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 Sujet du message: Re: La Turquie fait-elle partie de l'espace Européen ?
MessagePosté: Lun 13 Juil 2009 20:10 
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Mouais,
C'est bien une démocratie, à la lecture de votre dernier post, cher Tonnerre. Les tendances se dessinent, l'opinion évolue, il y a une vie politique. Que le "Père de la nation" soit de plus en plus égratiné, s'est logique. C'est le crépuscule du mythe, le temps où la place s'élargit pour d'autres. Il y a de grandes chances que la Turquie reconnaisse sa responsabilité dans le massacre arménien. Et oui, je dis "massacre" car ce terme n'existait pas en droit international. Si le lecteur fait de la surenchère morbide en terme de violence humaine, une priorité... Désolé de vous décevoir mais il s'agit d'un seul et même horrible crime.
La Turquie, je suis vraiment pour son adhésion au sein de l'Europe. Sur le plan géographique, la Turquie a sa place. Une grande partie de sa population est sur l'ouest du pays. Mais, cet argument ne fait pas assez mouche pour vous convaincre. Alors parlons stratégie, la Turquie est un partenaire économique de premier choix. Le coût de sa main d'oeuvre et sa situation géographique sont nécessaire à l'Europe pour limiter ses dépendances énergétiques ( Là on ne parle pas d'électricité à bicyclettes ) D'ailleurs, l'Europe vient de signer un accord pour la construction d'un gazoduc. C'est une façon de limiter la trop grande influence russe dans ce secteur. Demain, il est probable qu'une route de la soie revoit le jour. Dès lors, il faudra une frontière naturelle pour entrée un Europe, le Bosphore est tout choisi. Cette position géo-stratégique fait de la Turquie un pays idéalement située.
Parlons politique maintenant, ces atouts font de ce pays qui a une riche histoire européenne, un atout, un allié, un conccu
rent, un ennemi. C'est très mal shématisé, et pourtant si important. La Turquie est utile à de nombreuses analyses stratégiques aussi variées soient-elles, c'est à dire que la Turquie entre dans le champ de vision d'un grand nombre de rapaces. A mon avis, il est plusque souhaitable de mettre la Turquie sous l'aile européenne, c'est un soutien intelligent et utile aux valeurs de tolérance que l'Europe tend à incarner.
Conclusion, je suis pour l'entrée de la Turquie en Europe.

