Vindex a écrit:
Pensez vous que Gbagbo va repasser ? Va t-il y avoir des troubles ?
Je doute que les Jeunes patriotes, la milice d'extrême-droite qu'il a créée et imposée dans son ethnie chrétienne du sud, accepte la souveraineté d' "étrangers musulmans" du nord. La simple candidature de "non-ivoiriens" à la présidence constitue déjà une provocation pour ce mouvement raciste et ultra-nationaliste.
Jeunes patriotes et présence d'étrangers honnis, le comburant et le carburant réunis : je vois mal comment éviter la conflagration.
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Au point où se trouve la Côte d'Ivoire, les populations du nord pourraient légitimement finir par réclamer leur indépendance. Celle-ci serait difficilement acceptée par l'Union africaine et l'Union européenne, France en tête.
Cela dit :
1. On voit mal comment les Jeunes patriotes, qui submergent et dominent l'ethnie de Gbagbo au sud, pourraient empêcher l'émancipation de fait du nord lorsqu'ils peinèrent à s'y imposer lorsqu'ils étaient soutenus par les armées ivoiriennes et françaises.
2. On verrait bien quelques pays sahéliens (Mali, Burkina Faso) accepter une indépendance du nord sur la base d'ethnies et d'une religion (islam) commune, en réponses aux violences racistes et xénophobes des Jeunes patriotes de Gbagbo et avec la bénédiction d'autres pays africains musulmans.
3. On verrait même la France abandonner son allié ivoirien en réponse, d'une part, aux trahisons répétées de Gbagbo depuis 2002, d'autre part, au fait que les populations nord-ivoiriennes restent plus modérées et favorables à la France en dépit de l'opposition française à la rébellion nordiste de 2000.
Le bémol à cette prédiction est le statut économique des nord et sud ivoiriens, que je ne connais pas.
Le sud fut riche mais sa richesse provenait des étrangers (investisseurs français ou ouvriers du nord) qui ont été chassés depuis la guerre civile ouverte en 2000. Je pense que son économie ne s'en est pas relevée, ce qui le rend beaucoup moins attractif pour le nord ivoirien.
Par contre-coup, la richesse relative du nord ivoirien peut s'en trouver relevée, ce qui aiderait les nord-ivoiriens à considérer une indépendance, une autonomie, peut-être un rattachement à d'autres Etats frontaliers sur des bases, donc, ethniques et religieuses.
Néanmoins, la participation des nord-ivoiriens aux élections atteste qu'ils ne sont pas ceux qui enterrent volontiers l'unité ivoirienne, malgré les nombreuses fourberies du fossoyeurs Gbagbo.
Celui-là, je crois qu'il se sent malin en instrumentalisant une jeunesse sud-ivoirienne qui, hélas, domine démographiquement ses aînés, pour rester au pouvoir, mais qu'il est incapable de voir, comme ses miliciens excités, les coups de hache qu'il applique sur l'unité ivoirienne. J'entends que Gbagbo et les Jeunes patriotes entendent se partager l'ensemble du pays débarrassé des nord-ivoiriens mais qu'ils n'ont guère compris qu'ils n'ont pas les capacités politiques ou militaires de dominer le nord.
A la rigueur, Gbagbo s'est peut-être aperçu qu'il nageait dans le sens du courant mais vers un précipice.
De manière plus distante, le conflit civil ivoirien semble aller à contre-courant des regroupements européens qui faisaient fi des ethnies et traçaient les frontières actuelles des Etats africains.
Il est possible que ces frontières ne tiennent pas les siècles et que réapparaissent une multitude de micro-Etats plus ou moins fédérés ou vassalisés, à bases ethniques, tribales ou claniques.