Le salon géopolitique de Passion-Histoire

N'était-ce pas un inspirateur des pères fondateurs, Locke, qui excluait les athées (non believers) du champ de la tolérance au motif que ne croyant en rien, ils ne croyaient pas non plus au châtiment divin pour leurs fautes, ce qui entraînait qu'on ne pouvait pas s'assurer de leur loyauté ?

Pour ce qui est de Locke, Huyustus, je crois que sa position sur l'incroyance devait être assez proche de celle des pères fondateurs.
Ces derniers--ceux qui ont été élus présidents--y sont tous allés de leur couplet religieux dans leur discours inaugural; vérifiez celui de Jefferson et surtout celui de Washington sur ce site qui liste tous les discours inauguraux de tous les présidents américains, vous verrez qu'auprès d'eux, celui de BO semble bref, et presque laïc

http://www.bartleby.com/124/

Ce qui est remarquable dans ces discours inauguraux de pères fondateurs, c'est que ceux-ci s'adressent aux citoyens en impliquant comme allant de soi le fait qu'ils soient croyants--quelle que soit la religion auxquels ils adhérent. Que certains de leurs concitoyens américains soient athées ou agnostiques leur semble clairement inenvisageable. Cette assomption implicite a du perdurer jusqu'à GWB; BO a--discrètement-- brisé un tabou aussi ancien que la République américaine dans son discours.

Je connais mal mais il semble que les premiers présidents étaient des hommes des Lumières, parfois Francs-Maçons, qui devaient avoir un rapport avec la religion très différent de ce qu'on verra ensuite chez leurs successeurs. Je l'ai lu récemment dans un ouvrage ou un article ?
Aussi je ne suis pas surpris de lire dans Wikipedia, comme première approche, à Jefferson:

"Enfin, Jefferson niait la divinité de Jésus[20] et souhaitait la séparation des Églises et de l'État : dans l'une de ses lettres envoyée à une association baptiste, il évoquait le besoin d’un « mur de séparation » entre l’État et les Églises[40]. Pourtant, la Déclaration d'Indépendance fait clairement référence au Créateur, sans mention d'aucune religion : Jefferson était un déiste éclairé[41] favorable à la laïcité, comme en témoignent ses écrits :
« J'ai toujours considéré qu'il s'agissait d'une affaire entre l'homme et son créateur, dans laquelle personne d'autre, et surtout pas le public, n'avait le droit d'intervenir[41]. »
On sait qu'il ne se passionnait pas pour la théologie et qu'il empêcha sa fille de devenir catholique au cours de son séjour à Paris. Contrairement aux autres universités américaines de l’époque, et conformément aux vœux de Jefferson, l’Université de Virginie ne donnait pas de cours de théologie. Ses détracteurs ont utilisé son déisme pour lui nuire et l'accusaient de manquer de foi[42]." Tout cela semble assez précis!

Aucun doute pour ce qui est du déisme de Jefferson, alain; d'autres founding fathers sont également connus comme déistes (et franc-maçons pour certains): Adams, Madison, Franklin et aussi Paine.
Pour Washington, il semble qu'il ait été proche, dans ses croyances et sa pratique, de la religion dans laquelle il était né, l'anglicanisme américain.
Rappelons toutefois que le déisme est très loin de l'athéisme ou de l'agnosticisme. Les déistes croient en un seul Dieu créateur de l'univers (pas trois, refus du dogme trinitaire, refus de la divinité de Jésus) et refusent les religions révélées et leurs dogmes absurdes, postulant que le croyant déiste qui pratique la religion naturelle et non corrompue a un contact direct avec Dieu et n'a donc nul besoin de s'inféoder à des religions révélées.
L'importance accordée à la notion de tolérance religieuse va de pair avec avec l'affirmation que la croyance en Dieu va de soi et est absolument indispensable aux hommes. Franklin écrit quelque part: " si l'homme est mauvais avec la religion, que serait-ce sans!"
Dans les discours inauguraux des pères fondateurs Washington, Jefferson, Adams, les références religieuses (toujours placées à la fin du discours, c'est la tradition de demander en conclusion l'aide et la protection de Dieu pour exécuter au mieux les taches auxquelles doivent s'atteler le peuple américain et ses dirigeants--"so help me God! "), sont pleines d'une ferveur religieuse profonde et sincère.
Et comme je l'ai dit, nulle référence à l'existence de citoyens américains non-croyants.

