Les 20 dernières années, avec certaines délocalisations, l'Amérique est devenue un pays de "concepteurs". On voit des exemples dans des secteurs d'activités très divers. J'en connait deux de manière assez précise : - Nike. J'ai vu un documentaire sur cette marque. Ils ont un centre d'ingénierie aux USA. Dans ce centre, il y a des stylistes, pour coller aux modes, mais aussi des ingénieurs, des spécialistes de toutes les disciplines puisque l'on fait quand même des articles très techniques. C'est gens cherchent à dessiner le meilleur maillot, les meilleurs chaussures, les meilleurs ballons, les ..... Ou plutôt, des objets qui seront perçus par les futurs acheteurs comme des sources d'améliorations de leurs performance. Et ces spécialistes sont payés très chers. Nike considère que là, il y a ceux qui lui permettent d'être une marque différente des autres. Ces personnes ont une très grande liberté dans leurs horaires, dans l'aménagement de leur travail, certains sont considérés comme des artistes dont il ne faut pas brider la créativité (enfin, pas durant la phase de conception). Mais, toute la fabrication est délocalisée en Asie du Sud-Est. Ici, les salaires sont bas et les ouvriers doivent travailler dur, les horaires sont stricts. Nike considère que ces hommes, mais aussi ces usines sont interchangeables et qu'ils n'apportent pas de grande valeur ajoutée. Ils doivent juste suivre le plus précisément possible le cahier des charges.
- Fender, les guitares Fender. Celles-ci existent sortant de 3 usines différentes. Le top, c'est les Fender américaines, faites de manière artisanales aux USA par des "ouvriers" de luxe qui produisent un nombre limité d'instruments mais que l'on va vendre cher sur le marché. N'espèrez pas trouver une Fender américaine à moins de 1000 € et il s'agit des modèles bas de gammes, presque des modèles pour que vous puissiez dire que vous avez une Fender américaine. A coté de l'usine américaine, il y a un atelier artisanal qui fait des Fender à l'unité, guitares de très, très haut de gamme.
Il y a ensuite l'usine mexicaine. Une Fender made in mexico se trouve aux environs de 550 euros pour les premiers prix. Le maximum devant se trouver vers 1500€. Construites en plus grande série, même si a un moment, les modes de fabrications étaient identiques ce qui avait semé la zizanie au niveau des acheteurs puisqu'on trouvait des Fender mexicaines d'aussi bonne qualité sinon plus que les Fender américaines. Certaines anciennes Fender mexicaines sont très recherchées sur le marché de l'occasion, de très bonnes guitares. Puis, il y a les guitares made in Japan, China ou Korea. Elles sont maintenant vendues sous la marque Squier, s'il y a 15 ans, elles avaient mauvaises réputations, on reconnait que les Squier actuelles ont une très bonne lutherie et qu'il suffit de changer les micros et l'accastillage pour se retrouver à bon prix avec des instruments dignes des meilleurs mexicaines, voire des américaines. Or, une Squier s'achète à partir de 150€. Bon, les spécialistes sont partagés, une guitare à 150€ vaut-elle une guitare à 1500€ ? Mais, voilà, grâce à cela Fender balaie une vaste gamme de prix, mais l'essentiel de la conception est faite aux USA, ainsi que le marketing. Et c'est l'usine américaine que l'on visite et c'est l'ouvrier de Fender america qui est mis en valeur. Pourtant, les mexicains ont des standards de fabrication très proche, et à plusieurs moments, les Fender mexicaines étaient mieux faites que les Fender américaine. Pourtant, ceux qui achètent une Fender américaine à 1200€ pourraient avoir une meilleure guitare s'ils achetaient une Fender mexicaine de prix équivalent, mais sur la tête, il n'y a pas écrit : Fender Made in America. L'image de marque attachée à l'ouvrier américain explique que l'on accepte de dépenser plus pour avoir moins bien. Si ce n'était pas le cas, on ne fabriquerait plus de Fender aux USA !
_________________ Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable
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