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 Sujet du message: Re: La Turquie fait-elle partie de l'espace Européen ?
MessagePosté: Lun 13 Juil 2009 22:20 
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En plus de ses déclarations, les informations biographiques disponibles sur Erdogan incitent à douter que la version de l'islam à laquelle il adhère soit effectivement modérée. Il est né dans une famille très modeste et traditionnaliste, a été élève dans une de ces écoles coraniques "imam hatip" destinées à former des imams dans lesquelles les familles religieuses traditionnalistes envoient leurs enfants, même si elles ne les destinent pas à l'imamat. Dès l'âge de douze ans, il a vendu des petits pains dans les rues pour subvenir aux besoins de sa famille. Islamiste dès l'adolescence (ses proches le surnommaient "Imam Beckenbauer" parce que son autre passion était le football), il a milité d'abord dans l'organisation de jeunesse MSP dans les 70s puis dans les rangs du parti islamiste "Refah" dans les années 80, avant sa dissolution dans les années 90.
Et surtout, il a fait de la prison (et a été déclaré inéligible) pour avoir lu publiquement un texte incitant à la haine religieuse affirmant que "nos minarets sont nos bayonettes, ...les mosquées nos casernes, les croyants nos soldats". IL se présente volontiers comme "serviteur de la charia" et sa femme Emine et ses filles portent le foulard: en fait, ces dernières ont été envoyées étudier dans une université américaine pour qu'elles puissent continuer à le porter (le foulard était interdit dans les universités turques jusqu'à ce qu'une loi passée par les islamistes l'autorise en 2008). Récemment, il a essayé de faire voter (à la grande horreur des politiciens qui soutiennent l'entrée de la Turquie dans l'UE) une loi punissant l'adultère de deux ans de prison. L'interdiction de l'alcool dans les cafés et les bâtiments publics d'Istamboul est une des premières mesures qu'il ait prise quand il a été élu maire de cette ville en 94.
Les habitants d'Istamboul lui reconnaissent d'ailleurs de bonnes capacités de gestionnaire urbain, et en particulier d'avoir fait en sorte que les divers services publics de la ville fonctionnent, en plus d'avoir pris un certain nombre de mesures sociales en faveur du petit peuple.
Il est très procédurier et poursuit systématiquement en justice les journalistes et journaux qui osent publier des caricatures de sa personne, même très bénignes. Le journal kémaliste "Cumhuriyet" en a fait l'expérience: pour avoir fait paraître une caricature le représentant en matou embrouillant une pelote de laine: il a été condamné à payer une amende de 40 000 Livres; plus de 70 actions en justice contre les medias ont ainsi été intentées par le Premier ministre. Comme Erdogan a été attaqué sur les mariages somptuaires de ses enfants et qu'il a fait l'objet d'enquêtes judiciaires pour enrichissement personnel, toute évocation d'une affaire de corruption avant que la justice ait tranché est désormais passible de quatre ans de prison. Une cinquantaine de journalistes politiquement incorrects et d'opposants au régime ont été arrêtés et sont gardés indéfiniment en "détention provisoire" sans qu'aucune charge n'ait été portée contre eux.
La pratique politique d'Erdogan s'éloigne donc sensiblement de la démocratie et on peut douter de son adhésion profonde à ce mode de gouvernement: le président de la fondation des Droits de l'homme, Yavuz Onen, le décrit comme "démocrate à Bruxelles, autoritaire en Turquie". Un diplomate dit de lui que c'est un "équilibriste qui sait parler ...religion dans les mosquées, kémalisme à Ankara, Europe à Bruxelles et sécurité à Washington".
Donc il cultive hors de son pays une façade démocratique car il s'est fixé pour but d'obtenir l'adhésion de la Turquie à l'UE et il a bien compris que cette adhésion ne pourra être acquise sans cette mise en scène démocratique.
Mieux encore, le processus d'adhésion de la Turquie à l'UE représente une véritable aubaine politique pour lui: l'UE a posé comme une des conditions à cette adhésion que soit réduit le rôle de l'armée dans la vie du pays; en donnant au premier ministre turc le mandat de rogner les ongles aux militaires turcs, ses pires ennemis et ultimes défenseurs du kemalisme, l'UE donne la main à Erdogan pour ouvrir un boulevard à l'islamisation du pays.
Ceci réduit à néant les arguments de ceux qui prétendent que l'entrée de la Turquie dans l'UE constituera en soi la meilleure protection contre la victoire de l'islam politique dans ce pays. Ces aimables naifs semblent avoir oublié que l'islamisme a DEJA gagné en Turquie, et que, selon une méthode éprouvée, Erdogan ne restera (un peu) démocratique qu'aussi longtemps que la démocratie servira ses projets. Ses adversaires lui reprochent d'avoir un "agenda caché"; et vu la façon dont il islamise lentement mais sûrement la société turque, on peut en effet se poser des questions.
Erdogan a parait-il, été très affecté par son séjour en prison pour incitation à la haine religieuse et par les dissolutions qui ont frappé les différents partis islamistes dans lesquels il a milité. Ces expériences lui ont fait comprendre qu'il ne doit pas s'attaquer ouvertement et frontalement à l'Etat et à l'armée; il a intégré qu'il fallait avancer masqué et a désormais mis en oeuvre une nouvelle tactique axée sur le respect apparent des formes démocratiques--mais lui-même a déclaré (en Turquie, pas à Bruxelles): "la démocratie n'est qu'un moyen, non une fin".
Il y a d'authentiques forces politiques démocratiques en Turquie, et l'UE doit faire le maximum pour les soutenir (et non les torpiller comme elle le fait maintenant en appuyant Erdogan dans son combat contre les garants de la laicité) mais ces forces sont en train de reculer devant la lente montée d'un islamisme qui contrôle maintenant presque tout l'appareil d'Etat, et dont le projet d'islamisation progressive de la société turque est désormais soutenu par plus de la moitié des électeurs (si l'on compte les petits partis islamistes).
La Turquie n'est pas en Europe de toute façon mais si ces forces démocratiques étaient au pouvoir, la question de l'entrée de la Turquie dans l'UE se poserait de façon complètement différente. Comment pouvons nous avoir l'arrogance et l'aveuglement de croire que nous serons assez forts pour protéger la Turquie d'une radicalisation islamiste en l'admettant parmi les nations membres de l'UE alors que nous ne sommes même pas capables d'endiguer les progrès de l'islam politique parmi les jeunes de nos cités?
En plus de mettre fin de toute possibilité d'intégration politique de l'Europe, l'admission dans l'UE d'un pays gouverné par des islamistes (pourquoi pas l'Iran tant qu'affaire?) représenterait une victoire historique pour l'islamisme.


