Le salon géopolitique de Passion-Histoire

Je trouve ceci sur le site "meretmarine"; Un extrait :

"La consolidation de l'industrie navale de défense en Europe semble toujours au coeur des préoccupations françaises. Mais ce rapprochement, présenté de longue date à Paris comme le seul pouvant, à long terme, permettre à l'Europe de résister à la concurrence internationale, est toujours au point mort. Plutôt que d'engager immédiatement un rapprochement capitalistique, ce qui est apparu trop complexe politiquement et socialement, on prône depuis plusieurs années, chez DCNS, le rapprochement par les projets. ...

Cela permettrait de nouer des liens entre les équipes et mutualiser les énormes coûts de développement nécessaires. Après l'expérience franco-italienne sur les frégates (Horizon puis FREMM), la volonté de l'industriel tricolore vise, en premier lieu, l'Allemand TKMS et, plus particulièrement, le domaine des sous-marins.

Alors qu'un niveau industriel, la proposition française n'a semble-t-il pas encore trouvé d'échos outre-Rhin, Nicolas Sarkozy a voulu lui donner une nouvelle impulsion politique. « Nous pourrions développer la nouvelle génération de sous-marins ensemble. Nous sommes ouverts à la collaboration. Car, plus on sera unis, plus on sera forts et plus on aura accès à d'autres marchés », a déclaré aux personnels de DCNS le chef de l'Etat, lors de sa visite mardi dernier à Lorient. Reste maintenant si cette position fera réagir Berlin, ce qui est loin d'être évident."

Il est clair que depuis les années 1960 l'Allamgne a reconstruit une excellente industrie navale (notamment pour les SM). Reste à savoir quelle coopération est envisageable alors que je vois deux divergences majeures : d'une part notre marine nationale a opté pour le "tout nucléaire" depuis 10 ans et d'autre part les Allemands ont développpé la technologie de la pile à combustible pour leurs submersibles - tandis que DCN à choisi une autre formule (le MESMA)...

Probablement pour prolonger l'agonie de la DCN.

En fait, dans de nombreux secteurs, pour rester à la pointe, il faut beaucoup investir dans la R&D. Or, ces investissements coûtent chers et ne permettent un retour sur investissement que dans de longues années. Mais, ces investissements fragilisent aussi les entreprises qui les font, tandis qu'une part de leurs concurrents peuvent se permettre d'attendre et de copier les solutions, ou du moins de faire des recherches plus simples et moins chers puisqu'ils sauront déjà dans quelle voie il faut chercher.

Actuellement, de nombreux industriels se regroupent, en grande partie pour supporter ensemble les coûts de cette R&D. Dans certains secteurs, les États, voire l'Union Européenne, participent aussi à cette R&D. Malgré tout, ce ne sera pas suffisant. Le constat est simple, faut-il choisir la voie d'une dés-industrialisation de l'économie, choix fait par l'Angleterre et quelle a tendance à regretter, ou le choix du maintien d'une industrie forte : choix allemand.

Soyons honnête, une partie des hommes politiques européens, pas seulement français, a été éblouie en son temps par l'exemple anglais et à cherché à le copier avec les résultats que l'on sait.

Derrière tout cela il y a un choix de société qui dans le cas qui nous concerne se résume à deux options. La première accepter la fermeture de la DCN et trouver une occupation, non seulement à ses personnels, mais aussi aux très nombreux sous-traitants et tous les secteurs d'activités qui en vivent. La seconde trouver des partenaires qui vont permettre la survie de l'activité. Et en Europe, dans le secteur, il y a un seul gros partenaire : l'Allemagne. Or, celle-ci, qui a fait un choix quelle estime vertueux, amis qui a aussi profité de notre recul, donc, l'Allemagne a tout intérêt à faire trainer les choses. Son interêt principal est d'obtenir le leadership de la future union, voire de cannibaliser un possible concurrent. La France a intérêt à ne pas faire trainer, pour ne pas se retrouver avec une DCN trop agonisante et son lot de problèmes sociaux.

Mais, peut-être qu'on paye un mauvais choix de société fait il y a 10 ou 15 ans : le choix d'une économie dite post-industrielle ....

Ouaip, les sous marins allemands, c'est HdW, une boîte privée appartenant à ThyssenKrupp, DCN, c'est l'Etat français.

