur ce point.

En effet la question industrielle est centrale.

Cela dit, dans le contexte Ukrainien, Je trouve intéressant cet éditorial du Monde intéressant :


La tentation des Etats-Unis de ne plus soutenir Kiev dans le conflit qui l’oppose à la Russie constitue une menace pour le pays agressé. Et doit être un ultime signal d’alarme pour les Européens.


https://www.lemonde.fr/idees/article/20 ... 3232.html#

La France peut elle sérieusement envisager d'envoyer des troupes au sol ?

Emmanuel Macron a ouvert le débat.

Son ministre des armées a recentré l'idée sur une sorte d'assistance technique, reconnaissant les limites des Ukrainiens pour servir les armements hautement complexes qui arrivent de l'ouest...

Mais ce qui me frappe le plus c'est l'unanimité des pays de l'ouest pour condamner l'idée française. Bref l'Europe de la défense n'est pas encore née...et les alliés de l'Ukraine (en particulier les États-Unis) se sont quant à eux bien fixés une ligne rouge...pas sympa pour Zelenski en conclusion ?

Toute cette affaire illustre l'absence d'une colonne vertébrale diplomatique solide et saine au niveau de l'UE, mais aussi au niveau des Etats-membres qui la composent.
Non seulement le type a été d'une légèreté incroyable concernant les capacités de l'armée française - on ne lance pas une telle pierre dans la marre lorsqu'on est incapable de tenir un front de plus de 80 kms pendant à peine trois jours... -, mais en plus il nous a froissé avec l'Allemagne (et dans une moindre mesure les Etats-Unis).
La question est de savoir s'il est l'idiot utile en Europe, qui veut prendre les coups tout seul en n'ayant rien compris à ce qui se joue actuellement, ou bien s'il tente de remplacer les Etats-Unis - qui n'ont jamais joué le jeu à fond (du matériel oui, mais rien de plus), menant finalement une politique vexatoire pour les élites ukrainiennes pro-occident - sur le continent européen comme seule puissance nucléaire membre de l'UE ?
Posture totalement étrange au regard des capacités militaires des pays d'Europe occidentale en général et de la France en particulier. On ne réarme pas en trois mois...

Merci cher Duc.

Je partage votre analyse à 80%.

Je n'exclus cependant pas que le président français aient pris une très vive conscience de la carence de plus en plus visible du leadership américain...et en ait déduit que s'ouvrait une fenêtre de tir pour lancer une initiative européenne sous pilotage français !

Le brexit devait favoriser la chose puisque le cheval de Troie est sorti de l'union...

Pourtant subsiste un obstacle incontournable: si les Allemands ou les Italiens sont prêts à obéir aux États-Unis...ils ne sont absolument pas prêts d'accepter un leadership français !!!

D'un autre côté, la langue anglaise est restée la langue de l'UE... ce qui en dit long en matière de leadership.


Effectivement, ce qui ne doit pas être sans déplaire à Washington.
Empêcher tout vassal de prendre trop d'importance pour être bien certain de poursuivre l'hégémonie sur la partie occidentale et centrale du continent. D'un autre côté, depuis 2007, la France a capitulé en rase campagne dans sa politique de demeurer une puissance moyenne avec qui il faut compter.
Macron tente là de réveiller une comateuse... pratiquement morte.