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 Sujet du message: Re: La Turquie fait-elle partie de l'espace Européen ?
MessagePosté: Mer 15 Juil 2009 13:35 
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Citation:
En plus de ses déclarations, les informations biographiques disponibles sur Erdogan incitent à douter que la version de l'islam à laquelle il adhère soit effectivement modérée.


C'est comme la tendance droitière dans notre paysage politique, on doute également de la modération des agissements. C'est un homme politique qui fait carrière dans un mouvement politique où la religion est au centre de ses préoccupations.

Citation:
Et surtout, il a fait de la prison (et a été déclaré inéligible) pour avoir lu publiquement un texte incitant à la haine religieuse affirmant que "nos minarets sont nos bayonettes, ...les mosquées nos casernes, les croyants nos soldats".


Il a été trop loin dans ses propos, il en a été puni. Vais-je être le défenseur de cet homme pour le loisir de cette jouxte... Non. C'est des propos imagés, qui cultivent un sentiment de présence et tend à faire peur à son adversaire. Mais la religion en politique, il faut bien le reconnaître, c'est pas bon ménage. Qu'il en ait vécu une rancoeur pour en avoir perçu une disproportion de la peine alors qu'il n'y avait peut-être pas de méchanceté dans la tenue de ces propos... c'est possible. Il faudrait les replacer dans leur contexte.

Citation:
L'interdiction de l'alcool dans les cafés et les bâtiments publics d'Istamboul
il a essayé de faire voter (à la grande horreur des politiciens qui soutiennent l'entrée de la Turquie dans l'UE) une loi punissant l'adultère de deux ans de prison.


Ceux sont des choix politiques, il a été élu. C'est une orientation répressive avec une augmentation du nombre d'interdits. C'est très tendance, en ce moment, ce genre politique.

Citation:
Il est très procédurier et poursuit systématiquement en justice les journalistes et journaux qui osent publier des caricatures de sa personne, même très bénignes.


Dans la mesure où sur le plan pénal, il est dans son droit, je ne vois pas d'entorce à la démocratie. Après, d'un point de vue personnel, c'est dommage de ne pas laisser la presse s'exprimer librement. Mais bon, si le monsieur n'a pas les médias avec lui mais juste les votants, il faut bien qu'il se fasse respecter un minimum.

Citation:
toute évocation d'une affaire de corruption avant que la justice ait tranché est désormais passible de quatre ans de prison.


Là, je suis assez d'accord avec ce genre d'argument. Donc bon, je peux rien ajouter.

Citation:
Une cinquantaine de journalistes politiquement incorrects et d'opposants au régime ont été arrêtés et sont gardés indéfiniment en "détention provisoire" sans qu'aucune charge n'ait été portée contre eux.


Là, je suis vraiment choqué. Si vous pouviez donner vos sources. C'est inacceptable et il est nécessaire de nous éclaircir sur cette information.