Je comprends les réticences allemandes.

Les Allemands ont une technologie pour les pays qui ne souhaitent pas avoir des sous-marins nucléaires, qui sont lourds à entretenir, et qui veulent intervenir à courte ou moyenne portée. Le nucléaire est bien adapté lorsqu'on veut intervenir partout.

Moralité, les puissances régionales achètent allemand. Les puissances qui se veulent mondiales construisent leur propres engins à propulsion nucléaire. Notre modèle est donc quasiment inexportable, au contraire du modèle allemand.

Le site de HdW:

http://www.hdw.de/de/

Faudra que je retrouve cette intervention d'un grand responsable européen dans un documentaire qui disait que dès qu'on toutes à l'armement, il n'y a aucun groupe qui soit totalement indépendant des responsables politiques de son état ...

Historiquement les allemands ont toujours maintenu des compétences et un savoir-faire de haute tenue concernant la construction sous-marine. On ne peut pas en dire autant de leur flotte de surface, sans comparaison avec un pays comme la France.

Le propos qui consiste à dire que les sous-marins de classe Scorpène produit par DCN sont "inexportables" est une caricature démentie par les chiffres. Ce dernier a été vendu de façon plus importante que la classe 212 produit par HDW, auquel il est immédiatement confronté. Rappelons que 5 "Dolphin" ont été (en grande partie) gracieusement offert par le gouvernement allemand à l'Etat d'Israël. Si ce n'est pas une subvention déguisée à l'attention d'HDW, je ne sais pas ce que c'est ! Ont-ils également remporté le dernier appel d'offre de Karachi à la suite du désormais fameux contrat "Agosta 90B" au cours du milieu de la dernière décennie, est-ce réellement surprenant ?

Sans compter que ce type de matériel militaire est à considérer à fort contenu stratégique. De ce point de vue la force d'impact de l'industrie allemande et les rétributions potentielles en contre-partie (qui a dit les rétro-commissions ?) sont, n'en doutons pas, suffisamment persuasives pour forcer le cas échéant des décisions hautement politiques. Quand bien même les produits offerts par la concurrence leur seraient intrinsèquement supérieurs. De telles considérations se vérifient d'ailleurs assez largement à l'exportation pour le Rafale, disposant par les états-majors concernés d'une notation systématiquement plus élevée lors des phases de test que ses concurrents immédiats.

Mais il y a plus important: la DCN est l'opérateur public chargé en France de concevoir et de produire nos bâtiments de combat. En particulier les SNLE et autres porte-avions qui sont tout à la fois instruments de souveraineté et de dissuasion. Sur qui donc aurions-nous pu compter autrement que sur ces entreprises à forte composante publique, sachant qu'en France c'est l'Etat - et l'Etat seul - qui est (de l'impulsion initiale jusqu'au produit fini) à l'origine de l'ensemble des grands programmes industriels qui ont fait sa renommée mondiale, ses succès d'exportation, et son indépendance stratégique depuis notamment De Gaulle ? Tout cela n'est pas une coïncidence.

Lorsque l'on voit le déroulement, le spectacle devrait-on dire, absolument pitoyable du programme européen de géo-localisation Galileo sous la férule du secteur privé, puisque les idéologues de la commission interdisent dorénavant tout financement public par dogmatisme, et donc toute politique industrielle digne de ce nom, c'est à dire concertée et nécessairement planifiée (pensez-vous une hérésie), l'on se dit qu'il est heureux de détenir (pour quelques temps encore) quelques participations publiques dans de grands groupes industriels afin de tordre le bras à la logique de courte vue, et en définitive mortifère, du capitalisme financier actuel. Rendu parfaitement incapable de réaliser, et l'actualité le démontre magistralement, ici comme partout ailleurs (USA compris bien évidemment, à travers les subventions colossales apportées au complexe militaro-industriel par le pentagone, autrement dit le contribuable), ce que l'Etat est lui seul en mesure de budgétiser sur un cycle long, indépendamment de considérations de rendement et de profitabilité de court terme !

C'est magnifique que les ingénieurs et les techniciens français soient capables de concevoir et d'exporter des sous-marins, concentrés de haute technologie.
Cocorico !

Le groupe HDW n'a pas été récement ou est en passe d'être vendu à un groupe d'un pays arabe ?

Note en date du 17 mars 2010.

Merci beaucoup