Citation:
ulturelle) est évacuée par tous ceux qui reprochent de manière cocasse au libéralisme de considérer les individus comme de simples agents économiques interchangeables. L'électorat populaire subit les conséquences de l'immigration extra-européenne et des mutations socio-culturelles qu'elle induit. Les questionnements liés à cette évolution sont balayés d'un revers de main par le PC et l'Extrême-Gauche dans son ensemble, qui va, soit nier ce phénomène, soit reprocher au peuple d'appréhender le monde à travers un filtre non adéquat (en somme, le peuple est trop con pour se conformer à la vision marxiste du monde).
En fait, ça va bien plus loin que "balayés d'un revers de main par l'extrême gauche". Avez-vous regardé le débat Badiou/Finkielkraut sur Taddei? Très instructif.
Badiou soit dit en passant est décrit comme le Gourou Suprême machiste et manipulateur du Jurassic Park des néo-vieux maoistes dans un livre de son ex-disciple Mehdi Belhaj Kacem qui vient de sortir.
Chez Taddei, Badiou évoque sans cesse les "jeunes des cités" (les garçons s'entend, les filles des cités, trop studieuses et rangées, n'intéressent pas les révolutionnaires).
Il en parle avec ferveur et exaltation, comme de la classe opprimée par excellence:
quoiqu'il puissent faire, vols, trafics, violences, peu importe; même s'ils brûlent des voitures, terrorisent leurs voisins et tyrannisent leurs soeurs, ils sont innocents, innocents par définition, absous par principe, en fait ils sont l'incarnation même de la valeur et de la virtu car ils sont la classe révolutionnaire par excellence. Leur oppression définit leur identité et les dispense de toute responsabilité, de toute éthique personnelle, de tout projet. Ils ne sauraient faire le mal, ils ne sauraient avoir tort: ils sont les nouveaux damnés de la terre, et cela suffit pour qu'ils soient admirables, porteurs d'espoir, voire même salvateurs.
Il est clair que, dans le discours gauchiste, la catégorie "jeunes des cités" a pris la place du prolétariat français (il y en a encore un, même s'il a fondu) comme classe révolutionnaire. Même discours, seule la classe sociale autour de laquelle s'articule ce discours a changé.
Badiou sur les jeunes des cités, c'est beau comme du Maurice Thorez sur les ouvriers de chez Renault dans les années 50.
Le problème, c'est que ce prolétariat classique n'intéresse plus personne à gauche, pas même le PS; et que ce prolétariat classique a le sentiment confus mais vif que les patrons se sont retrouvé aux côtés de la gauche pour encourager l'immigration pour peser sur ses salaires, d'où le succès populaire du FN.