Alain.g a écrit:
Elle doit craindre non pas un développement de l'extrême droite mais la création d'un nouveau parti de droite conservatrice
Anti-libéral donc. Ce qui somme toute est assez logique pour qui voudrait rompre avec les chimères d'une dérégulation absolue des flux migratoires, et des flux tout court, et qui s'accorde très mal je dois vous le dire avec la volonté qui consisterait à ne surtout pas se réapproprier l'idée de frontière qui est l'outil fondamental à cette régulation ! Cohérence donc.
Et qui peut croire que cette prise de conscience serait viable avec les classes dirigeantes actuelles, c'est à dire celles-là même qui n'ont cessé de se tromper - et de nous tromper - sur tout depuis trente ans, et qui aujourd'hui, comme par magie, seraient en capacité de réviser leurs postulats idéologiques de fond en comble ? La nature humaine est ainsi faite que c'est tout bonnement impossible.
Cette révolution de pensée, enfin mise en pratique, ne peut qu'être la résultante d'un renouvellement de ces classes dirigeantes, d'où au premier chef se trouvent nos politiques. Etant acquis qu'il sera beaucoup plus difficile de renouveler le grand patronat qui a objectivement légitimé cet état de fait afin de servir ses intérêts propres, malgré les dommages potentiels qui leur fut inhérent. On peut tout de même imaginer un grand ménage chez nos fieffés intellectuels médiatiques de plateau de TV, qui ont seriné depuis des lustres leur litanie libérale dorénavant imbuvable, litanie qu'ils ne s'infligent pas à eux-mêmes puisque vivant dans les beaux quartiers de notre capitale, relativement donc à l'abris des problèmes sécuritaires que connais la populasse (de moins en mois il est vrai), et non-concurrencés qui plus est sur leur "secteur de marché" puisque protégés du fait de la nature même de l'immigration que nous importions, sous-qualifiée.
Quel est le titre du nouveau livre de Jean-Luc Mélenchon déjà, "Qu'ils s'en aillent tous" ? Oui, c'est tout à fait ça. Ce qui va permettre de rebondir à ça:
Alain.g a écrit:
Ce n'est pas l'extrême droite qui se développe en Europe, c'est plutot la droite qui progresse et la gauche qui tend à regresser de manière durable dans le contexte de la mondialisation, en perdant ses repères doctrinaux, son idéologie. Les gens veulent qu'on comprenne leurs inquiétudes et qu'il y ait des propositions et des résultats dans leur sens et plus à l'inverse.
Vous vous trompez à mon humble avis. Ce à quoi nous assistons est un rejet des politiques, droite et gauche de gouvernement confondues, qui nous mènent dans le mur depuis la révolution conservatrice bien mal nommée de la fin des années 70, et qui coïncide parfaitement avec l'ouverture de nos économies à tous les vents, économiques et migratoires. Qui coïncide également parfaitement avec l'avènement d'un chômage de masse (tiens, tiens...), d'une précarisation grandissante, le début du découplage de la productivité et des salaires mit en évidence par toutes les études économiques disponibles, le renforcement du processus d'intégration européen avec l'Acte unique puis Maastricht, l'abandon peu de temps auparavant de l'outil régalien de création monétaire partout en Europe (sauf au RU et, accessoirement, aux USA, bis repetita...), et l'envolé de notre endettement qui, de facto, ne pouvait plus se faire qu'auprès des marchés en réglant au passage un taux d'intérêt librement consentis par eux.
Or il se trouve être que tout cela a été acté, voulu, accepté, par (comme il vient d'être dit) les droites et gauches de gouvernement qui se sont succédées depuis cette période (1983 en France, qui symbolise le tournant de la rigueur, et en réalité la soumission et la subordination désormais de la politique française à l'idéologie eurolibérale). Ce que
ne renie en rien, bien au contraire, l'ensemble du projet que déploie actuellement, aussi il est vrai à l'intention des crédules, le gouvernement
de droite français sous la férule, extrêmement active, du président Sarkozy.
Il est donc absolument faux de dire que le mouvement d'ampleur actuel serait majoritairement de droite, car alors on ne comprendrait pas pourquoi cela dessert de manière objective, tant électoralement que donc politiquement, la plupart sinon tous les gouvernements principalement "dit de droite", à présent qu'émerge partout en Europe un courant populaire voire populiste que l'on peut qualifier de conservateur mais également social, ce qui est incontestable (et aucunement paradoxal), et par essence souverainiste ?
Si l'on voulait être provoquant mais non moins ancré dans le réel pour ce qui concerne plus particulièrement la France (mais pas seulement vous l'aurez compris), le véritable clivage est représenté non plus par l'affrontement des entités PS/UMP acquis aux mêmes préceptes et qui ont mené peu ou prou les mêmes politiques ; mais bien par l'alliance objective qui peut (doit ?) être menée entre les mouvements politiques qui ont rassemblé pour une large part l'ensemble des partis qui votèrent contre le Traité constitutionnel, est que la doxa dominante et pensée unique eurolibéral ne manqua pas de fustiger à l'époque pour la raison qu'elle sait - elle - mieux que quiconque, qu'une alliance de se type est à même de jeter à bas ce pourquoi ils ont tant menti et trompé leur peuple (dois-je le rappeler ? croissance, prospérité, plein emploi, pouvoir d'achat, etc...), et qui avait été promis comme la contrepartie de nos sacrifices, et nos abandons !
Pour éclairer les enjeux politiques propres à l'Europe du XXIème siècle, ne serait-il pas temps de rejeter le clivage entre "gauche" et "droite" (ainsi que leurs "extrêmes" respectives) et de le remplacer par un clivage infiniment plus éclairant entre, d'une part les tenants de la convergence irrésistible des centres de décision politique vers une unification toujours plus poussée au niveau mondial, et, d'autre part, leurs adversaires résolus ? Dans une telle persective, les étiquetages politiques traditionnels ne seraient-ils pas devenus tous, plus ou moins, des "tromperies sur la marchandise" ?
De ce point de vue je ne vois pas de différence, ou si peu, entre un Mélenchon et un Dupont-Aignan par exemple. En fait, le meilleur ennemi au machin libéral auquel nous avons délibérément aliéné nos prérogatives et notre souveraineté, à savoir le Marché et l'Union, demeure le gaulllisme social qu'incarnait si bien le Général, et pour cause, pendant la période où il eu en charge les affaires du pays. Le pauvre malheureux, en entendant notamment Sarkozy revendiquer son héritage et voir autant les couillons le croire (les veaux...), doit se retourner dans sa tombe.