Citation:
qu'il peut en résulter que le Président n'est pas si important et qu'on peut presque s'en passer, en période de calme du moins. Peut-on aller jusque là, non bien sûr, mais dire que la plupart des américains lui demandent de ne pas trop interférer dans l'économie et les moeurs doit être assez exact!
Oui et non alain. Certes, le système français est étatiste depuis des siècles mais le régime américain, lui, est présidentiel depuis l'origine de la démocratie américaine; il faudrait faire une comparaison point par point des pouvoirs détenus par le POTUS et le président de la République française d'après les Constitutions respectives de ces deux pays, et je suis sûr que, même avec la tendance à une présidentialisation croissante sarkozyste, le POTUS gagnerait sans photo.
De plus, le dirigeant constitutionnellement hyperpuissant d'une petit pays sera toujours, d'une certaine façon, moins puissant que le président moins puissant d'un très grand pays comme les US; pour prendre un exemple concret, Albert, prince régnant de Monaco dispose sans aucun doute, à son échelle, de pouvoirs de décision plus étendus que Barack Obama. Lequel est le plus puissant?
Que les citoyens américains (sauf les banquiers en détresse
) préfèrent que le POTUS n'intervienne pas trop dans l'économie, certes; encore que la survenue de la crise fasse un peu évoluer, du moins temporairement, cette attitude américaine traditionnelle. Dans les moeurs, c'est une autre histoire. La frontière entre vie publique, politique et vie privée est beaucoup moins étanche aux US qu'en France (quoique la France tende à s'américaniser de ce point de vue).
Bush ne s'est pas gêné pour intervenir dans ce qui relève de la sphère privée, en fait une partie cruciale du programme politique du GOP (culture war) avait trait à l'intervention de l'Etat pour réguler certains aspects de la vie privée des citoyens (mariage gay, défense et promotion des valeurs familiales, opposition à l'éducation sexuelle, propagande en faveur de l'abstinence et de la chasteté avant le mariage, opposition à l'avortement, aucune subvention aux programmes éduquant sur la contraception, sainteté de la vie et refus de l'euthanasie même dans le cas de malades réduits à l'état végétatif depuis des années, opposition à la légalisation de la marijuana etc.)
Et Obama aussi a pris position sur certaines de ces questions privées, des positions différentes de celles de Bush certes, mais il a déjà indiqué qu'il était contre la légalisation de la marijuana (qui pourtant, selon certains, permettrait de résoudre le sérieux déficit financier de l'état de Californie), il a exprimé l'intention de prendre des mesures pour réduire le nombre des avortements, il a dit qu'il était pour une union civile mais contre le mariage des gays, qu'il pensait qu'il fallait abolir la règle du "don't ask don't tell" pour les gays dans l'armée, qu'il était par contre pour les droits des gays à adopter, etc etc.
Il est non seulement parfaitement admis que les présidents US prennent position sur ce genre de problème mais qui plus est, on attend d'eux qu'ils le fassent, et même il serait mal perçu qu'ils ne le fassent pas.
Même un politicien libertaire comme Ron Paul, donc par définition favorable à un Etat "si petit qu'on puisse le noyer dans une baignoire", a pris clairement position contre l'avortement.