Tonr a écrit:
L'histoire américaine est littéralement jonchée de mouvements populistes, apparus en périodes de crises, qui se développent dans le pays avec la rapidité d'un champignon, et disparaissent quelques années ou une dizaine d'années après.
Ainsi les "Know Nothing" (plus tard renommés "American Party") des années 1840/1850, puis vers la fin du XIXe siècle, le People's Party, et durant la grande Dépression, les mouvements du célèbre et charismatique démagogue sudiste Huey Long, intitulé "Share Our Wealth", celui du non moins connu et charismatique Père Coughlin, Union for Social Justice, qui ont fusionné dans le Union Party etc.
Ils ont généralement en commun le désir de retourner à un passé idéalisé, souvent une certaine dimension conspirationniste et des objectifs apparemment contradictoires (par exemple pour le American Party, le rejet de l'esclavage et de toute immigration non protestante), la méfiance à l'égard des politicards de Washington et de l'Etat fédéral, la défense revendiquée des "petits" et de la classe moyenne, souvent la dénonciation de Wall Street et d'une certaine forme de capitalisme, etc.
Cet article du site Salon présente les plus connus et analyse brièvement leur idéologie:
http://www.salon.com/news/feature/2010/ ... sm_historyLe lien est intéressant, merci. C'est vrai que ces mouvements "populistes" jonchent la vie politique américaine, ce qui explique d'ailleurs pourquoi la définition de ce terme est plus nette aux USA qu'en France, où il est utilisé à toutes les sauces :
-une conviction du bon sens des citoyens ordinaires et, par conséquence, une suspicion à l'égard des élites.
-une opposition résolue envers les partis partis politiques traditionnels.
-une conviction de l’égalité des individus et par conséquence un rejet de toute politique basée sur des groupes ou des communautés.
A partir de là, une vraie force populiste doit se caractériser par un leadership faible voire problématique, une organisation minimale, des revendications plutôt qu’une véritable idéologie, et une durée de vie éphémère. Le Tea Party me semble satisfaire à toutes ces exigences. L'aspect éphémère est quand à lui plutôt rassurant...
Ce qui est encore plus étonnant c'est la similitude entre le Tea Party et le mouvement populiste des années 1890 : deux mouvements très moralisateurs avec un fond religieux important et surtout basés sur une crise de l'endettement avec un rejet énorme vis-à-vis de l’establishment financier. Bon après il est dangereux de pousser la comparaison trop loin puisque les populistes étaient favorables à la nationalisation des chemins de fers et l'instauration d'un impôt sur le revenu... On peut d'ailleurs noter la très grande stabilité dans la localisation de ces mouvements : la carte électorale de 1896, qui voit l'intégration des populistes au parti Démocrate, est le reflet presque exactement inversé de la carte électorale de cette année 2010, où le Tea Party est allié au parti Républicain...