Jean-Marc Labat a écrit:
A mon avis, pour l'instant, l'espace euro prime en terme économique. Les pays de cette zone sont liés par une monnaie commune qui impose une convergence si elle veut perdurer.
Mais d'un autre côté, il y a les pays qui souhaitent la rejoindre, et qui doivent converger aussi. Et il y a les autres qui ne veulent absolument pas de l'euro. La gouvernance devrait donc comprendre les pays de la zone euro et ceux qui veulent l'intégrer.
Ceux qui ne veulent absolument pas l'intégrer sont peu nombreux, de mémoire GB, Suède et Danemark, peut être la Pologne.
Merkel pense Mitteleuropa, Sarko aussi, mais en sens inverse, d'où leur divergence.
Vous avez raison de replacer le débat dans un contexte "mitteleuropa" auquel je n'avais pas pensé de prime abord : une des questions sous-jacentes est en effet la place des Etats d'Europe centrale : ont ils vocation à rejoindre à plus ou moins court terme le coeur historique de l'UE (la zone rhénane) en adoptant l'€ ? le moins qu'on puisse dire est que depuis 20 ans les médias français refusent d'en parler - reflétant la myopie de décideurs parisiens qui connaissent mieux Washington ou Rabat que Budapest ou Prague (sans parler de Riga). Cela dit cette cécité a le mérite de nous rappeler que la solidité des liens transatlantiques ou franco-africains reflète des réalités stratégiques, économiques et culturelles qui sont propres à la france et la distinguent de la situation allemande.
Je pense qu'un compromis franco-allemand raisonnable serait de dire que la "petite" zone € est transitoire mais que l'objectif est bien d'avoir l'euro de "Brest à Brest Litovsk" - mais alors nous adopons un point de vue difficilement admissible par les Anglais : comment Londres pourrait accepter l'unité continentale (surtout sans elle) ?
En tout cas la mini-constitution n'a rien prévu et rien réglé...ce n'est pas un crime car je crois que nous devons tous être conscients de la complexité du sujet qui rend difficile d'élaborer des solutions simples et claires - il est dommage en revanche d'avoir donné de faux espoirs à l'opinion publique en affirmant que la mini-constitution comme la constitution de 2005 réglait tous les problèmes institutionnels...