Citation:
l'UE a posé comme une des conditions à cette adhésion que soit réduit le rôle de l'armée dans la vie du pays


Vous nous dîtes que l'UE aide monsieur Erdogan en posant cette condition. Et bien, c'est parce que le poids de l'armée était trop important dans ce pays que l'opposition s'est constitué avec force. Normalement, les équilibres politiques vont aller en s'améliorant et dissoudre cette forte tension. On verra, nul n'est prophète :mrgreen:

Citation:
Comment pouvons nous avoir l'arrogance et l'aveuglement de croire que nous serons assez forts pour protéger la Turquie d'une radicalisation islamiste en l'admettant parmi les nations membres de l'UE alors que nous ne sommes même pas capables d'endiguer les progrès de l'islam politique parmi les jeunes de nos cités?


Et finalement, vous me mettez l'islam au coeur de ce débat depuis le début. Vous avez peur d'eux ? Ils mangent, travaillent, dorment, boivent ... C'est des gens comme vous et moi. Quand vous dîtes fondamentalement dans vos premiers posts, c'est que vous êtes fondamentalement chrétien ? C'est ça que vous voulez dire. Et bah c'est bien pour vous, il y a également des gens qui se considèrent fondamentalement musulmans, et c'est bien pour eux aussi. Moi, c'est kif kif. C'est la MEME chose. Qu'on le veuille ou non, la démocratie s'est acceptée de vivre ensemble.

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 Sujet du message: Re: La Turquie fait-elle partie de l'espace Européen ?
MessagePosté: Mer 15 Juil 2009 13:49 
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je note au passage que l'Amérique avait prohibé l'alcool de 1920 à 1932... C'est donc la rasion pour laquelle les Usa ne peuvent adhérer à l'UE ;)


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 Sujet du message: Re: La Turquie fait-elle partie de l'espace Européen ?
MessagePosté: Mer 15 Juil 2009 14:06 
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Citation:
Et finalement, vous me mettez l'islam au coeur de ce débat depuis le début. Vous avez peur d'eux ? Ils mangent, travaillent, dorment, boivent ... C'est des gens comme vous et moi. Quand vous dîtes fondamentalement dans vos premiers posts, c'est que vous êtes fondamentalement chrétien ?

Absolument pas; je prends constamment soin (même dans des posts écrits rapidement) de distinguer clairement l'Islam et l'islamisme, qui est un détournement de l'islam à mes yeux (et pas seulement aux miens d'ailleurs). Si vous ne voyez aucune différence entre les deux, c'est grave, et sérieusement insultant pour l'islam.
Quant à être fondamentalement chrétien, autre effet du prisme déformant au travers duquel vous semblez parfois décoder ce que vous lisez, je suis radicalement athée et surtout fondamentalement vigilant envers les tendances aux dérives et empiètements politiques inhérentes aux réligions monothéistes quelles qu'elles soient.
Mon point de vue est le suivant: l'UE n'a pas à être un club chrétien mais c'est de facto et dans son principe même, un club de pays démocratiques. L'IslaMISME (et non l'Islam) ne permet pas, sauf temporairement et en façade , un authentique fonctionnement politique démocratique parce que la doctrine des islamistes est grosso modo que le pouvoir doit être détenu par les islamistes.
Et donc (on le voit bien en Iran), dès que les électeurs font seulement mine de vouloir se débarasser de leurs leaders ultra-religieux pour se tourner vers des leaders juste un peu moins religieux, le pouvoir islamiste recourt à la force et jette le masque démocratique. Quant à pouvoir revenir à une forme de gouvernement non religieux si les électeurs le veulent, c'est par définition impossible, puisque un tel gouvernement est une abomination aux yeux des islamistes.
L'islamisme implique donc nécessairement des régimes de type autoritaire; et c'est bien ce qu'est celui d'Erdogan, un islamiste pur jus, qui a milité dans des mouvements islamistes depuis son adolescence, et dont pratiquement tous les ministres viennent aussi de mouvements islamistes.
Le parti auquel il appartient (AKP) est un parti islamiste dont le programme est d'étendre l'application de la charia le plus largement possible dans la société turque, avec le soutien de plus de la moitié des électeurs.
Vu l'orientation clairement islamiste du gouvernement d'Erdogan et le soutien massif de sa population à cette idéologie politique, admettre la Turquie dans l'UE n'est pas très éloigné d' y admettre l'Iran ou l'Arabie saoudite.
Si ce pays était gouverné par des politiciens musulmans vraiment modérés, considérant que la religion appartient à la sphère privée et n'ayant pas pour ambition avouée de confondre charia et loi de l'Etat, cette demande d'adhésion aurait une signification complètement différente.
J'ai dit ailleurs que l'adhésion du Maroc m'inspirerait beaucoup moins d'inquiétudes: quoique les mouvements islamistes y minent la société civile, ils ne sont pas au pouvoir; différence de taille.


