Notre, s'agissant du général Flynn, c'est très amusant de voir une feuille de chou sous perfusion comme Libération le traiter de cinglé en rapportant des sources bien sur anonymes.
Quand on se réfère aux sources américaines, qui s'y connaissent tout de même un peu mieux que des stagiaires tout juste bons à paraphraser des dépêches AFP ou à singer les guignols de l'info (c'est cela, Libération), on ne trouve rien de tel concernant Flynn.
J'ai été tout aussi surpris d'entendre Raffarin, alias Polichinelle, expliquer expliquer hier matin sur RTL que grosso modo les USA devenaient un danger parce qu'ils étaient prêts à s'entendre avec la menaçante Russie de Poutine et parce qu'ils étaient imprévisibles. Raffarin préfère sans doute quelqu'un de parfaitement prévisible dont on sait qu'elle voulait la poursuite de l'escalade visant à encercler, harceler et agresser la Russie au point de rendre probable une escalade nucléaire.
Tous ceux des medias américains pro-Clinton ou pro-Clinton ou néoconservateurs qui ont écrit des articles critiques et même acerbes contre Flynn, l'ont qualifié d'un tas de choses, d'être un "maverick", c'est-à-dire un franc-tireur (traduire qui fait ce qu'il estime être son devoir même quand cela déplaît à ses supérieurs, à ses collègues et à ses subordonnés, traduire aussi quelqu'un qui secoue une organisation ronronnant pour la rendre plus efficace et performante), d'être pro-russe (ce qui pour eux est une accusation voilée de traîtrise), mais jamais de cinglé. Parce que tous reconnaissent, comme je l'ai dit dans un message précédent, que c'est le meilleur officier de renseignement américain de sa génération (voir par exemple Politico qui soutenait Clinton).
Quant à la déclaration selon laquelle ledit Flynn est prêt pour la prochaine guerre, fut-elle mondiale, c'est le métier de tout responsable de la défense nationale d'un pays qui est une grande puissance que de se préparer à cette éventualité, même si c'est le devoir du responsable politique de tout faire pour trouver une solution politique pacifique.
Alors je vais interpréter le sens de l'article de Libération.
Libération estime-t-il que c'est cinglé de vouloir apaiser les relations avec la Russie et de coopérer avec elle sur certains sujets ? C'est possible mais je ne pense pas que ce soit la principale motivation de Libération.
Libération pense-t-il que Flynn est un dangereux va-t-en-guerre ? C'est comique venant d'un journal ayant soutenu Clinton la va-t-en-guerre affichée, revendiquée et fière de l'être. Si on doit craindre un va-t-en-guerre dans la future administration Trump, ce n'est pas Flynn mais Mattis, l'autre général que Trump a choisi comme futur secrétaire à la défense et dont on sait qu'il poussait à attaquer l'Iran voici quelques années. Ce même Mattis dont un groupe de milliardaires républicains néocons, opposés à Trump, avaient essayé de promouvoir la candidature comme indépendant au début de l'été après que Trump avait gagné la primaire républicaine. Mon avis concernant Mattis est le suivant. Mattis est souple et sait qui est le patron. Trump sait qu'il a besoin de rassembler y compris au sein du Pentagone, ne pas désespérer complètement les tenants de la ligne Bush-Cheney-Clintons. Trump sait surtout qu'il doit obtenir la confirmation de la majorité sénatoriale pour la nomination du secrétaire à la défense et que pour ce poste, cela pouvait être utile de présenter un candidat susceptible d'apaiser les va-t-en-guerre républicains tels Mac Cain et Graham.
Libération fait-il référence au point de vue hungtintonien (d'autres diraient islamophobes ou, en France, "zemmouriens") de Flynn qui pense que l'Islam est un problème et une menace tant qu'il n'a pas fait sa propre réforme et que lnIslam n'est pas seulement une religion mais aussi un projet politique et civilisationnel impérialiste ? C'est la motivation qui me paraît la plus probable aux attaques des partisans du globaliste multiculturaliste contre Flynn.
Quant au fait que Trump nomme un ancien de chez Goldman Sachs comme secrétaire au trésor, je serais tenté de dire : so what ?
Cela fait des décennies que les grandes banques d'affaires envoient l'un de leurs anciens pourvoir le poste de secrétaire au trésor, côté républicain comme côté démocrate. Aujourd'hui c'est Goldman Sachs qui tient le haut du pavé. Quand on danse sur un volcan de dettes susceptible de pulvériser la monnaie qui est au fondement à la fois du système monétaire international et de la prospérité sous respiration artificielle du pays, il vaut mieux avoir un pro à la barre qui rassure les créanciers. Car le jour où le dollar sera côté à sa vraie valeur, selon les mêmes principes s'appliquant à tous les autres pays, l'économie américaine s'effondrera aussi violemment que l'économie soviétique dans les années 1990.
Ceci étant dit, ne nous leurrons pas. Trump et ses soutiens ne sont pas des Gorbatchev. Personne ne veut être un Gorbatchev. Gorbatchev n'est devenu Gorbatchev que parce qu'il a spectaculairement échoué à sauver les meubles.
Le but de Trump et de ses soutiens (parmi lesquels des nationalistes impérialistes raisonnables et lucides), c'est de restructurer drastiquement l'empire américain et les forces armées américaines qui se sont terriblement surétendues pour empêcher qu'il ne s'effondre sur lui-même en raison de son propre surpoids. C'est d'accepter que les USA ne soient plus l'hyperpuissance impériale d'un monde unipolaire pour redevenir la 1ère des grandes puissances à la tête d'un réseau d'alliances pour contenir le géant chinois. C'est de renouer avec les traditions jacksonienne-kisdingerienne pour faire enfin de la bonne vieille diplomatie réaliste visant à un équilibre favorable aux USA sans déclencher des guerres partout sur la planète.
Je ne dis pas qu'ils y parviendront mais c'est considérablement mieux que les dirigeants des USA essaient cela plutôt que d'autres dirigeants des USA essaient, comme Clinton et les néocons bellicistes, de dézinguer tout ce qui dépasse et leur fait de l'ombre et qu'ils sèment partout le chaos y compris au risque d'une escalade nucléaire.
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