OK Tonnerre, vous avez éclairé le sujet mais Jefferson parlant d'un mur de séparation entre l'Etat et les églises, il semble tout de même qu'Obama en a fait beaucoup et que les deux sermons religieux suivant l'investiture, avec en plus la messe qui la complète, auraient probablement étonné les pères fondateurs, voire choqué peut-être ? Le serment sur la bible et la messe sont je le suppose de tradition et donc obligatoires de fait sinon en droit , mais les deux sermons ne sont ils pas récents ?? Je ne suis même pas sur que Bush le religieux en ait fait autant ?

Alain, le rituel de l'inauguration, bien que susceptible de certaines modifications avec le temps et selon les circonstances, est néanmoins très codifié; en particulier, les deux prières font partie intégrante de cette cérémonie depuis longtemps, de même que le chant d'hymne patriotique, de même que le "so help me God", qui n'est pas officiellement obligatoire pour que le serment soit valide mais que la très grande majorité des présidents ont prononcé néanmoins à la fin.

Vérifiez dans l'article "presidential inauguration" de wiki, intéressant à lire. Vous y apprendrez que deux est même le nombre minimum de prières, et qu'il y en a même eu davantage lors de certaines inaugurations. BO a donc été plutôt modéré sur ce point.

OK mais cela a surpris beaucoup de gens, dont des journalistes assez informés comme le directeur de l'Express qui a parlé d' "un encadrement religieux effarant"! Les musulmans, emballés au départ par sa couleur de peau et son prénom musulman , commencent à le regarder autrement après avoir vu ce rituel d'investiture, comme ses déclarations, courageuses je dois le dire, sur le conflit Israêl-Palestine. N'a t-il pas stigmatisé dans son discours d'investiture ceux qui font avancer leur cause par la terreur! Mais il faut voir Obama comme un Président déterminé à changer les choses au moyen-orient, en jouant probablement sur l' Iran. Si l'Iran écarte son excité Président, alors c'est la fin du Hamas et du Hezbollah, surtout si la Syrie confirme son désir d'en finir avec la guerre permanente.

Il est quand même surprenant que tant de gens puissent se déclarer surpris de tout cela, alors que la campagne pour les primaires, puis la campagne présidentielle, ont été suivies abondamment depuis deux ans par les media du monde entier, et que tout le monde a bien eu le temps de connaître un peu Barack Obama.

Ce n'est pas l'encadrement religieux qui est effarant, c'est le commentaire, surtout de la part d'un journaliste réputé plus au courant de politique internationale que de chiens écrasés...

A propos de la droite américaine, je lis des déclarations assez nauséabondes déjà, sur le thème : en fermant Guantanamo et en interdisant la torture, Obama livre les Etats-Unis au terrorisme. Ce sont des déclarations qui peuvent faire mal si un attentat survient aux USA, et on a presque l'impression que certains au GOP le souhaiteraient...

Je ne vois pas en quoi elles sont nauséabondes. L'avenir nous le dira.

Ma position personnelle sur la fermeture de Guantanamo est prudente et nuancée: il est incontestable qu'à l'intérieur de ce centre de détention se trouvent un certain nombre de terroristes avérés, et d'autres sur lesquels pèsent de fortes suspicions; pour la sécurité des pays cibles du terrorisme, il paraît préférable que certains de ces individus restent à l'ombre, au moins pour quelque temps.
Ce qui est évidemment inadmissible du point de vue légal est qu'ils y soient détenus sans jugement; qu'ils soient enfin déférés en cour de justice, condamnés si reconnus coupables, ou acquittés et libérés si les charges qui pèsent sur eux sont insuffisantes.
C'est ce qui devrait normalement se passer suite à la décision d'Obama de fermer Gitmo, et si la justice américaine fait son travail de façon stricte et rigoureuse sur la base d'investigations bien conduites, bon nombre de ces individus détenus illégalement devrait se retrouver détenus légalement dans des prisons américaines; et donc, je ne vois pas que cela puisse significativement augmenter le risque terroriste que la droite agite comme un épouvantail.
Et bien sûr, Gitmo pourrait n'être que le sommet de l'iceberg du problème des prisons clandestines créées par l'administration Bush.