Aigle a écrit:
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Commentaire personnel : une fois l'espace de libre circulation des personnes, des biens des services et des capitaux achevé dans l'UE, il n'ya plus vraiment lieu d'approfondir l'union dans des matières inutiles voire dangereuses (car menaçant implicitement le lien conclu avec les Etats Unis). Serait-ce l'échec final (ou provisoire) des conceptions des années 50/60 - Monnet le fédéraliste et De Gaulle, partisan de l'Europe des Etats, se rejoignant dans la même défait? conséquence logique de la dilution de l'idéal européen dans un espace trop vaste associant des etats trop hétérogènes ? est-ce la mort -tant de fois annoncée - du couple franco-allemand, locomotive de l'UE ?
Bon je reviens à la question initiale que j'ai posée à un diplomate français en poste à Berlin - il m'a fait une réponse semi-humoristique en trois points : géographie, histoire et instruction civique.
la géographie en premier lieu conduit l'Allemagne à privilégier une perspective continentale de sa politique étrangère et de son commerce extérieur - d'où l'attention portée à la Russie. Mais cette vision est atténuée par les effets de la mondialisation (les marchés américains ou chinois sont aussi voire plus importants que la russie).
L'histoire en second lieu : les deux guerres mondiales ont fait comprendre très durement aux Allemands que les puissances maritimes étaient imbattables et que le rêve napoléonien d'une union continentale n'avait pas de sens (seule exception éventuelle : Adenauer qui a peut-être sincèrement cru à la vision "carolingienne" du général de Gaulle)...en outre la guerre germano soviétique de 1941 à 1945 suivie de l'occupation de l'Allemagne de l'Est ont créé des trauamatisme profonds dans les deux pays qui génèrent une forte méfiance ( des deux côtés) dans les relations germano-russes (toute réconciliation sur le modèle franco-allemand est exclue).
L'instruction civique enfin : l'Allemagne est désormais profondément démocratisée - les Allemands (et leurs dirigeants) se sentent à l'aise avec lesdémocraties occidentales et ressentent une forte méfiance à l'égard des tendances autoritaires de Poutine.
Autre remarque de mon interlocuteur : les Français ont toujours du mal à comprendre la culture fédérale allemande. Les politiques d'outre-Rhin sont habitués à des échanges très dures entre le "Bund" et les "Länder" (voire entre les "Länder" eux-mêmes). Ils n'hésitent pas à solliciter des arbitrages du tribunal constitutionnel.
Les Allemands se comportent de la même façon à Bruxelles : défendre les intérêts de l'Allmeagne ne signifie pas être eurosceptique. Pas plus que la Bavière n'est germanosceptique quand elle refuse de payer pour la Sarre ou la Ruhr ...