Vitalis a écrit:
Comment expliquer que les pays d'Afrique noire malgré des taux de croissance honorables ne décollent pas comme l'Europe de l'est, l'Asie ou certains pays d'Amérique latine ?
1. Le taux de croissance ne fait pas tout et n'agit que sur un niveau de départ.
La France qui, vers 2003, dispose d'un PIB de 24.055 $/hab. et d'un taux de croissance de 0,2 % voit son PIB, à population constante, évoluer de + 48 $/hab. en un an.
Le Sénégal, qui n'est pas le plus malheureux des pays africains, voit au même moment son PIB de 5.037 $/hab. évoluer de +242 $/hab. avec une croissance de 4.8 %, à population constante.
Même à ce rythme, il faudra au Sénégal plusieurs décennies pour atteindre le niveau français de 2003 en considérant que les choses se perpétuent, or elles ne se perpétueront pas.
2. Le taux de croissance est pondéré par la croissance démographique.
Le taux de croissance démographique du Sénégal étant de 2,2 % à cette période, son PIB/hab. ne croît en réalité que de 4,8/2,2 = 2,2 %, soit + 111 $/hab.
Le taux de croissance démographique français est cependant de 0,4 % et laisse une augmentation réelle de + 24 $/hab., soit une quasi-stagnation ou maintien sur une année économiquement vide.
Avec une croissance économique de 1 %, ce qui est très modeste, la France aurait cette année maintenu son écart de production économique avec le Sénégal.
Vitalis a écrit:
Dans beaucoup de pays africains le niveau de vie déjà très faible dans le passé à baissé depuis 30 ans.
En général, leurs populations croissent trop rapidement vis-à-vis de leurs PIB. Les élites fuient physiquement ou investissent hors d'une Afrique dont ils se méfient pour bien la connaître. Une part des richesses produites en Afrique servent donc de capital et produit des emplois et des richesses dans le reste du monde :
Citation:
La fuite des capitaux en Afrique s’élève à 13 milliards de dollars chaque année. Selon la Cnuced, qui a publié le 26 septembre un rapport sur le sujet, depuis les indépendances, ce sont 400 milliards de dollars qui ont quitté l’Afrique pour cause de corruption, d’instabilité politique, de bouleversements économiques. Un montant « vertigineux » au regard de la dette africaine actuelle (215 milliards). Paradoxe : le continent le plus pauvre se trouve en position de créancier à l’égard du reste du monde.
2007, Le Point 1829, 99
Vitalis a écrit:
Pourtant la faiblesse des salaires et des impôts rend les pays africains hypercompétitifs, avec des salaires encore plus faibles qu(en Chine.
Pourquoi les multinationales étrangères ne s'installent pas davantage en Afrique alors qu'il n'y a pas la barrière de la langue et qu'il n'y a pas + de corruption qu'en Russie ou en Chine ?
L'Afrique est soumise à une anarchie politique plus ou moins meurtrière et insécurisante pour les marchands, entraînant :
1. une irrégularité des lois et de leur application ; si en Chine les salariés sont soumis à la tyrannie du Parti communiste et, en Inde, aux lois arbitrées par des tribunaux fiables et réguliers, l'Afrique ne dispose d'aucun arbitrage fiable, régulier ou permanent ;
2. une criminalité destructive de moyens de production de biens et de services ;
3. une montée des xénophobies (afro-centrisme et dérivés nationalistes comme en Côte-d'Ivoire avec Gbagbo ou au Zimbabwe de Mugabe) et du racisme inter-ethnique (Afrique du Sud et la quasi-totalité des Etats, couvant les haines et confits inter-ethniques) ;
4. l'élimination consécutive (fuite, exécutions) des élites et marchands étrangers et indigènes, abandonnant des populations dénuées matériellement, financièrement, intellectuellement (instruction) et moralement.
L'Afrique reste une démonstration contemporaine que l'anarchie est plus invivable encore qu'une tyrannie (Chine communiste, Iran, Cuba...).