Citation:
En fait, dans la plupart des pays démocratiques occidentaux, les politologues voient depuis 20, peut-être 25 ans, une fracture dans le corps électoral.
La fracture est plutôt dans la société entre ceux qui sont de "partout" et ceux qui sont de "quelque part". Pour faire plus simple, les premiers sont ceux qui bénéficient de conséquences économiques et sociales bénéfiques de la mondialisation (environ 30% de la société, l'électorat de Macron chez nous), les seconds sont celles et ceux qui en sont exclus, voire qui en sont débiteurs (les "autres" en fait, même si deux sous-groupes apparaissent aussi).
L'analyse britannique - Todd n'est pas loin en France - de ce phénomène est très intéressant, je te conseille de lire ce bouquin de David Goodhart,
The Road to Somewhere (traduit en français) et qui a fait un carton tant ce qu'il décrit, chiffres à l'appui - même si à mon avis il se fonde trop sur des sondages autant volatiles que discutables -, est exact, les urnes lui ont donné d'ailleurs largement raison avec l'écrasante victoire des conservateurs l'hiver passé.
Citation:
Une partie cesse simplement de voter. Une autre partie n'adhère plus aux discours des partis de gouvernement et attends d'être récupérée. Cette partie est très sensible au "on nous dit pas tout!", "on nous ment !", "on nous manipule !"...
Cela n'est pas une fiction cela ou un fantasme, c'est vrai.
Un exemple très simple : quel est l'homme politique qui t'a expliqué en son temps (fin des années 1980, début des années 1990) qu'à partir de Maastricht les secteurs français publics de l'énergie et des transports seraient inéluctablement amenés à être privatisés. Réponse : personne. Oui, personne n'a osé dire cela à ses électeurs, ce qui fait que pendant trente ans on a vécu dans le mensonge, tant devant les syndicats que les simples quidams.
Cela ne m'étonne absolument, je trouve cela très sain.
Je passe les dizaines de "promesses" depuis les programmes présidentiels de 1995 jamais tenues...
Citation:
populiste
Je réfute l'usage de ce terme - relayé stupidement par les médias français depuis près de 10 ans - pour qualifier toutes celles et ceux qui pensent autrement que l'idéologie actuellement au pouvoir en France, dont les lois, faut-il le rappeler, sont aujourd'hui votées (elles ne sont parfois même plus discutées) par les représentants de seulement 15% des citoyens.
Il est péjoratif, cela depuis l'Antiquité lorsque Pompée (candidat de l'aristocratie des
optimates) calomniait un César, chef des
populares, pour se maintenir au pouvoir et ne pas réaliser l'alternance conclue entre les deux précédemment. Il renvoie César à la "plèbe", soit la partie la plus vile, ignorante et sale de la société, pour le déconsidérer et le salir, afin que le Sénat le lâche. Je ne parle même pas des arguments utilisés piteusement contre les "démagogues" à Athènes pour que l'oligarchie demeure au pouvoir.
Bref, c'est un stratagème vieux comme le monde utilisé pour que ton adversaire politique ne soit jamais au pouvoir. En aucun cas, ce n'est la réalité.
Si tu défends le modèle démocratique d'une société, tu ne peux utiliser ce terme de "populiste' pour décrédibiliser la majorité de ces citoyens.
C'est nier et tuer la démocratie (c'est surtout pour cela que l'abstentionnisme progresse) que de procéder ainsi.
En 2005 un référendum avait été voté en France, tu te souviens du résultat, en 2008 le Parlement ratifie un traité au contenu identique.
Non seulement ce fait constitua un désavoeu total de nos traditions institutionnelles et démocratiques, mais en plus il ôtait toute légitimité à la démocratie dans le futur.
Je crois que tu inverses les rôles et oublies l'essentiel : c'est l'élite au pouvoir qui a tué progressivement la démocratie dans notre pays ces vingt dernières années, pas le peuple "vil et bête", rapidement qualifié de "populiste" ou de "Gaulois réfractaires" lorsqu'il n'est pas d'accord et comme il est trop souvent présenté dans nos médias, afin de bien effrayer celles et ceux qui se posent toutefois des questions de bien et qu'ils restent bien dans le rang.
Macron a même fait pire : il a tué tous les partis "fréquentables" après son élection, pour ne laisser comme échappatoire les partis dits "extrêmes" avec des traitements médiatiques très particuliers, proches de la calomnie, mais toujours du procès d'intention. En gros, si tu n'es pas d'accord avec moi, tu es un "fasciste".
A ce titre, j'ai beau regarder les programmes du FN et de la FSI et il n'ont rien de nazis ou de soviétiques. Ce qui était incroyable lors de la dernière campagne présidentielle française c'est que dès qu'un "petit candidat" disait quelque chose sur un plateau, n'importe quel journaliste lui rétorquait : vous pensez alors comme Marine Le Pen. Paf, la réputation sulfureuse de la famille Le Pen collait à l'image du personnage qui venait de s'exprimer, cela qu'il vienne de la gauche ou de la droite traditionnelle.
Devant une politique si manichéenne de l'avenir du pays, beaucoup ont alors préféré rester chez eux et ne plus aller voter : en 2017, pour la première fois dans l'Histoire des Républiques en France, moins de 47% des électeurs ont voté au 2nd tour des législatives, réduisant grandement la légitimité des élus. La LREM, avec 15% du corps électoral, disposait de la majorité absolue.
Fin de l'acte, le rideau pouvait être baissé, Macron avait les "pleins pouvoirs" pour 5 ans à l'issue d'une campagne indigne d'un pays qui se prétend être le berceau de la démocratie.
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Sur les réseaux sociaux, on voit se développer des "sphères" où des officines répandent des arguments anti-système. Il y a eu plusieurs études sur le sujet, et le rôle de pays comme la Chine et la Russie est très trouble. Mais, ils sont plus des propagateurs que des initiateurs.
Ce genre de truc agité c'est surtout pour montrer les alliés potentiels - infréquentables également, il faut bien décrédibiliser tous ces gens là : le diable pourrait être photographié, on l'ajouterai bien entendu au tableau à côté d'eux... - de ces "populistes". C'est un argument de campagne de l'équipe adverse, nullement la vérité.
Par contre, tu trouves normal que les 8 milliardaires qui détiennent tous les médias de France et de Navarre aient appelé, à l'unisson, à voter Macron, dès novembre 2016, en finançant massivement sa campagne ? D'où venait d'après toi son parti, sorti de nulle part en quelques semaines avec des centaines de milliers d'adhérents, alors que les citoyens commençaient déjà à s'éloigner de l'arène politique ?
On a fabriqué la LREM en quelques semaines comme une société bidon dans une république bananière, mais personne n'a protesté (le pouvait-on avec des Berger, Niel et des Drahi aux commandes ?). Tout cela par contre ne choque personne en "démocratie", mais on donne des leçons de morale à la Russie de Poutine et à l'Amérique de Trump...
J'arrête là, car je sens que le terme "populiste" va bientôt sortir !
Par contre, j'avoue humblement être de "quelque part".