Une très bonne analyse de la vacuité des opposants à Trump. En mettant au premier rang les problèmes existentiels des bobos urbains des deux côtes, on passe à côté du cœur du message de Trump. "It's the economy, stupid"
" Mais dans ces rassemblements on aurait attendu des banderoles contre les orientations Goldman-Sachs-friendly de l'équipe Trump. On n'en a pas vu. En revanche, on a vu (à Washington, Los Angeles, Montréal, Londres, Paris, Berlin, Sydney...) des pancartes ainsi libellées : "My voice, my story, my body !". "Ma voix", "mon histoire", "mon corps" ? quel rapport avec le politique ?
Tout est centré désormais sur le sexuel et le subjectif. Si l'on doit combattre le nouveau gouvernement américain, c'est pour une seule raison : il sera "anti-femmes et anti-LGBT"... Qu'est-ce qui permet de le prédire ? Rien. Mais la gauche occidentale s'est recroquevillée sur les questions de moeurs, après avoir déserté le politique et l'économique en se ralliant au néolibéralisme.
Le "grand mouvement anti-Trump" dont se gargarisent les médias n'est donc pas un mouvement de contestation politique : c'est un mouvement "d'émotions". La mobilisation s'est faite sur Twitter, comme le vote Trump s'était catalysé sur Twitter ; et le vote Trump non plus n'a pas été un vote "politique" mais, comme le note le conservateur Scruton, un vote d'humeurs et d'émotions : humeurs et émotions inverses - donc symétriques - de celles des bobos qui soutenaient Mme Clinton.
Les électeurs de Trump vont se rendre compte qu'ils ont été fucked, comme dirait leur héros. Le grandiose avènement du Populisme "pour le millénaire à venir" (sic) dissimulait le triomphe de Wall Street ; l'establishment financier restait gagnant quel que soit l'élu. Ces électeurs se rendront-ils compte que leurs émotions en 140 signes - sur lesquelles tweeting Donald a surfé - n'étaient qu'une réaction [*] aux émotions en 140 signes du camp d'en face : ces libéraux urbains qu'ils détestent ? Le "Great Again" des électeurs de l'Amérique profonde n'a pas plus de substance politique que l'arc-en-ciel coiffé d'un pussy hat.
Revenons au mouvement Nasty Women qui électrise nos chaînes d'info. Pour cerner sa nature et comprendre la dégénérescence finale des idéaux de gauche en sexomanie queer, prenez le dernier Michéa (Notre ennemi le capital, Climats) page 225 :
<< Si le prolétariat indigène ou la paysannerie locale en venaient à décevoir les espérances intellectuelles qui s'étaient portées sur eux, un autre groupe élu ne manquerait pas de prendre aussitôt la relève, qu'il s'agisse des immigrés, de la jeunesse, des femmes, du lumpenproletariat ou même, comme chez Judith Butler, des drag-queens. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle tant d'intellectuels de gauche en concluent si allègrement, aujourd'hui, que "le peuple n'existe pas"... Entendons par là que seuls importent à leurs yeux la Théorie juste et ses gardiens autoproclamés. >>
http://plunkett.hautetfort.com/archive/ ... .html#more