Duc de Raguse a écrit:
Quant au programme de Macron, je suis curieux de savoir quelle partie il a effectivement mis en place (sans reculer ou oublier).
Macron est plus ou moins l'élève de Chirac, Sarkosi et Hollande. Au cours de ces années, tous les observateurs ont noté que toutes les réformes d'envergures se sont enlisées. A peu près tout le monde est d'accord sur un constat : tout l'appareil administratif ne fonctionne pas de manière optimale. Pourtant, on constate qu'on dépense beaucoup d'argent et que l'on a des résultats au mieux similaires à ceux des autres nations, quand nous ne faisons pas partie des derniers de la classe.
On peut penser que cela est "accidentel" quand seulement un ou deux secteurs de la vie publique sont impactés... Quand tous le sont, c'est structurel. Donc, régulièrement, nous avons des politiques qui annoncent
LA grande réforme de l'Enseignement,
LA grande réforme de la Justice,
LA grande réforme de la Santé,
LA grande réforme de la Recherche,
LA grande réforme de l’Énergie,
LA grande réforme du Transport, de la Vie Administrative, de l'Agriculture, du Commerce, de la Fiscalité, de ...
Le résultat ? Automatiquement, les syndicats des secteurs concernés montent aux créneaux en disant qu'il ne vont pas se laisser faire, et qu'on ne va pas tondre de laine sur leurs dos, d'ailleurs, la situation est déjà tellement mauvaise qu'ils n'ont que des oripeaux sur le dos. Donc, pendant 3, 4, 5 mois on discute, la grande réforme se fait raboter, voire on la détourne totalement de son objectif. Et quand on met en place la nouvelle loi, et bien... rien ne change.
Ça, c'est le constat de Macron, mais d'après tous les sondages, c'est le constat de plus de 90% des français. Ils sont tous d'accords sur un point : il faut réformer. Mais, tout le monde voudrait que ces réformes se fassent aux détriments des "autres", ceux qui à leurs yeux en profitent, mais que surtout on ne touche pas au moindre de leurs petits avantages.
A la mort de Jacques Chirac plusieurs commentateurs ont rappelle qu'il avait fait le constat qu'on ne peut pas réformer un pays contre l'avis de ses citoyens. Pour qu'une réforme fonctionne, il faut que les gens y adhèrent... Quelle réforme depuis 20 ans a obtenu l'aval de plus de 50% de la population ? Aucune. Oh, au début, quand Untel dit qu'il va réformer, tout le monde applaudi, mais en disant qu'il faut rester vigilant. Et dès qu'on est dans les détails pratiques, chacun a sa raison pour être opposé à tel ou tel détail.
Gouverner en démocratie ne peut se concevoir que de 2 manières. Soit, comme aux USA en respect de l'alternance et donc que le camp perdant accepte que durant la période de la magistrature suivante, le camp gagnant défasse éventuellement une bonne part de ceux qu'ils ont eux-mêmes mis en place durant la magistrature précédente (dans les faits, il est rare qu'on détricote totalement ce qui a été fait avant et on fait plus des modifications cosmétiques pour prétendre que la réforme d'avant était mauvaise et qu'on a fait ce qu'il fallait pour la rendre parfaite...).
La seconde option, c'est l'option allemande, et c'est aussi celle de l'UE : le consensus. Tout le monde autour de la table, on discute et on met en place quelque chose qui ne va pas satisfaire grand monde, mais qui ne déçoit réellement personne.
Les français, on rêve de
PERFECTION, on veut des lois parfaites, précises. On rentre dans des détails inimaginables, et qui font que certaines de nos lois sont simplement inapplicables. Mais, on a aussi une très forte tentation au dogmatisme. Ce qui est normal si on se réfère à une perfection épurée, on ne peut qu'être dans le domaine des dogmes.