Le salon géopolitique de Passion-Histoire

Dans les années 80, Denis Sassou-Nguesso était président du Congo-Brazzaville. C'était un gouvernement soutenu par les soviétiques ; la vie d'expatrié dans la ville cotière de Pointe-Noire, récemment pétrolifère, était une sorte de paradis, même si les jeunesses "socialistes", composées de gamins, commençaient à troubler ce paradis.

Puis, Sassou a disparu avec l'affaiblissement de ses soutiens soviétiques, malgré ses tentatives de se rapprocher du reste du monde, et d'autres régimes lui ont succédé.

Mais, surprise, il revient au pouvoir en 1997 à la faveur d'une guerre civile, et depuis règne sur le pays à la façon d'un dictateur qui n'a plus rien de marxiste dans la rhétorique.

Cela reste un mystère pour moi : comment cet homme "du passé" a-t'il pu reprendre le pouvoir au Congo il y a dix ans, et le conserver depuis ?

Je ne connais pas le problème, mais quand on parle de l'Afrique, il y a toujours une question à se poser : quelle est son ethnie et quelle est l'importance de cette ethnie dans le pays.

"Puis, Sassou a disparu [...] et d'autres régimes lui ont succédé."

Pas tout à fait, la chronologie est ultra simple Sassou est président de 1979 à 1992 puis de 1997 à aujourd'hui. Entre ces deux exercices, Pascal Lissouba est au pouvoir.

Ce quart de siècle s'explique très aisément. Général et membre du Parti Congolais du Travail (PCT) Sassou est élu le 5 Février 1979 président du parti et donc de fait président du pays en remplacement de Marien Ngouabi assassiné en 1977. (quelques présidents intérimaires dont déjà... Sassou)

En 1992, Mitterrand fait son discours (La Baule). Des élections sont organisées, Sassou arrive troisième, Lissouba est démocratiquement élu, la France garde Sassou au chaud, "sa traversé du désert" se passe dans une de ses jolies propriétés hexagonales, au Vésinet (pas loin de chez moi à l'époque ). Très rapidement, la France se rencontre que Lissouba est moins docile que Sassou Cf. Affaire Elf). De plus, bien que Sassou n'ait jamais été plus marxiste que moi, il a gardé de forts liens avec l'Angola, devrais-je dire le MPLA de Dos Santos. La décennie 1990 c'est la guerre civile continuelle dans l'Afrique des Grands Lacs et son pourtour: Guerre civile au Congo-Brazza notamment, Dos Santos n'en a toujours pas fini avec Savimbi (UNITA) en Angola et souhaite retrouver son allié du nord, et la France cherche à replacer Sassou.

Le 15 octobre 1997, Sassou reprend le pouvoir grâce à l'armée angolaise principalement (plus quelques troupes tchadiennes dirigées en sous-main par Paris). Depuis, l'Angola, le Gabon, la RDC, Total, la France et Denis Sassou Nguesso (le passé ?... et l'avenir mon capitaine!) sont contents, et tout va bien dans le meilleur des mondes... possibles.

"Je ne connais pas le problème, mais quand on parle de l'Afrique, il y a toujours une question à se poser : quelle est son ethnie et quelle est l'importance de cette ethnie dans le pays."

Quand on ne connait pas, c'est vous qui le dite, on s'abstient au lieu de mettre une ânerie.

Voilà ce que je sais. Cordialement.

L'âne vous répond en vous posant une question : niez-vous l'importance des ethnnies en Afrique ?
Si oui, vous allez faire sourire ceux qui connaisent bien le continent

"niez-vous l'importance des ethnnies en Afrique ?"

Une fois de plus, je suis désolé, votre phrase ne veut pas dire grand chose... "l'importance des ethnies en afrique" qu'est-ce que vous voulez dire? Ce type de généralisation n'est pas approprié.

Le facteur ethnique existe, c'est indéniable, il intervient parfois, par exemple lors de certaines élections politiques.

Si votre premier post n'était pas adéquat, c'est parce que dans le cas des changements de présidence dans le Congo-Brazza des vingt-cinq dernières années, les facteurs opérants sont étrangers au pays, ça c'est irréfutable.

Et bien vous avez réussi : vous me faites sourire.

A oui... soit, souriez si vous le voulez.

Pour revenir à du sérieux, et en restant dans le cadre régional, je me demande bien comment va évoluer la crise actuelle au Nord Kivu et au Sud Kivu et que l'on peut même étendre au district de l'Ituri en RDC.

En effet, la République démocratique du Congo cultive les contradictions. Ce pays, de plus de deux millions de km², est aussi grand que la France, l'Allemagne, le Portugal, l'Espagne, l'Italie, la Grande Bretagne et le Benelux réunis! Un territoire immense donc, pour une puissance étatique qui couvre, soyons magnanime , Kinshasa et ses faubourgs.

Conséquence, les voisins de la RDC, n'hésite pas à s'engager dans les provinces périphériques du pays. Au début des années 2000, on peut noter l'action menée par Bemba depuis la province de l'équateur et avec le soutien de la République centrafricaine de Patassé.
Toutefois, depuis le génocide et même avant, c'est à l'Est, à des lieux de Kinshasa que les interventions extérieures sont les plus fréquentes. Ouganda, Rwanda et dans une moindre mesure Burundi (et Zambie au Katanga) cherchent à étendre leurs aires d'influence au Kivu et en Ituri. Pour être plus juste, cherchent à contrôler le potentiel minier de la région. La méthode? Nkunda, dont on parle un peu aujourd'hui, en est un des symboles. Le Rwanda arme le rebelle, crée une situation de guérilla et donc une zone de non droit et peut ainsi mener ses petites affaires, tout cela avec l'assentiment de quelques multinationales, européennes principalement.
Si le sujet intéresse, un conseil taper: "téléphone portable et coltan" sur Google.

Aujourd'hui, certains observateurs se demandent si Nkunda sera le nouveau Laurent Désiré Kabila. Personnellement, je ne pense pas car Nkunda n'est pas soutenu par les occidentaux comme l'était Kabila (européens et américains en avaient marre du Maréchal!) bien que comme celui-ci, il mène son action depuis l'extrême orient du pays. A voir, les prochaines évolutions, je crois que le French Docteur est dans l'avion en ce moment...