Comment ne pas être en phase avec la pensée, ancrée dans le réel, d'Hubert Védrine ?
Extraits:
"Ce déphasage européen vient du fait que les Européens ne se résignent pas à ce que l’histoire du monde reste celle d’une compétition de puissances. Ils se sont privés des outils mentaux pour penser cette situation. C’est dans ce vide de la pensée stratégique que le moralisme, le « droit-de-l’hommisme » et l’« européisme » – tous trois animés, au départ, des meilleures intentions – se sont engouffrés, avant de montrer leurs limites(...)
L’Europe puissance est une idée essentiellement française, une idée qui donne parfois l’impression d’avoir été une histoire que les Français se sont racontée à eux-mêmes, alors que les partenaires européens semblent se satisfaire d’une grande Suisse dans une communauté internationale. L’angélisme et l’irréalisme européens ont, parallèlement, nourri la démonétisation de la puissance par de nombreux intellectuels. Le résultat, c’est que, face aux autres, les Européens tournent en rond(...)
Nous redécouvrons peu à peu que nos intérêts et nos idéaux ne sont pas séparables. Le discours néofédéraliste ridiculisant l’attachement normal des peuples à leur identité et à leur façon d’être, comme s’il s’agissait d’aspects archaïques et dangereux, s’avère illusoire. Pour autant, cette vision désincarnée continue encore à alimenter une certaine vision de l’Europe(...)
Ceux qui dénoncent le protectionnisme font comme s’il s’agissait d’un recours systématique et général, ce qui serait absurde et dangereux. Mais les partisans du recours possible à certaines protections se heurtent à un tabou et font peur. Ils doivent travailler davantage pour contester le dogmatisme du libre-échange systématique de ceux qui ont oublié les enseignements d’Adam Smith sur les échanges entre systèmes économiques comparables."
http://www.marianne2.fr/Vedrine-il-faut ... 94685.html