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 Sujet du message: Re: La Turquie fait-elle partie de l'espace Européen ?
MessagePosté: Jeu 16 Juil 2009 01:02 
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Bon, c'est un point de vue qui se défend et vous le faites bien. ;)
Personnellement, je n'aime pas le terme "islamisme" . C'est trop proche du terme "islam" pour en éviter les malencontreux contre-sens. Alors, faisons la suivante, est-ce que "christianisme" ce terme dérivé de chrétien, possède la même connotation ? A votre sens, je ne le pense pas. Au mien, qui s'est évanoui en quelques années... oui.
Bon, je reste encore une fois, croyant au bon fonctionnement de la démocratie turque dirigée par un mouvement politique religieux. J'espère qu'ils sauront préserver la République et montrer qu'il n'y a pas que la monarchie comme régime politique pour un pays à majorité musulmane. Ce n'est pas gagné, je vous l'accorde volontiers, puisque les pressions extérieurs doivent être colossales. Sachant que l'adhésion n'est pas pour demain, nous aurons tout le loisir d'en discuter. L'enjeu est de taille, c'est le rendez-vous d'une espérance qu'il ne faudrait pas manquer.

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 Sujet du message: Re: La Turquie fait-elle partie de l'espace Européen ?
MessagePosté: Jeu 16 Juil 2009 09:55 
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Merci de votre appréciation Méandre.

"Une cinquantaine de journalistes politiquement incorrects et d'opposants au régime ont été arrêtés et sont gardés indéfiniment en "détention provisoire" sans qu'aucune charge n'ait été portée contre eux. "
"Là, je suis vraiment choqué. Si vous pouviez donner vos sources. C'est inacceptable et il est nécessaire de nous éclaircir sur cette information."


Sur ce point, je fais référence à l'affaire "Deep State", qui a occupé les pages des journaux turcs pendant des semaines. A ma connaissance, il y a eu 86 personnes arrêtées dont plus de la moitié ne sont toujours pas passées en jugement selon des infos récentes; bien entendu, il y a aussi de nombreuses arrestations de kurdes soupçonnés (à tort ou à raison) d'appartenir au PKK. La détention "provisoire durable" , vous le savez, n'est hélas pas seulement le fait de pays comme la Turquie, voir Guantanamo.
Je vous donne donc pour information ces quelques liens (et extraits) parmi beaucoup d'autres:

D'abord, un extrait d'un des liens abordant les arrestations et détentions arbitraires d'opposants en Turquie (les soulignages sont de mon fait):
http://www.wsw.org/articles/2008/jul2008/turk-j07.shtml

" Some papers also pointed to the fact that some of those arrested have been detained for months without official charges. Yusuf Kanli of the Turkish Daily News asked, “What kind of a probe is this, that people are placed behind bars without a charge for so many months and a witch-hunt has been continuing for the past year, pro-government media and pen-slingers of the government have published glossy books about the activities of the ‘gang’ and even some of the alleged testimonies of the accused?”
Kanli also pointed to the fact that the latest arrests were timed to coincide with the court case against the AKP. The arrests took place just hours before the Supreme Court of Appeals’ chief prosecutor presented his oral arguments for banning the governing party. Kanli asked: “Is the prime minister the ‘spokesman’ of the prosecutor’s office regarding the ‘Ergenekon case’ or is there a ‘political connection’ aimed at taking ‘revenge’ for the closure case against the ruling AKP?”

