Le salon géopolitique de Passion-Histoire

Pour moi la réponse est claire : il va falloir qu'elles acceptent des pertes. C'est ce qui est le mieux pour tout le monde...

Certes, il faudra que, mais leurs ratios tomberont alors sous les normes exigées, et il faudra recapitaliser. C'est ce qui se passe avec l'Irlande, dont les banques ont accumulé des pertes supérieures ou égales au PIB du pays.L'Etat irlandais a choisi de les soutenir, mais c'est au détriment d'une situation budgétaire qui était saine, avec des fondamentaux économiques qui étaient bons.

Les quatre plus grandes banques françaises ont un passif égal à celui du pays. Que se passera t'il s'il la Grèce, ou le Portugal font défaut sur une partie de la dette et se retrouveront avec du papier qui ne vaudra plus grand chose. Elles vont l'inscrire en perte, certes, mais il leur faudra combler ces pertes pour satisfaire aux préceptes de Bâle II au moins, de Bâle III rapidement, et si elles n'y arrivent pas, elles couleront avec toutes les conséquences que cela pourra avoir sur l'économie réelle. Ou l'Etat les renflouera, et nous serons dans la situation de l'Irlande.

Nous ne serons pas seul, l'Allemagne sera dans le même cas, Deutsche Bank est endettée au delà du raisonnable, et les banques des Länder ne vont pas bien du tout.

C'est la raison pour laquelle la BCE émet tant de monnaie, pour permettre d'acheter les émissions des gouvernements impécunieux.

Mais c'est un baril de poudre, et je trouve la mèche diablement courte...

Il devient de plus en plus évident que l'UE a été légère en ouvrant sans mesure réelle et approfondie de situation, ses portes à des pays qui ont caché leur situation. Il fallait être draconien pour éviter que tous les pays sérieux ne payent pour les autres. Il est probable que les grecs se disent entre eux qu'il n"y a pas de raison que les pays pauvres subissent une austérité simplement parce qu'ils veulent vivre et consommer comme les pays prospères. Ils invoquent la solidarité européenne, les riches doivent payer pour les pauvres qui ont droit à l'égalité. Je parie que les grecs ne se voient pas aux abois. Ils savent qu'in fine, les pays dits riches payeront . Pas de quoi se tracasser.
Quand aux citoyens des pays dits riches, ils refusent qu'on touche à leur niveau de vie.

La Grèce, c'est du pipi de chat. Certaines agences de notation semblent avoir envie de baisser la note des USA et de certains états des USA. Si le monde perd confiance dans la dette américaine, vu la proportion qu'elle a atteint, la crise de 2008 nous semblera bien gentille, de même que la crise grecque.

La décision de S & P sur la perspective d'évolution de la dette américaine est autant politique que financière; elle est due en partie à la situation bloquée depuis des semaines sur la discussion du budget au Congrès entre Démocrates et Républicains, le gouvernement ayant besoin, pour payer les dépenses de l'Etat, de relever le plafond du deficit annuel autorisé dans le montant du budget, décision que seul le Congrès peut prendre.
Or les Républicains refusent de relever ce plafond et font trainer les choses en longueur, alors que les dépenses de l'Etat n'attendent pas.
Et jusqu'ici, ils prétendent subordonner leur acceptation du relèvement de ce plafond à des coupes sombres dans les dépenses de l'Etat, sociales en particulier, et pas d'augmentation d'impôts, alors que les Dems veulent le contraire.
S&P donc les marchés envoient un message: trouvez une solution et mettez fin à cette situation absurdement bloquée (de préférence bien sûr en réduisant les dépenses de l'Etat), le gouvernement américain ne doit pas faire défaut sur ses factures.

C'est sur que la Grèce, c'est rien à coté des US en terme d'impact.
D'autant que la situation US n'est pas vraiment meilleure que la situation Grecque en terme de déficit.

Pour comparer différentes situations :


Le déficit est plus important que la dette globale des pays pour juger des restructurations nécessaires. L'Europe est la mieux placée sur ce graphique...

Une dette ou un deficit n'est pas un chiffre à prendre isolément du reste des données économiques d'un pays.
Même si la deficit US est dans des proportions voisines de celui de la Grèce, la façon dont est perçu le deficit US est bien évidemment fort différente de la perception du deficit grec sur les marchés financiers, ne serait ce qu'à cause du dollar qui reste monnaie de réserve, pour le moment.
Pour ce qui est de la dette d'ailleurs, Europe et US se valent à peu près. Et à terme, c'est ça qui compte le plus.

Comme je l'avais mentionné plus haut, la décision de S&P a une arrière pensée politique: les marchés sont inquiets de la lenteur des Républicains à relever le plafond du deficit.
Si ils continuent à traîner les pieds, les conséquences financières en termes de relèvement des taux d'intérêt pourraient être négatives:

http://www.huffingtonpost.com/2011/04/2 ... 52718.html

La Grèce envisagerait de quitter la zone Euro. Si elle saute le pas, ce sera intéressant à observer: ne serait-ce que pour départager ceux qui prédisent des catastrophes économiques pour un pays s'il quitte l'Euro, et ceux qui préconisent l'abandon de l'Euro comme la solution à tous les problèmes économiques

Mais comment vont-ils alors rembourser leur dette en euros ?