Citation:
J'ai vu des directeurs techniques sortir des âneries équivalentes dans des réunions de production. Le gars ne tolère plus qu'on le contredise; normal, c'est lui le chef e
Je plussoie l'explication de Narduccio.
La biographie de Romney, c'est "l'enfance d'un chef": un fils de famille riche (père Directeur général d'American Motors puis gouverneur du Massachusetts) élevé dans la notion de son droit fondamental à commander et de son rôle futur de leader.
Romney a toujours eu ce qu'on appelle aux US "sense of entitlement": le sentiment que sa naissance dans une élite lui conférait certains privilèges, à commencer par décider pour les autres et diriger leur vie à leur place.
Il n'a jamais eu à se colleter au manque d'argent, papa était là pour payer ses factures, il n'a jamais du lutter pour se faire reconnaître et gagner sa place au soleil elle lui était réservée d'avance, avec sa carte de membre des fraternités chics et du country club.
Son passage comme évêque mormon n'a fait qu'amplifier cette disposition autoritaire. Selon l'article cité plus haut, le zèle de Romney a imposer les règles allait au delà de ce qu'exigeait son église.
En plus d'avoir excommunié une jeune femme non mariée pour avoir refusé de donner son bébé en adoption, il a aussi refusé à une mère de 4 enfants ayant de graves problèmes de santé l'autorisation d'avoir un avortement, alors que le risque pour la santé de la mère justifie l'avortement dans l'église mormonne, et que le supérieur de Romney à l'époque avait approuvé.
iL a refusé à un couple l'autorisation d'adopter un bébé sous prétexte que la femme travaillait. Il a interdit à des adultes divorcés d'avoir des rapports sexuels, il a excommunié des homosexuels etc. Etant jeune, il coupait lui-même les cheveux jugés trop longs de ses camarades de classe.
Une personnalité "control freak", psychorigide, autoritaire, , sûre de son droit héréditaire à décider pour les autres confinant à un sentiment d'infaillibilité.
La première chose que déclare Romney à son arrivée en Angleterre pour les Jeux olympiques, c'est que ces jeux sont mal organisés.
Cela veut dire: j'aurais fait mieux que vous, je suis meilleur que vous. Cameron l'a renvoyé dans les cordes en déclarant qu'organiser des jeux olympiques (d'hiver) au milieu de nulle part, en Utah, comme l'a fait Romney, c'est nettement plus facile que d'organiser les Jeux dans une mégapole comme Londres.
Commettre des gaffes à la chaîne comme il le fait, ça révèle qu'il ne perçoit pas le ressenti des gens à qui il a affaire, qu'il ne le prend pas en compte , qu'il estime inutile en fait, de prendre en compte leur façons de voir, leur avis et leur sensibilité.
Romney ignore l'altérité des gens avec qui il entre en contact, et leur humanité. Il vit dans un monde de chiffres, de bilans et de cours de la bourse, monde où il a le pouvoir de déplacer les usines et les employés comme des pions et de nier leur qualité fondamentale de sujets.
Même schéma dans la gaffe des 47%: 47% de parasites sociaux votant automatiquement Obama pour continuer à vivre aux crochets de l'Etat. Vu le manque de générosité du welfare aux EU, la catégorie des parasites sociaux doit être numériquement faible, et n'atteint certainement pas 47%.
Mais surtout on retrouve le même schéma de pensée: il y a d'un côté les "ubermensch", les entrepreneurs, les décideurs, les créateurs de richesse. Et de l'autre une plèbe passive, consommatrice et improductive, incapable de prendre le contrôle de sa vie: les makers versus les takers.
Le problème est qu'on ne peut pas tenir ouvertement un discours aussi anti-démocratique en démocratie.
Ou alors, comme je l'avais mentionné, il faudrait rétablir le suffrage censitaire. Et aussi abolir le vote des femmes, qui votent de 10 à 20% de plus que les hommes en faveur du candidat démocrate.
Cette logique typique de grand patron, purement hiérarchique et financière, lui a permis d'accumuler une considérable fortune, donc il l'applique aussi à la politique, mais le hic est que celle-ci comporte une forte dimension humaine/irrationnelle: les électeurs font leur choix sur des considérations largement intuitives voire émotionnelles.
Et de ce point de vue, Romney échoue à obtenir l'adhésion émotionnelle des électeurs, y compris Républicains.