Et un extrait d'un article paru dans le Wall Street Journal, et visible sur ce lien ci-dessous, qui liste certaines violations et abus antidémocratiques d'Erdogan et de l'AKP que je n'avais pas mentionnés dans mon premier post, et aussi le fait que l'AKP recevrait de l'argent de l'Arabie saoudite:
http://threatswatch.org/rapidrecon/2006 ... he-debate/

"The two sides of this debate were on feature in two recent op-eds in the Wall Street Journal. The first, Mr. Erdogan's Turkey, Michael Rubin, a Middle East scholar, argued that the AKP posed a threat to Turkish democracy, and was slyly and slowly but steadily eroding the country's independent institutions. Rubin argues:
...Over the party's four-year tenure, Mr. Erdogan has spoken of democracy, tolerance and liberalism, but waged a slow and steady assault on the system. He endorsed, for example, the dream of Turkey's secular elite to enter the European Union, but only to embrace reforms diluting the checks and balances of military constitutional enforcement...
The assault on the secular education system has been subtle but effective. Traditionally, students had three choices: enroll at religious academies (so-called Imam Hatips) and enter the clergy; learn a trade at vocational schools; or matriculate at secular high schools, attend university and pursue a career. Mr. Erdogan changed the system: By equating Imam Hatip degrees with high-school degrees, he enabled Islamist students to enter university and qualify for government jobs without ever mastering Western fundamentals. He also sought to bypass checks and balances. After the Higher Education Board composed of university rectors rejected his demands to make universities more welcoming of political Islam, the AKP-dominated parliament proposed to establish 15 new universities. While Mr. Erdogan told diplomats his goal was to promote education, Turkish academics say the move would enable him to handpick rectors and swamp the board with political henchmen...
Such tactics have become commonplace. At Mr. Erdogan's insistence and over the objections of many secularists, the AKP passed legislation to lower the mandatory retirement age of technocrats. This could mean replacement of nearly 4,000 out of 9,000 judges. Turks are suspicious that the AKP seeks to curtail judicial independence. In May 2005, AKP Parliamentary Speaker Bülent Arinç warned that the AKP might abolish the constitutional court if its judges continued to hamper its legislation. Mr. Erdogan's refusal to implement Supreme Court decisions levied against his government underline his contempt for rule of law. Last May, in the heat of the AKP's anti-judiciary rhetoric, an Islamist lawyer protesting the head scarf ban shouted "Allahu Akbar," opened fire in the Supreme Court and murdered a judge. Thousands attended his funeral, chanting pro-secular slogans. Mr. Erdogan was absent from the ceremony.
There have been other subtle changes. Mr. Erdogan has replaced nearly every member of the banking regulatory board with officials from the Islamic banking sector. Accusations of Saudi capital subsidizing AKP are rampant..."

Ces autres liens abordent la question des arrestations et détentions arbitraires et des abus anti-démocratiques de l'AKP:

http://www.isn.ethz.ch/isn/Current-Affa ... n&id=95834

http://news.bbc.co.uk/2/hi/europe/7816288.stm (sur le site de la BBC)

http://www.guardian.co.uk/commentisfree ... rkey.islam (celui-ci renvoie à un article du "Guardian", le quotidien britannique de gauche bien connu)

Sur la politique de terre brûlée menée dans la partie kurde de la Turquie et les nombreux villages kurdes qui auraient été brûlés par les forces gouvernementales; aussi sur les raids anti-kurdes réguliers des forces turques en Irak (autorisés par les US depuis 2007):

http://www.isn.ethz.ch/isn/Current-Affa ... n&id=94000

Et sur l'occupation de Chypre par l'armée turque:

http://www.mfa.gov.cy/mfa/mfa2006.nsf/c ... enDocument

Erdogan et son parti subissent une baisse de popularité récemment, pour deux raisons:
- la crise économique
- la dérive autoritaire de son régime, les Turcs, même ceux qui ont voté pour lui, commencent à se plaindre du resserrement de l'étau AKP autour de la société turque. Erdogan peut soit lâcher du lest, soit se radicaliser, un peu comme en Iran. C'est un homme beaucoup plus retors qu'Ahmadinejad, jusque là il a très bien compris quand il fallait reculer tactiquement et quand il pouvait se permettre d'avancer ses pions.


