Je rentrais du collège et j'ai allumé la télé, sur M6. Je me suis fait tout de suite la réflexion : c'est une drôle de fiction, avant de comprendre après quelques secondes la réalité des évènements. Quand ma mère et ma petite soeur sont rentrées je les ai informé. Elles ont cru à une blague.
Je n'ai que des doutes sur le 11 septembre 2001, ce qui amène forcément à avouer une conviction : le gouvernement américain ne dit pas toute la vérité. Hélas, on a beau prendre du recul et chercher des sources fiables, le travail de recherche est infiniment complexe et frustrant, car il n'apporte aucune réponse satisfaisante à mon esprit perplexe.
L'origine du problème de ce débat tient en deux points essentiels, à mon avis :
=> Le plus grand complot EST la théorie du complot. Comprenez bien que nos populations du XXIe siècle sont incroyablement cultivés, mais tout aussi facile à manipuler pour ces raisons. Aujourd'hui, nous sommes capables d'interpréter, de comprendre, des centaines de milliers, voir des millions, de signes et d'informations, à travers les journaux, la télé, le cinéma, la musique ; alors que jusqu'au XIXe siècle les populations n'étaient pas ou peu cultivés, ne savaient souvent ni lire, ni écrire. Il a bien fallu imaginer (mais par qui ? les gouvernements ? Les banquiers ? Les multinationales ?) un moyen de contrôle pour éviter que les populations n'arrivent à un trop haut niveau de réflexion, d'échange, de compréhension. Donc, introduire dans l'intense courant de l'information des idées fausses, clichés, exagérés, altérés, etc. Et surtout le règne de la fiction jusqu'à qu'on se fasse une idée particulière, souvent grotesque, de l'espion, du soldat, de l'amour ou encore de l'homme en noir dans les coulisses (syndrome MIB ?). Si bien que désormais, lorsqu'on vous parle de complot, vous allez souvent imaginez une sorte de secte ou d'hommes mystérieux qui se réunissent dans le plus grand secret, dans un temple, une cave, au sommet d'une tour en verre, etc. Les réactions de nombreuses personnes se résument ainsi : "tu regardes trop la télé" ; "tu es parano" "un être humain ne ferait jamais ça". Cela ne viendrait pas à l'esprit des gens qu'il suffit de réunir quelques amis dans son salon autour d'un verre pour débattre sur comment s'enrichir davantage, avec une guerre, l'élection de tel président plutôt qu'un autre, par exemple.
A force de travailler l'imaginaire des populations, plus rien n'est évident. Lorsque nous prononçons le mot complot, comme un historien (ce que nous sommes souvent sur ce forum, ou du moins nous essayons quand nos esprits ne s'échauffent pas), le définirait à l'époque de l'Empire romain, sous l'Ancien Régime ou au XIXe siècle, et avec des exemples ; un complot donc, se rapproche trop souvent, automatiquement et dangereusement, de ce que nous appelons théorie du complot, et qui renvoie la plus part du temps aux extraterrestres ou aux manipulations les plus extrêmes.
Une grande confusion/parallèle que nous cultivons à tord, à moins qu'elle soit, comme je souhaite l'avancer ici, cultivé pour nous. Finalement, si nous sommes incapables de nous mettre d'accord sur ce qui est fantaisiste ou réaliste, alors le débat ne devient plus possible. Les uns, qui se jugent plus rationnel, vont associer les autres, toujours sceptique devant les faits avancés, à la théorie du complot et une certaine touche de folie/parano. Ce n'est pas une base saine pour des échanges, et pourtant ils se construisent de plus en plus là dessus lorsque nous abordons des sujets brûlants, ici ou ailleurs.
=> Trop d'information tue l'information. Nous ne vivons pas seulement une crise financière, mais aussi (et surtout) une crise de l'information. Nous en sommes saturés. Pour faire suite à mon développement sur la théorie du complot, à force de l'invoquer à tord et travers, nous ne sommes plus capables, ou difficilement, de faire le tri entre ce qui est impossible, probable ou réaliste ; mais plutôt que de tout considérer comme probable et de mener une longue réflexion pour arriver à une certitude qui va dans un sens ou dans l'autre, nous sommes nombreux à classer l'ensemble dans l'impossible, ce qui ne règle rien et créé des tensions.
Je suis le premier à reconnaître qu'il y a du monde qui s'accroche à des théories sans queue ni tête, et qu'il ne sera jamais possible de raisonner, et que ça peut vite devenir agaçant. Mais ce que j'observe au quotidien, ou que j'ai été amené à vivre lorsque je dis que je ne crois pas à la thèse officielle du 11/09, c'est qu'on se retrouve très vite dans la mauvaise catégorie, celle qu'on ne prend presque jamais au sérieux.
Cette crise de l'information se retrouve dans le débat du 11/09 : même si seulement 1/10 de ce que l'on voit dans les films contre la thèse officielle reflète la réalité, elle est enterrée sous une masse d'information soit trop absurde, soit probable mais invérifiable. Il y a de quoi pleurer lorsqu'on se rend compte que le premier adversaire de ceux qui cherchent des réponses est devant eux, dans un simple miroir. Car oui, à force de chercher des preuves à n'importe quel prix, ils ont finit par créer des thèses absurdes, puis les défendre, et les mélanger avec tout ce qui a déjà été fait, intéressant ou non.
Voilà la plus fabuleuse des cacophonies.
Alors, en conclusion, j'aurais aimé participer autrement à ce sujet, l'enrichir, mais je suis actuellement trop occupé à tenter de mettre la main sur des sources et des témoignages sûrs pour défendre des hypothèses cohérentes.
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