Le salon géopolitique de Passion-Histoire

Voici un dossier très complet sur la question. Les prêts gigantesques de la Bundesbank aux banques centrales des pays en détresse de la zone euro - Eric Dor

On y voit qu'en octobre 2011, il y avait 4 Banques centrales qui étaient créditrices dans la zone euro. La Banque de France était débitrice de 35 milliards d'euros (ce qui est très peu face aux débits d'autres pays). L’Italie serait devenue créditrice en novembre 2011 (! ). Les 3 pays qui ont le plus de dettes en octobre 2011 sont : l'Irlande (118 milliards d'euros), l'Espagne (110 milliards d'euros) et la Grèce (101 milliards d'euros). Mais, l'Irlande était clairement dans une logique de diminution de sa dette et au rythme où celle-ci baissait à l'époque, il est possible qu'elle soit sous la barre des 100 milliards d'euros. Tandis que les dettes espagnoles et grecques n'auraient pas baissé.

En fait, nous sommes condamnés à assainir la situation avant d'exclure l'un de ces pays de la zone euro. C'est peut-être pour cela que le ministre allemand de l'économie parle d'une crise qui va durer 2 ans.

Mmoui, j'avais lu la chronique de Herlin qui ne m'avait pas convaincu. Qu'il y ait des pertes, c'est certain dans le cas d'une sortie de la Grèce, c'est inévitable. Qu'elles soient de 100 % me parait douteux. Ce sera bien plus douloureux pour les Grecs que pour les Allemands, même si la pilule est amère. Le plus gros risque est une faillite pure et simple de la BCE qui s'est gorgée d'emprunts grecs et autres remis en gage pour les prêts aux banques des 1000 milliards d'euros. Les Etats devront recapitaliser, et l'Allemagne est pour 19 % dans le capital de la BCE, la France pour 14 %.

Le jour où une réunion des chefs d'Etat et de gouvernement se tient à Bruxelles, l'Allemagne se paye le luxe d'emprunter à 0 % sur deux ans, histoire d'envoyer un message aux autres participants qui veulent l'entraîner dans la création d'eurobonds, ce qu'elle ne peut pas faire en vertu d'une décision de la cour constitutionnelle de Karlsruhe, sauf à faire voter les chambres à chaque émission.

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012 ... x-zero.php

Ce qui laisse songeur sur la puissance d'analyse des gérants de fonds et d'investisseurs institutionnels.

S'ils prêtent à zéro, ça veut dire qu'ils perdent 2% par an rien qu'avec l'inflation.

Certes, tout le monde à bien compris qu'ils font le pari de faire la culbute si l'euro éclaté et si une sorte de deutsche mark est rétabli, parce que ledit DM s'envolerait sur le marche des changes par rapport à toutes les,autres monnaies, européennes ou extra-européennes.

Tout ça est néanmoins stupide car il a été estime que si jamais l'Allemagne rétablissait son cher DM, ses entreprises seraient étouffées et le PIB allemand reculerait de 25% !

Pas besoin de vous faire un dessin sur la capacité de l'Allemagne à honorer ses dettes si son économie s'effondre.

Pas forcément. Il semblerait qu'il y a pas mal de liquidités disponibles en ce moment. Or, les laisser dormir et effectivement, on perd 2% par an à cause de l'inflation. Faire un mauvais placement, c'est encore pire. On peut perdre environ 20% en 3 jours pour avoir cru que les amis virtuels pouvaient rapporter gros (alors que de nombreux analystes commencent à dénoncer une bulle spéculative dans le numérique ... sans compter la bulle chinoise ....). Bref, placer en bons du trésors allemands à 0% sur 2 ans, ce n'est peut-être pas une aussi mauvaise affaire que cela.

Oui, mais ça n'est un choix pertinent que si l'euro éclate. Mieux vaut prêter à 3% à des pays encore sûrs (la France entre autres) qu'à 0% à l'Allemagne.

Oui, mais vaut mieux prêter à qui demande de l'argent quand il le demande. En fait, il semblerait que les capacités financières de certains investisseurs dépassent les possibilités offertes par les marchés. Ce qui entraine une hausse des matières premières, une hausse sur le marché de l'art et des bulles financières un peu partout dans le monde.

Ce qui m'embête le plus, c'est que cet argent ne sert à rien. Il ne s'investit pas dans des projets productifs ou de recherche, seuls capables d'assurer des emplois. Il sert à payer des danseuses dans le cas des Etats impécunieux, et les danseuses, c'est bien joli, à condition de ne pas se ruiner pour elles.

Disons plutôt qu'il ne sert qu'à refinancer une dette résultant pour l'essentiel de dépenses peu productives. Mais en même temps, si on bloque le nécessaire refinancement de la dette, on provoque non seulement une crise façon Grèce ou Argentine et plus vraisemblablement une déflation mondiale.

Enfin, le problème c'est celui des fuites dans une économie ouverte ... d'un seul côté. Quand bien même les eurobonds ou project bonds ne serviraient qu'à financer des investissements en Europe, quelle part de ces investissements feraient bosser nos entreprises ? Ca fait 5 ans qu'on sait qu'il faut éviter de trop stimuler le BTP. Alors si l'effet de ces emprunts européens est de stimuler les importations en provenance de pays extra-européens, ça ne sert à rien.

Cet aveuglement français - j'imagine que c'est une déformation tenant au poids de nos inspecteurs des finances - à rechercher la martingale du côté de l'ingénierie financière (quoiqu'en cela, on ressemble assez aux docteurs Folamour anglo-saxons qui, eux, ne sont juste pas passés par une administration dirigiste) prêterait à rire si la situation n'était grave. Ils continuent à appuyer sur le même bouton et à vouloir empiler les dettes sur les dettes en espérant qu'elles déclencheront le multiplicateur keynésien, alors que depuis 20 ans l'effet multiplicateur est quasiment nul, quasiment tout partant en importations.

A contrario, si on agit sur l'économie réelle qui est la vraie source du problème, c'est-à-dire en rétablissant d'abord la préférence communautaire qui était l'idée de départ du marché commun, pour rétablir ce que les hypocrites appellent la "réciprocité" en politiquement correct, on met fin au problème des fuites extérieures.
Cela ne suffira cependant pas et il faudra bien éviter les dumpings à l'intérieur de la zone euro ou, à défaut, les compenser par des transferts budgétaires massifs entre Etats tirant l'essentiel des bénéfices de l'unification économique européenne et Etats n'en profitant pas mais y perdant.

Les tranferts budgétaires supposent le fédéralisme.