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 Sujet du message: Re: La Turquie fait-elle partie de l'espace Européen ?
MessagePosté: Ven 17 Juil 2009 18:37 
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Pierre Lellouche change son fusil d'épaule: ex-partisan de l'admission de la Turquie dans l'UE, il déclare maintenant "La Turquie avec l'Europe mais pas dans l'Europe".

http://www.lexpress.fr/actualite/politi ... 75026.html

Et dit que ce qui l'a refroidi, outre les questions du génocide arménien et de la situation avec Chypre, c'est le chantage religieux fait par Erdogan lors de la nomination de Rassmussen au poste de Secrétaire général de l'OTAN (déjà évoqué sur ce forum).


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 Sujet du message: Re: La Turquie fait-elle partie de l'espace Européen ?
MessagePosté: Mar 21 Juil 2009 14:11 
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J'ai mentionné plus haut l'arrestation et la détention prolongée de 86 opposants au régime islamiste d'Erdogan (affaire Deep State/Ergenekon). Ces détenus sont accusés de complot contre le régime.
Certains de ces prisonniers passent enfin en jugement actuellement. mais la presse française n'en parle pas. Voir extrait et lien ver le quotidien britannique "The Independent" ci-dessous:

"A lawyer for General Eruygur, the group's alleged leader, has described the charges against her client as "malicious lies". A secular opposition politician has compared the investigations to the 1979 Islamic Revolution in Iran.
Despite appearances, the investigation has been as much the result of co-operation between the military and the government as a clash: none of the officers charged with Ergenekon membership could have been arrested without the consent of the current chief of staff, Ilker Basbug.
Over the past month, however, that tacit entente has begun to crumble. At the end of June, after the publication of a document outlining another alleged military plot against the government, General Basbug complained of an "organised smear campaign" against the army. In another twist last week, pro-government newspapers claimed that members of a board responsible for appointing magistrates were trying to stifle ongoing investigations by removing prosecutors in charge of the Ergenekon case."

http://www.independent.co.uk/news/world ... 54412.html


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 Sujet du message: Re: La Turquie fait-elle partie de l'espace Européen ?
MessagePosté: Mar 11 Aoû 2009 12:59 
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Selon moi, il y a deux Turquie, une Turquie plus occidentalisée (l'Ouest de la Turquie, où la mentalité est plus ouverte, où on voit moins de femmes voilées) et lune Turquie tout à fait orientale et arriérée, l'Est de la Turquie.

L'argument géographique est ridicule, la Turquie est au Conseil de l'EUROPE ...

Le problème de l'adhésion russe est un faux problème puisque jamais Moscou ne demandera à adhérer à l'UE. :lol: L'UE, c'est l'Occident, et Moscou se pose en compétiteur de l'Occident ... l'adhésion à l'OTAN peut-être aussi ? :lol:

La Bosnie, l'Albanie et le Kosovo sont des pays européens (même si le statut du Kosovo n'est pas vraiment réglé). Ces pays sont laïques, et la population musulmane de ces pays est assez peu pratiquante (on voit par exemple rarement des femmes voilées mis à part les femmes âgées qui pour beaucoup portent un fichu). Précisons aussi que 30% de la population de l'Albanie est chrétienne, et n'a aucun problème de cohabitation avec la population musulmane (les mariages de femmes musulmanes avec des hommes chrétiens ne posent par exemple aucun problème). La Bosnie a une population qui à 55% est chrétienne !!


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