Le salon géopolitique de Passion-Histoire

je trouve dans le nouvel économiste du 13 mai un dossier : "le temps du prefet".

en gros il explique que sarkozy a remis au premier plan les "representants de l'état" (c'est leur titre exact) à la grande fureur des présidents de région (exemple donné : huchon qui est un peu parisien ... mais bon). le dossier insiste aussi sur la schizophrénie de ces prefets qui represantent autant l'etat que le gouvernement (et conclut en proposant un"spoil system" prefectoral).

mon experience personnelle (conseiller municipal d'une petite commune du sud de la france) me fait observer depuis quelques annes une evolution discrete mais reelle des institutions locales :
1 - l'effacement du departement (pour des raisons politiques locales mais aussi financieres),
2 - la situation ambigue de la region (qui fait parler d'elle mais semble peu active au quotidien au moins en zone rurale)
3 - le retour (courtois mais ferme) des prefets
4 - l'apparition d'un nouvel acteur : la justice - et la je pense pas aux TA mais bien aux procureurs et autres TGI

Les préfets ont effectivement reçu récemment des pouvoirs nouveaux mais sur les services déconcentrés de l' Etat du fait de leur regroupement d'une part et d'autre part de leur régionalisation effective et non plus théorique. Ces mesures étaient attendues depuis au moins 20 ans et concernent une meilleure efficacité de l' Etat.
Par contre, il n'y a pas eu de modification de texte concernant le controle préfectoral sur les collectivités, sauf erreur. Les réformes envisagées touchent au mode d'élection et au financement des collectivités. C'est là que la contestation règne et pas sur les rapports des préfets avec les collectivités. Une matière explosive. On va vers l'apaisement semble t-il!
Le cas Huchon est particulier. Le Préfet de la Région Parisienne joue effectivement un rôle accru pour la définition d'un grand Paris qu' Huchon rejette. Il s'agit d'un différend sur le fond et sur les pouvoirs de l' Etat, classique quand il y a différend politique et aussi vieux que la région parisienne (1964).
L'évolution actuelle confirme le déclin des régions, la stabilisation des départements confrontés à des difficultés financières depuis une dizaine d'années, et l'essor constant des grandes métropoles, super-puissances dans la géopolitique du territoire.
Les élus n'ont pas peur du préfet, mais des grands élus du Département et des juges judiciaires comme des Chambres régionales des comptes qui peuvent mettre fin à leur carrière.

Puis je compléter en quelques lignes l'analyse d'Alain G ?

Je crois utle de rappeler qu'avant 1982 les préfets n'étaient pas des technocrates fous ni des flics bornés envoyés en province pour terrifier de braves élus locaux ! Ils étaient largement dépendants des moyens votés par une assemblée élue (le conseil général) laquelle n'était pas nécessairement favorable au Gouvernement - et même dans ce cas restait très sensible aux enjeux strictement locaux (parfois fort mesquins).

De sorte que les préfets inscrivaient leur action (même à l'époque du Général de Gaulle) dans une logique de cogestion avec les élus (surtout les "grands" Elus il est vrai) ce qui impliquait en fait plus d'habileté que d'autorité de leur part - d'où la courtoisie notée par Marc 30.

Cette situation était parfaitement connue des administrations centrales qui pestaient contre l'indiscipline des préfets (en particulier Rivoli qui les trouvait trop prompts à dépenser) - et était également connue des politiques qui comptaient justement sur ces hauts fonctionnaires politiquement loyaux mais administrativement assez autonomes pour tempérer les effets négatifs des initiatives technocratiques nées à Paris.

Le préfet de l'Isère vient d'être remplacé . Cette décision appelle deux observations de ma part. D'une part pour nos dirigeants, le Préfet reste un "fusible" qui brûle en cas de crise. D'autre part, le nouveau préfet de l'Isère est un ancien commissaire de police (même chose pour le préfet du 93) - ce qui confirme la montée en puissance des policiers dans le système Sarkozy et le discrédit des énarques (discrédit aux yeux du Président du moins pour les questions de sécurité).

