Le salon géopolitique de Passion-Histoire

Je ne veux pas tomber dans l'hystérie anti-lépeniste dont l'excès ruine à mon avis la crédibilité mais je voudrais souligner un point dont on commence à peine à parler. Mme Le Pen n'est pas seulement divorcée, concubine, favorable à l'IVG, à la laïcité et au mariage gay... elle vient aussi de faire le choix de plaider pour le retrait de l'€ - premier pas avant le retrait de l'UE ? - et envisagerait sereinement d'éventuelles nationalisations.

Ce coup de barre à gauche conduit à un renversement de la structure de son parti : hier un programme plutôt modéré (en gros néo-poujadiste avec comme référence la France du 30 avril 1968) avec un chef extremiste (antisémite, néo-vichyssois, AF, etc ..). Aujourd'hui un chef moderne, sinon modéré et un programme extremiste qui puise pas mal d'éléments à gauche (voire à l'extrême gauche).

Ce peut être un coup d'esbrouffe à court terme.

Ce peut être aussi le premier pas vers une recomposition complète du paysage politique car les thèmes "bleu marine" sont aussi peu ou prou ceux de Mélenchon et du PC.

Sur le plan du discours, il sera plus difficile de les récuser sans débat - le risque est qu'il n'yait pas de débat sérieux (2005 a montré l'incapacité des défenseurs des idées européennes à défendre sereinement et concrètement un débat sur ces thèmes fondamentaux) et que les deux extrêmes prennent en étau les partis "républicains" (UMP, PS, multiples centres).

Une solution pourrait aussi être une délibéralisation progressive des programmes de ces partis. Je crois comprendre que c'est le choix apparent du PS - mais il ne va pas jusqu'à refuser l'UE, ce qui veut dire que sa délibéralisation restera superficielle et donc de portée limitée (tout au plus aura-t-il effrayé ses électeurs modérés).

J'ouvre le débat sans opinion bien arrêtée sinon une certaine anxiété pour notre avenir ... qui nous promet cependant de belles polémiques idéologiques !

Un socialisme national plutôt qu'un national-socialisme

La force de MLP c'est en effet d'être antilibérale, alors que tous les grands partis , à gauche et à droite, sont pro. ¨Pour les déçus de la mondialisation et de l'UE --et ils sont de plus en plus nombreux--, elle représente donc (avec l'extrême gauche), la principale sinon la seule option électorale.

On reproche à MLP avec condescendance la médiocrité de son programme économique. Certes, ça ne semble pas très brillant, mais comme tout ce qui a été essayé depuis 30 ans a échoué, les gens en ont plus que marre des belles théories ripolinées qui, dans la pratique, ne marchent jamais. Certes, c'est du populisme, mais à qui la faute

Ah, c'est nouveau alors. Parce que voyez vous, de l'extrême gauche à l'extrême droite, je ne vois que des socialistes. Comme quoi nous n'avons pas la même conception du libéralisme.

Vous ne voyez que des socialistes de droite à gauche, moi aussi.
Parce que les socialistes du PS (une grosse fraction, dont le chef de file est DSK) sont des néo-libéraux.
Donc on peut dire que tous les grands partis sont socialistes, parce qu'ils sont tous néo-libéraux.
Il me semble que Marine Le Pen appelle ça l'UMPS

Alors nous n'avons pas la même conception du socialisme

Posons quelques critères simples mais non simplistes. Serait plutôt socialiste celui qui plaide pour les nationalisations d'entreprises privées, l'établissement de monopoles publics, la distribution de subventions aux entreprises fragiles, l'alourdissement de la fiscalité sur les bénéfices des entreprises, la fixation de la politique monétaire et des taux d'intérêt par le gouvernement, l'indifférence radicale à l'égard des cours de bourse, le mise en place de barrières douanières.

Vous ne trouverez rien de tout cela dans les programmes du PS français depuis 1983. On peut donc dire qu'il est devenu économiquement libéral au sens large - certes avec une dimension sociale-démocrate (35 heures, emplois-jeunes) qui le conduit à intervenir dans le champ social (en alourdissant la fiscalité pesant sur les riches) mais aucunement dans celui de l'économie.

Vous ne verrez guère de différence avec l'UMP - sauf justement dans le champ social et fiscal pour lequel l'UMP est moins sociale-démocrate.

Evidemment nous n'avons pas en France de vrais libéraux qui défendraient la privatisation des écoles et des hôpitaux (du moins pas encore).

Pour revenir au sujet, Marine le Pen, peut-être marquée par son expérience nordiste, vise sans doute à capter un électorat populaire jadis séduit par l'UDR ou le PCF et qui ne se reconnait aucunement dans l'UMP (malgré le P de UMP) ni dans le PS. Electorat allergique à la bourse et à la mondialisation.

Si, si, il y a Pascal Salin, qui défend jusque la privatisation des.. trottoirs !

Les vrais libéraux comme vous dites sont les vrais staliniens d'autrefois . C'en est d'ailleurs pathétique.


MLP à déjà capté l'électorat populaire. Avec 35 à 40% du vote ouvrier/employé lors des dernières cantonales, le FN est de fait le premier parti ouvrier ET employé de France. Elle fait jeu égal avec Sarkozy sur le vote paysan. Elle s'attaque à présent (son programme) à la classe moyenne, aux étudiants et aux retraités.

Mmoui, ce n'est pas ma définition du socialisme, certes, vos critères en font partie, et certains n'ont pas été anbandonnés comme la distribution de subventions tout azimuth à des entreprises non viables,une fiscalité des entreprises démentielle, des pressions sur la banque centrale indmissibles, la confirmation de monopoles ruineux ou des privatisations en trompe l'oeil (SNCF, EDF et autres).


Le socialisme, c'est l'hypertrophie du domaine de l'état, son intrusion dans la sphère privée là où il n'a rien à faire, son interventionnisme effréné qui fait que nous sommes moins libres que nos parents (ou nos grands parents, tout dépend de l'âge)

Tout ce que j'entends, c'est que le gouvernement (présent ou futur), va faire ceci ou cela, toujours dans mon intérêt, alors qu'il ne sait pas ce qu'est mon intérêt et que je refuse obstinément de lui accorder ce droit.

Je crois aux choix individuels et au libre-arbitre. Ce que je veux, c'est un état minimum centré sur ses tâches régaliennes, et uniquement elles.

Tout ce qui déborde ces tâches essentielles que notre état est bien incapable de faire, occupé qu'il est à légiférer sur tout et n'importe quoi en oubliant l'axiome de Montesquieu comme quoi des lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires est pour moi du socialisme.

C'est vaste, je sais.