Barbetorte a écrit:
Avec mes soixante balais, je suis plus jeune que vous mais sans être toutefois de première jeunesse. Vous avez lu et entendu de la propagande sur la menace communisme au cours de la guerre d'Algérie. Je n'ai aucune raison de douter de la véracité de ce que vous rapportez. Cependant, vous ne me ferez pas croire que c'était ce qui justifiait cette guerre était auprès de l'opinion publique. La population algérienne d'origine européenne ainsi que la population de la métropole considéraient que l'Algérie était une partie de la France et donc que l'Algérie devait rester française. Ce n'est pas la crainte du communisme qui les motivait. Cette propagande dont vous faites état était peut-être destinée à la population musulmane qu'on cherchait à dissuader de suivre le FLN.
Mais laissons de côté la question de la désinformation.
Vous me trouvez optimiste. Peut-être, mais c'est un optimisme mesuré. Je n'exclus pas que l'armée française doive rester présente au Sahel encore pour trente ans.
Reprenons votre question première : le bien fondé d'aller guerroyer dans le Sahel et au Sud de celui-ci, pour arrêter la marée islamiste. Quel est le risque encouru ? Que les républiques de l'Afrique de l'ouest s'effondrent comme des châteaux de cartes et que la Charia s'étendent jusqu'au Golfe de Guinée. Avec l'exception du Tchad et peut-être du Sénégal. Encore que ces pays étant musulmans , il peut y avoir un basculement vers le salafisme même chez eux. Et après ? Et après , je ne sais pas bien, mais je n'ai pas du tout envie de tenter l'expérience. Fallait-il laisser Ben Laden continuer à organiser tranquillement des attentats par avions suicides en Afghanistan ? Fallait-il laisser se développer le pseudo-califat en Irak et en Syrie et dans tout le Sahel ? C'est ainsi que je vois le problème et ma réponse est clairement non. Nous avons au moins deux raisons immédiates qui justifient l'opération Barkane, des intérêts économiques comme les mines d'uranium du Niger et la perspective d'une vague supplémentaire de réfugiés en Europe si des régimes fondamentalistes s'installaient. Cette opération est indispensable. S'il est possible d'impliquer les partenaires européens, tant mieux, mais si l'on n'y parvient pas, il faut y aller seul.
Avec mes soixante-quinze "balais" je suis peut-être entre les deux Barbetorte et Faget, mais avec mon expérience belge depuis les années cinquantes je trouve les messages de Barbetorte une élaboration réaliste du problème. De l'autre coté je comprends les angoisses de Faget.
Cordialement, Paul.