Le discrédit ne serait-il pas, aux yeux d'une majorité toujours plus grande de français, celui du sarkozysme concernant ces mêmes questions de sécurité ?

Dans ces conditions le limogeage d'un préfet est une illusion bien commode, mais, comme toute illusion, guère efficace. D'ailleurs en entendant récemment notre ministre Hortefeux débiter à la télé, contre toutes les évidences, sa litanie sécuritaire suite aux fâcheux événements en Isère, l'on ne pouvait retenir un fou rire tellement il semblait manquer quelques bruitages rigolos en toile de fond ! J'en connais une qui se frotte les mains.

Le gouvernement actuel est en train de s'enfermer dans une logique sécuritaire alors que de plus en plus de monde dénonce la faillite de cette logique. La paix dans les quartiers difficile se gagne au quotidien avec une police de proximité efficace. On peut ramener la paix après des nuits d'émeutes avec des escadrons de maintien de l'ordre, mais quand ils seront partis, et au bout de 15 à 30 jours, ils repartent vers d'autres missions, tout redeviens comme avant et rien ne change. Or, il y a pas mal de français qui pensent qu'il faut encore plus de démonstrations de force pour lutter contre la délinquance, alors que les chiffres montrent qu'il faut lutter au quotidien contre les trafics pour marginaliser les maffias qui se mettent en place dans bien des quartiers.

On pourrait revenir à quelques vérités premières:
1/ des Préfets qui sautent en cas de difficulté, il y en a eu des centaines, sous tous les régimes, ne serait-ce que pour apporter un nouveau regard. Cela n'empeche pas les interessés de faire carrière ensuite. Mitterrand a par ailleurs lui aussi fait des nominations de préfet en dehors du corps, comme Prouteau, commandant de gendarmerie chargé de la sécurité du président et de l'enfant de son 2è ménage.
2/ le phénomène de l'insécurité monte inexorablement et même si de bonnes mesures sont prises, on ne peut arrêter un mouvement de fond aussi puissant et si structurel, de type sociétal. La police de proximité n'est pas du tout la panacée. Beaucoup d'élus de gauche le savent. Ils se rappellent la situation du temps de Vaillant. Maitriser les banlieues avec le système juridique et judiciaire actuel est impossible.

COMMENTAIRE GENERAL : pourquoi polluer ces echanges sur les prefets par des propos de comptoirs sur la violence dans les cites ???

une contribution perso sur l'actualite : c'est pas seulement la violence qui concerne le prefet mais aussi la reforme des collectivites - tous les maires parlent de ca en ce moment : les redecoupages des cantons et des communautes de communes qui se prepare en prefecture a la demande d hortefeu ...

Oui, mais la mission fondamentale des préfets est de faire respecter l'ordre et la loi dans la République. En cas de troubles, le préfet depuis le Consulat commande la police et la gendarmerie. Or, le problème est que les préfets ont été formés pour des taches juridiques et Sarkozy qui voit grandir l'insécurité dans 200 ou 300 points sensibles, s'aperçoit qu'ils ne savent pas toujours s'y prendre en cas de crise, trop axés sur l'aspect juridique des choses, trop prudents, craintifs parfois et mal préparés à l'action rapide de police. Sarkozy se rappelle de Clémenceau, le radical, aux prises avec des révoltes dans le midi notamment. Clémenceau réforme la police. Ramadier le socialiste créée les CRS en 1947 pour faire face, avec les préfets à des grèves insurrectionnelles. Or on tire sur la police dans certaines villes ou banlieues (c'est là qu'est le problème). La République doit savoir faire respecter ses lois.

Quel est le rapport avec la question ? Prouteau fut bien autre chose que cela, pourquoi vouloir réduire tout ce qui touche Mitterand à Mazarine ? Vous pensez vraiment que ça apporte quelque chose à la discussion, a part de nous montrer votre état d'esprit ? Vous savez, je trouve que cela à tendance à décrédibiliser vos propos, on croirait un vieil aigris qui nous rabâche sans celle la même antienne. Mais bon, c'est vous qui choisissez comment vous désirez être perçu.