Le salon géopolitique de Passion-Histoire

Metternich a dit de la Suisse qu'elle était un volcan éteint, pensant probablement aux nombreuses guerres religieuses qui ont divisé ce pays et à une histoire pas si paisible qu'on peut le penser. Mais sa prédiction faisant craindre un réveil qui n'a pas eu lieu, passe pour l'une des prédictions erronées du grand diplomate. Il aurait aussi prédit la victoire de Napoléon en Russie.
Ce qui frappe dans ce pays, c'est un sens aigu de ses intérêts et sa réussite exceptionnelle dans tous les domaines en partant de sa déclaration de neutralité. Sur le plan économique et financier, quelle réussite: banques, alimentation, mécanique de précision, chimie ...
On avait oublié la sensibilité aux rivalités religieuses et voilà qu'un référendum de ce jour la rappelle ainsi que la méfiance des suisses envers certains étrangers non fortunés.
Comment expliquer que 57,5 % des Suisses aient refusé par référendum de continuer à autoriser la construction de minarets en annexe d'une mosquée. La surprise est générale mais les raisons ? Une crainte religieuse, ethnique , une Suisse inconnue ou inquiète ? un signal d' alerte isolé et qui n'aura pas forcément de lendemain ? Un signe au gouvernement ?

Les raisons sont sans doute les mêmes qu'ailleurs en Europe : un paysage culturel transformé sans que les citoyens n'ait le moindre contrôle sur ces transformations. Une amie qui connait bien ce pays me disait que les citoyens n'ont été consulté que parce que le gouvernement pensait que le vote serait favorable à ces constructions et qu'il espérait ainsi faire une sorte de coup d'éclat.

Les résultats sont à peu près les mêmes qu'avec le vote de 2005 chez nous où le pouvoir et les médias étaient unanimes mais que les citoyens n'ont pas suivi : la presse et la classe politique se déchainent pour expliquer aux Suisses qu'ils ont mal voté, qu'ils sont racistes, intolérants.

Les cantons germanophones ont dit oui à l'interdiction en majorité, les cantons francophones ont dit non.

Ce vote qu'on l'approuve ou pas va avoir un grand retentissement sur l'opinion publique en Europe. Il traduit effectivement un divorce entre une intelligentsia éclairée et internationale et un peuple inquiet de l'arrivée d'étrangers très différents. Ce qui est curieux est qu'il arrive en Suisse, pays d'économie internationale, réputé tolérant et ouvert.
Le ton outré de condamnation de la question posée par la presse locale et les sondages ont du agacer de nombreux suisses qui ont voulu donner une leçon à leur gouvernement jugé trop indifférent à leur avis. Le vote rappelle le référendum sur l' Europe mais aussi la non-sélection de Jospin au 1er tour de la présidentielle de 2002.
Il me semble qu'en France, toutes les mosquées n'ont pas un minaret car le minaret passe en EUrope pour un symbole de prosélytisme religieux. Rappelons nous que nos révolutionnaires abattaient les clochers dès 1789-90 et qu'en 1905 de nombreux maires laîques interdisaient les sonneries de cloches, le signe extérieur de l'appel à la messe et à la prière. Les églises modernes en France n'ont d'ailleurs pas de clocher le plus souvent d'après celles que j'ai pu voir en région parisienne. Rien de grave donc sur le fond s'il n'y a pas de minaret.
Les suisses cultivés ont du lire qu'en pays d' islam, il était interdit depuis le VII è siècle d'édifier des églises neuves et de réparer les anciennes. L'occident représente donc une plus grande tolérance qu'il faut conserver je pense mais encadrer par des règles évitant des troubles à l'ordre public qui risquent de se développer. Le vote suisse est un signal qui doit servir à réfléchir avec calme sur le sujet en conciliant liberté et ordre public.

Je ne suis pas certain que ce soit seulement un signal envers les immigrés mais plus envers le rapport de tolérance islam / christianisme. Patrick Lozes du CRAN (organisation communautariste noire française), pourtant représentant de personnes d'origines immigrées ou immigrées, dit lui-même que c'est le symbolisme placé dans ce vote par les islamistes radicaux qui a pu encourager les Suisses à voter pour l'interdiction.



Ouais, les ploucs suisses ne comprennent pas les bienfaits d'une résidence secondaire à Marrakech, ces sales racistes.

