Quand même !...
Moi, il y a quand même des choses qui m'étonnent, sur ce forum !
A partir de Maastricht, s'est développé dans le monde académique un débat sur "le déficit de démocratie" de l'Europe. Ce débat a évolué aujourd'hui vers "le déficit de légitimité" de l'Europe. Dans le petit monde des politistes spécialistes de l'UE, deux intervenants de poids ont fait sensation ces dernières années en proposant une argumentation
en faveur de la légitimité de l'UE.
Deux ! Dont l'un, Moravcsik, est américain et enseignant à Princeton, et le second, G. Majone, reste celui qui a théorisé par ailleurs le paradoxe de l'UE : Vus les critères d'adhésion à l'UE en matière d'institutions politiques, si l'UE présentait sa candidature, elle serait recalée. Mais Majone a développé l'idée d'un autre type de légitimité que la légitimité démocratique, une sorte de légitimité techniciste.
Il est
impossible, intellectuellement impossible, de qualifier l'Europe de démocratique ! Quelque soit la définition de la démocratie que vous choisissiez, même la définition la plus libérale ! La seule institution de l'UE qui dépende du suffrage, le Parlement, n'a même aucune initiative législative -et n'est que co-décisionnaire pour l'enregistrement des directives. Le reste est à l'avenant, je passe pour l'instant et répondrai à d'éventuelles questions. Encore, lorsque le Président de la Commission sera élu, oui, on pourra commencer à envisager la démocratisation de l'UE -si ça arrive un jour.
La légitimité "traditionnelle" de l'UE est une légitimité "indirecte", celle que rappelle Aigle : L'UE est légitimée par les Etats-membres. Mais une légitimité indirecte n'est pas une légitimité démocratique. Aujourd'hui, le débat accepte comme base l'idée que l'UE est un objet politique parfaitement innovant, qui ne peut être comparé à aucun autre ("The Beast" comme l'appelait un célèbre article), et échappe donc aux théories classiques. On parle de post-démocratie, ou de légitimité post-parlementaire ou d'autres choses en lien avec les "régimes hybrides" dont j'ai déjà parlé par ailleurs. Mais présenter l'UE comme un régime démocratique, non, ça, ce n'est vraiment pas sérieux !