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Bref, leur relation semblait à l'image du couple franco-allemand. Depuis le début de la crise, pas une semaine sans une réunion de crise (justement). Et au début ou à l'issue de ses réunions, dans chaque photo, nous voyons Angela Merkel et Nicolas >Sarkosy cote à cote, se parlant, souriants ensemble parfois et surtout pratiquement toujours parfaitement en accord sur les solutions à apporter.
Sauf que plusieurs mags du jeudi révèlent que sous cette harmonie de façade, Sarkozy est extrêmement mécontent de l'attitude têtue, perso et peu communautaire de Merkel depuis le début des discussions intereuropéennes suite à la crise et s'est lancé en privé dans des tirades colorées et sans ambiguité à ce sujet. Merkel pourrait être en train de rejoindre Trichet et Junker dans la liste des bêtes noires européennes du Président.
La France et l'Allemagne doivent s'entendre, c'est une obligation, sinon il n'y a plus d'Europe. Mais je doute fort que les deux chefs d'Etat soient très satisfaits l'un de l'autre en ce moment.
Et je pense que la crise pourrait avoir une certaine influence sur la question de l'adhésion de la Turquie; elle met en évidence le fait que l'UE a besoin d'une direction politique forte, menée par une sorte de directoire formé d'un nombre limité de chefs d'Etat, de grands Etats de préférence, ou au moins d'"anciens" de l'UE.
C'est un tel directoire qui s'est constitué spontanément et empiriquement dans une situation d'urgence, et qui a apporté des solutions adéquates et plutôt rapides à la crise financière. Si on avait compté sur les structures formelles de l'UE pour trouver des solutions, on aurait pu attendre longtemps.
Cette crise met en évidence que, sans leadership politique unifié, l'UE est non seulement vouée à une relative impuissance politique sur la scène internationale mais qu'elle est aussi placée en position de faiblesse dans les remous suscités par les mouvements économiques internationaux, globalisation, etc.
Ce qui protège l'Europe en dernier recours, on le voit maintenant, c'est le politique, et l'Europe à 27, avec ses structures actuelles "égalitaristes" et diluées, ses blocages décisionnels--la présidence tournante par exemple-- ne peut assumer cette protection, sauf si l'on bypasse les institutions existantes, comme viennent de le faire Sarkozy, Brown et Merkel.
Dans la mesure où cette crise marque le retour du politique et où un nouvel élargissement à un pays aussi démographiquement important et grevé d'autant de casseroles et d'incertitudes que la Turquie ne pourrait que bloquer tout progrès vers la construction de structures politiques un peu plus opérationnelles, je pense que cette crise pourrait au moins retarder cette adhésion.