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Ils se pensent optimistes parce qu'ils croient que les problèmes disparaitront avec la croissance. Dans l'absolu, ils n'ont pas tort. Que vienne une bonne croissance et la dette se dégonflera mécaniquement pour rejoindre un niveau plus raisonnable. Mais justement, la croissance n'est pas en vue et les plus optimistes des analystes la voient pour 2013.
En gros, oui, les spéculateurs parient sur la mutualisation de la dette, mais c'est un pari à court terme-comme toujours chez eux.
Mutualiser la dette grecque sur des pays à peine moins endettés et dont les espoirs de croissance ne sont basés sur aucune donnée économique concrète revient à espérer un miracle, le retour de la croissance jouant à peu près le même rôle dans l'idéologie économique libérale-européenne que le retour du messie dans la religion catholique.
Car cette croissance qu'on invoque partout, à droite comme à gauche, par quels secteurs économiques sera t'elle produite? Peut il y avoir une croissance significative dans un pays qui a accepté passivement, sur la base des directives libérales européennes, le démantelement par délocalisation de son secteur industriel et qui n'a pas dégagé de surplus commerciaux depuis des lustres?
Pour parler brutalement, la France n'a plus grand chose à vendre, et une croissance susceptible de créer des jobs et des rentrées fiscales ne se construit pas sur les services.
Ce que les optimistes dont vous parlez ne comprennent pas, c'est que cette crise n'est pas une de ces grandes crises cycliques typiques qui jalonnent l'histoire du capitalisme occidental et dont celui-ci sort élagué de ses branches mortes et régénéré.
Prisonniers de ces schémas purement cycliques, ils espèrent qu'après la crise, tout rentrera dans l'ordre et que les choses redeviendront à peu près comme avant.
Cela ne se produira pas, car cette crise est en fait une étape décisive dans un processus de mutation qualitative, une soudaine accélération dans le processus à long terme du déclin économique des pays occidentaux au profit des pays émergents.
En conséquence, la croissance en Europe (sauf peut être en Allemagne, pays industriel/exportateur), restera faible, et ne permettra en aucun cas de maintenir la dépense publique aux niveaux antérieurs.