Des soldats de la paix : les dépenses militaires du Venezuela diminuent d’un quart, par Marc HarponLe Commandant Hugo Chávez n’est pas un pacifiste. Militaire de carrière, il s’est distingué, avant d’arriver au pouvoir démocratiquement, par une tentative de rébellion civico-millitaire. Son modèle politique, le Commandant en Chef Fidel Catsro Ruz, a pris la direction du peuple cubain après la victoire du Mouvement armé du 26 Juillet.
Mais il existe un juste milieu entre le pacifisme et le bellicisme. On ne peut pas confondre le faucon avec celui qui n’exclut pas la violence, mais la tient seulement pour un moyen de défense réservé aux cas les plus extrêmes. C’est ainsi que le Président Mao pouvait affirmer : « Nous n’aimons pas la guerre mais nous n’en avons pas peur ». Refuser catégoriquement que les luttes de classes et les luttes nationales qui, dans les pays en développement, se confondent en de multiples synthèses, ne se transforment de conflit larvé et latent en confrontation ouverte et violente, est un rêve éveillé de socialiste utopique. On peut ne pas souhaiter la guerre tout en l’acceptant lorsque les conditions réelles des luttes réelles l’exigent.
C’est cette attitude sinon pacifiste du moins pacifique qu’a choisi d’adopter le Commandant Hugo Chávez Frias, suivant en cela la voie ouverte par le peuple frère de Cuba. L’île caribéenne, bien qu’elle se soit libérée par les armes de la dictature sanguinaire de Fulgencio Batista, envoie à l’étranger non ses soldats mais ses médecins, dont l’Opération Miracle, avec ses millions d’hommes et de femmes soignés gratuitement dans toute l’Amérique du Sud, prouve le dévouement. Lorsque, durant la révolution sandiniste, l’extrême droite assassine des professeurs, le nombre de cubains volontaires pour aller enseigner dans les régions pauvres du Nicaragua passe de de 29 000 à 90 000. Aujourd’hui, c’est Cubasolar qui assure l’installation d’équipements modernes permettant d’électrifier à la biomasse des villages reculés du Chili. Tout comme les cubains, les venezueliens sont à l’avant-garde de la solidarité internationale avec Haïti, dévastée en début d’année par le pire tremblement de terre de son histoire.
« Je suis un soldat, mais un soldat de la paix », affirmait récemment le Président Chavez à un journaliste de CNN, lors d’un entretien donné à Caracas. Les chiffres publiés mercredi dernier par le Stockholm International Peace Research Institute le prouvent : en 2009, le Venezuela consancrait seulement 1.4% de son PIB aux dépenses militaires, contre 3.7% pour la Colombie. Comparé à l’année 2009 le budget militaire du Vénézuéla a diminué de 25%. On est très loin de la prétendue course aux armements dont parle la propagande des organes de presse à la solde du grand capital.
Il faut noter que, tandis qu’il diminue les dépenses militaires, le gouvernement d’Hugo Chávez maintient les dépenses sociales, en dépit même des conséquences de la crise du capitalisme et de l’évolution des cours du pétrole comme des effets dévastateurs de la récente sécheresse, dont l’économie vénézuelienne a gravement souffert.
Chávez n’a pas peur de la guerre : quand l’armée d’Uribe a violé l’intégrité territoriale de l’Equateur, il n’a pas hésité à masser des troupes près de la frontière avec la Colombie pour dissuader le régime de faire la même chose avec le Venezuela. Quand l’extrême droite et l’Empire ont tenté de déstabiliser la Bolivie en marche derrière Evo, il a même choqué une partie de l’opinion latino-américaine en proposant d’envoyer son armée si nécessaire. Par ailleurs, l’armement est un élément essentiel dans la coopération de Caracas et de Moscou. Mais Chávez n’est pas non plus un belliciste. Le Commandant n’est ni un lâche ni un assassin.