On peut supposer qu'un tel référendum organisé en France aurait eu les mêmes résultats.
L'islam intégriste commence à semer ce qu'il a récolté: un immense ras-le-bol par rapport à l'islam dans son ensemble, vu comme causant terrorisme, perturbations et discorde sociale partout où il s'implante, réaction amalgamant les musulmans modérés avec les extrémistes, ce qui est parfaitement injuste mais humainement peu évitable.
Autour de moi, des gens qui étaient libéraux et sur les positions de la gauche sur l'islam sont en train de virer de bord, suite à des déclencheurs individuels, des abus qu'ils ont constaté eux-mêmes de visu (médecins et infirmières insultés dans des hopitaux par des musulmans refusant l'intervention de médecins hommes sur leur femme, professeurs de lycée pris à partie par des élèves parce qu'ils enseignent des notions soi-disant contraires à l'islam, déprédations et agressions lors des manifestations après le match Algérie-Egypte etc)
Un mauvais climat est en train de s'installer, le mécontentement des populations nié par la gauche pendant trente ans commence à bouillonner dans les profondeurs du pays, mais les élites impavides continuent toujours à tenir le même discours de dénégation, d'intimidation moralisatrice et d'accusation de populisme envers les catégories qui dénoncent les atteintes croissantes à la laicité et aux droits des femmes dus à l'islam intégriste en Europe (voir Libé d'aujourd'hui).
Et paradoxalement, c'est la gauche (PS et extrême gauche) et plus encore les écolos (qui vont demander l'annulation du vote suisse auprès de la Cour des Droits de l'homme de Strasbourg) qui retournent leur veste et apparaissent maintenant comme les principaux ennemis d'idéaux progressistes pour lesquels ils se sont battus pendant des décennies (pour la gauche), comme la laicité et l'égalité des sexes.
Le PS continue à penser comme si on était encore dans les 70s et montre à quel point il se révèle incapable de réagir aux bouleversements de la globalisation autrement que par le déni; je doute que ce rôle ingrat d'alliés objectifs (et idiots utiles) de l'islam intégriste endossé par ce parti et par les écolos leur profite électoralement--Sarkozy en difficulté doit de nouveau se frotter les mains.

Cette histoire des minarets est la goute d'eau qui a fait déborder le vase. Il faut voir ce que les indigènes européens, que nous sommes, ont subi depuis qq années de la part de population venues sur nos terres pour des raisons économiques (pour elles cherchant un travail, comme pour nous trouvant une main-d'oeuvre exploitable).
Il y a eu d'abord, l'interdiction du porc (qui est la base de l'alimentation carnée des Européens depuis des siècles) dans la restauration collective. Maintenant, on passe à la vitesse supérieure, il faut que la viande servie ait subie l'abattage hallal.Il ya eu la prolifération toute récente du voile islamique, relayé à présent par la burka. Ces deux attributs étant une sorte de défit pour marquer nos rues en plantant une sorte de drapeau. On pourrait évoquer les affaires où la police se voit reprocher de faire des arrestations en période de Ramadan. sans compter les atteintes aux lois françaises concernant la polygamie ou le statut de la femme. Dans le milieu scolaire, les comédies pour les cours de biologies ou bien les séances de piscine ou de sport. Avez-vous vu un seul instant des troubles comparables venant de la part des juifs ou des boudhistes ? Non, bien sûr. Alors il arrive un moment ou le citoyen de base en a marre de cette invasion culturelle rampante.

Mouais... C'est un peu rapide tout ça comme analyse et ça n'a pas grand chose à voir avec cette histoire ridicule de minarets: il y en a 4 en Suisse, 10 en France. Jusqu'à présent ils ne gênaient personne. Mais l'extrème-droite ayant désormais réussi à désenclaver son discours, ça gêne tout le monde brusquement?
Allons au bout: en France, on trouve beaucoup de pizzerias et de marchands de pâtes: je dénonce l'invasion rampante des italiens!
Il y a beaucoup de kebabs, renvoyons donc ces sales Turcs qui nous envahissent avec leur culture!
Les Juifs sont trop nombreux dans les hautes sphères, ils minent insidieusement notre belle identité...

Etc, etc... On commence par les uns, on finit par tout ce qui ne correspond pas à un critère bien net. Mais je suis d'accord avec l'ensemble des remarques au final: nous aurions moins de problèmes si à la base nous avions traité tout le monde de la même façon: pas de privilèges (boustiffaille hallal, voile, etc) mais pas de discriminations (emploi, logement, etc). C'est notre société qui déconne toute entière.


Au fait Faget, ça vous fait quoi d'être un sale envahisseur français en pleine Allemagne?

Alfred, vous vous plantez bêtement, ce qui m'étonne de vous Je respecte scrupuleusement les us, coutumes et lois de mon pays d'accueil et mes voisins n'ont qu'à se féliciter de mon comportement exemplaire. Cela change un peu avec les populations qui semblent émouvoir votre sensibilité.

Il est curieux de constater que les cantons romands ont voté pour l'autorisation alors que les cantons alémaniques s'y sont opposés.

De toutes façons, il suffit de fréquenter un bistrot pour savoir qu'un vote de cette nature aurait eu le même résultat chez nous.

Toutes les raisons qui ont été données par les différents intervenants sont justes, et le discours des élites parait entièrement décalé par rapport au ressenti du pékin de base.

Et le pékin de base, il vient tous les jours dans mon échoppe, et il est inquiet, très inquiet.

Et comme toujours dans ce genre de circonstances, la voix des appeasers se fait entendre: "il ne fallait pas voter contre l'interdiction des minarets, cela va nous attirer des attentats fondamentalistes".
Sans vouloir voir que si une certaine frange religieuse réagit à une restriction mineure comme le fait de ne pas avoir de minarets (beaucoup de mosquées n'en ont pas) par des actes de terrorisme, cela prouve que cette frange religieuse est extrêmement dangereuse et constitue une menace très grave pour nos sociétés.
Or quand on écoute ces appeasers, on a l'impression qu'ils stigmatisent davantage le vote suisse que ce recours à la violence terroriste.