Jean-Marc Labat a écrit:
L'Allemagne a eu à financer la remise à niveau de l'ex DDR, et les financements pour se faire ont été colossaux.
C'est tout à fait exact, comme il est tout à fait exact que l’Allemagne a profité d’aides massives américaines depuis la sortie de la dernière guerre mondiale. Cette dernière avait d'ailleurs subordonné une partie importante de son effort de défense aux États-Unis (et à la présence sur son sol de deux corps d'armée US, soit près de cent mille hommes), ainsi le cas échéant qu’à son parapluie nucléaire. La France pris d’autres options, surtout dû aux contingences historiques mais aussi à la détermination farouche de certains de ses hommes d'état. La dissuasion notamment a eu un coût certain, difficilement quantifiable (plus de deux cents milliard en euro constant pour le seul programme nucléaire, lissés il est vrai sur quelques dizaines d'années). Mais pas seulement, et il suffit pour s'en convaincre de comparer historiquement la part de la richesse nationale des deux pays dans l'effort de défense. C’est le premier point.
D'autre part la réunification n'a pas eu que des désavantages, car l'argent ainsi dépensé (dont le montant est effectivement colossal) fut réinvesti immédiatement dans l'économie. Un plan de relance de type keynésien en quelque sorte, avec politique de grands travaux, remodelage et mise à niveaux des infrastructures, et bien sûr, son effet multiplicateur économique (du moins théorisé comme tel).
Voilà disons de quoi nuancer l'argument. En tout état de cause, et jusqu’aujourd’hui, le fait est que le ratio d’endettement allemand est moins bon que celui français.
Jean-Marc Labat a écrit:
Vous nous dites que l'Allemagne profite de ses exportations vers la zone euro, ce qui est tout à fait exact, mais vous ne posez pas la question de savoir pourquoi elle exporte autant, il y a une raison à cette compétitivité qu'il semble que nous soyons incapable d'approcher.
Cela est l'argument qui est habituellement opposé aux opposants justement du fédéralisme, et généralement aux opposants d'une plus grande intégration européenne. Disons que pour moi l'argument est simplement caduque. Puisque même si l'on pouvait, par une sorte de projection de l'intellect, se figurer à terme (ce que je ne crois, mais passons) les Etats-unis d'Europe (car c'est bien de cela qu'il s'agit, c'est le projet explicite des Monnet et autres Coudenhove-Kalergi), avec tout ce que cela peut et doit impliquer, le temps nous est désormais compté.
Jamais, face à la dégradation rapide des comptes publics des nations les plus en difficulté, et face surtout (et pour cause) à la prééminence et au pouvoir objectif de nuisance des marchés financiers (et dont je rappelle que strictement rien n'a été fait pour le juguler, ce qui signe la véritable faillite politique et morale des dirigeants élus occidentaux), jamais les nations européennes n'auront un temps suffisant afin d'adapter leurs agendas politiques à ces nouvelles exigences, et restructurer ainsi en profondeur leurs systèmes de production socio-économique respectifs pour les faire converger. C'est tout bonnement impossible. Ou, pour être moins catégorique, hautement improbable. Il a fallut moins de 12 mois aux marchés spéculatifs pour mettre à genoux un pays comme la Grèce et provoqués un plan de soutien d’urgence de la part de ses partenaires. Puis l'Irlande, puis le Portugal, et maintenant l'Espagne et bientôt l'Italie, dont la dette est faramineuse.
A partir de ce constat il faut être pragmatique, et considérer - déjà - qu'il convient de l'acter, afin de réorienter nos politiques dans le sens inverse de ce qu'y a été fait jusqu'à présent. L'euro n’est pas viable, point. C'est au-delà de la certitude: c'est un constat étayé par des faits au regard des problèmes structurels qu'il impose dorénavant quotidiennement.
Jean-Marc Labat a écrit:
Vous vous focalisez sur la seule Allemagne alors que d'autres pays s'en tirent plutôt bien dans la zone euro. Pourquoi ?
Je dirais que l'Allemagne est intéressante du fait déjà du rapport d'échelle: on ne peut pas comparer sérieusement un pays de 65 millions d'habitants avec un autre qui en comporterait moins de 10 millions. Les problèmes sont en effet décuplés.