Geopolis a écrit:
En Irak, sous Hussein (1979-2003), c'est 1.739.000 Irakiens, 529.000 Iraniens et 2.000 Koweïtiens qui meurent sous sa responsabilité directe, soit près de 95.000 morts par an. Entre 2003 et 2010, 385.000 Irakiens s'entretuent, soit 55.000 morts par an, à comparer avec la
moyenne de 428.000 Syriens morts en 5 ans, soit 86.000 morts par an pour une population deux fois moindre.
Soyons sérieux... Hussein était sans doute une sorte de potentat oriental, qui opprimait son peuple et l'a lancé dans une longue guerre contre son voisin iranien. Certes... Mais - excusez-moi d'être cynique -
qui s'en souciait à l'époque ? Dans les années 1980, loin de le considérer comme un ennemi, les Occidentaux lui vendait du matériel de guerre. La France de François Mitterrand y compris.
D'accord, le fait que Saddam Hussein gaze les kurdes en 1988 a bien fait tiquer... Mais on ne lui a pas déclaré la guerre pour autant !
Les problèmes des Occidentaux avec l'Irak ont commencé en 1990, quand Saddam Hussein a eut la mauvaise idée de vouloir envahir le Koweït... La chose a été considérée comme intolérable par la Communauté internationale, et pas seulement par les Occidentaux.
On sait ce qui s'est passé : la création d'une Coalition contre l'Irak, et l'écrasement des forces militaires d'Hussein... Ensuite, une longue période durant laquelle l'Irak a été étroitement surveillée, pour empêcher Hussein de se constituer un arsenal d'armes de destruction massives.
Mais cela n'a pas empêché les États-Unis de s'emparer de ce prétexte pour se lancer dans une nouvelle guerre contre l'Irak en 2003.
Or, là - désolé de le dire - mais on sait que cette histoire était bidon... Ce n'est pas de l'anti-américanisme de le dire : l'Administration Bush s'est soit auto-aveuglée, soit à menti d'un bout à l'autre et a falsifié des documents, pour justifier cette guerre. La France, d'ailleurs, a refusé de se lancer dans l'aventure en suivant ses alliés américains.
Si, ensuite, les Irakiens se sont entretués, on connaît aussi la raison : c'est tout simplement parce que les Américains n'ont rien trouvé de mieux que de dissoudre les forces policières et militaires locales. Donc, du jour au lendemain, le pays se retrouvait sans forces de l'ordre, et les forces d'occupation se lavaient largement les mains de ce qui pouvait arriver... Tant que ça ne les gênait pas.
Bref, Saddam Hussein a sans doute été une malédiction pour son peuple, mais les Américains - du fait de leurs invraisemblables bévues - ont été un remède presque pire que le mal.
Geopolis a écrit:
Ça m’écœure de voir des Occidentaux mourir aujourd'hui pour des populations ingrates ET je préfère qu'on laisse les Orientaux, en particulier les sunnites, aller seuls au bout de leurs querelles territoriales, coloniales et ethniques, MAIS je juge inique qu'on blâme les USA pour décimer les rangs djihadistes ou quelques milliers de victimes civiles sans jamais, jamais toucher un mot des centaines de milliers de victimes des sunnites ni tenir compte que les interventions américaines en limitent les dégâts.
Là, je suis d'accord sur ce point : que les Américains agissent ou pas au Moyen Orient, ils sont blâmés de toute manière.... On en revient, encore une fois, à la situation de départ en Syrie, en 2011. Les Occidentaux ont rechignés à s'impliquer dans l'affaire, parce qu'ils se doutaient pertinemment qu'on hurlerait au néo-colonialisme et qu'on parlerait d'une nouvelle Croisade des Chrétiens contre les Musulmans.
On s'attendait donc à ce que les pays voisins - Musulmans - fassent le ménage... La réponse fut : "
Oui, il faut faire quelque-chose, mais pas question que ce soit nous ! "
Bilan de l'affaire, Bachar el-Assad ayant la mauvaise idée de résister contre vents et marées, on a laissé la situation pourrir et Daech se développer comme une maladie...
Quand, finalement, les Occidentaux se sentirent obligés de s'en mêler pour tenter de contrer les djihadistes, ce fut - comme on s'y attendait - le concert des pleureuses : les Américains venaient trop tard, ou bien tapaient sur les mauvaises cibles, ou bien menaient de sournoises manœuvres contre les Musulmans, etc.
Par contre, curieusement, quand Poutine fait écrabouiller les civils d'Alep sous des tonnes de bombes, on ne voit guère de grandes manifestations populaire, ni en Occident ni en Orient....
En conséquence, je comprendrais aisément que les Américains - qui, de toute façon, ne comprennent pas grand chose à cet invraisemblable bazar oriental - finissent par retirer leurs billes. L'opinion publique internationale semble bien mieux accepter que les Russes s'occupent de régler les problèmes, avec la subtilité qu'on leur connait.