La primauté fédérale sur les Etats s'est imposée, progressivement, tout au long du XIXème siècle aux Etats-Unis - la guerre de Sécession ayant également comme origine cette interprétation rendue possible par la Constitution de la jeune nation à la fin du XVIIIème siècle, pour savoir qui était le plus légitime : le pouvoir local ou fédéral. Elle s'est renforcée après le premier conflit mondial.
Je n'entrerai pas dans une comparaison avec les Etats-nations européens, qui n'ont pas la même Histoire, les mêmes langues, ni les mêmes traditions familiales. Qui plus est, à aucun moment de leur Histoire les peuples d'Europe n'ont souhaité former un Etat-nation comme de l'autre côté de l'Atlantique.
Il n'y a pas de peuple européen, donc, par définition, il ne peut y avoir de démocratie européenne, à moins que les Etats ne disparaissent totalement - élément nullement revendiqué par les population concernées...
La participation aux élections législatives (pour un Parlement aux pouvoirs très limités) le prouve depuis la fin du XXème siècle : en France, il y a régulièrement entre 50 et 60% d'abstention à ces élections depuis la fin des années 1990 et ce sont souvent les "mauvais" politiques envoyés à Strasbourg et Bruxelles, les "poids-lourds" démissionnant le plus souvent après les élections et n'allant pas siéger.
Le désintérêt est donc patent dans l'Hexagone, parce que les Français pensent encore - à tort - que la souveraineté est encore nationale.
Citation:
En Europe, on a tendance à oublier que le vrai pouvoir décisionnaire au niveau européen, c'est le Conseil des présidents. C'est lui qui dicte la feuille de route de la Commission Européenne, donc les Directives sur lesquelles, elle doit plancher. C'est ce même Conseil qui accepte la mise en place de ces Directives une fois que les tours de discussions sont terminés.
Cela se trouve sur le papier - et avant Lisbonne en plus -, mais certainement pas en pratique, surtout avec une présidence tournante.
Depuis Lisbonne il y a un président du Conseil européen (Charles Michel actuellement) et il n'a plus aucun compte à rendre aux chefs d'Etat et de gouvernement des pays-membres de l'Union. De même, les commissaires européens, une fois nommés, n'ont plus aucun compte à rendre aux chefs d'Etat et de gouvernement des pays-membres.
Le Conseil européen donne bien l'impulsion de la politique à mener, mais, ensuite, la politique mise en oeuvre se perd dans les méandres technocratiques des institutions européennes mangées par les lobbys et groupes de pression divers - que les citoyens ne saisissent pas au passage.
Sur les "trois pouvoirs" de l'UE, un seul est élu - avec des prérogatives fortement réduites pour des députés qui représentent autant de citoyens !
-, les autres sont nommés par les chefs de gouvernement ou d'Etat des pays-membres, ce qui n'a rien de démocratique.
En théorie (depuis Maastricht, Nice et Lisbonne) le fédéral prime sur le national pour les pays-membres de l'UE, mais dans la pratique le fédéralisme demeure inabouti, encore que le droit de l'Union prime sur les droits nationaux, la monnaie unique a remplacé les monnaies nationales - seulement pour les Etats qui le souhaitent...
- et les budgets nationaux (sauf l'allemand...) passent devant la Commission avant d'être voté par les députés "nationaux". Bref, un beau sac de noeuds peu clair pour les citoyens.
Les dirigeants nationaux, à chaque élection, tiennent toujours des discours "nationaux" laissant les citoyens de chaque Etat dans une confusion incroyable : qui "commande" en fait ? Réponse, eux (chefs de gouvernement ou d'Etat), mais pas tout seuls - il faut toujours un compromis entre les 27 - et donc c'est la Commission qui fait. Le Parlement ressemble étrangement à une chambre d'enregistrement lors du vote des lois, tout comme le Conseil de l'Union (ex-conseil des ministres), où les rigidités du système technocratique se prolongent.
Non, définitivement, non, l'UE n'a rien d'une démocratie dans ses modalités de fonctionnement et la France, lui ayant transféré des pans entiers de sa souveraineté, non plus.
Il faut souligner tout de même qu'entre 50% et 60% du travail parlementaire en France consiste aujourd'hui à transférer dans le droit national le droit de l'Union (directives et
Cie). Nous sommes donc bien loin de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, de l'esprit de 1789, des traditions républicaines autour de la souveraineté nationale (ou populaire), très souvent agités pourtant, mais dont les réalités actuelles se trouvent aux antipodes.
C'est bien pour cela que malgré ses imperfections, les Etats-Unis demeurent une véritable démocratie et que je suis très surpris des critiques qu'on opère à son encontre, en oubliant l'
imbroglio actuel chez nous.