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 Sujet du message: Re: Syrie : vers une intervention franco-américaine ?
MessagePosté: Lun 28 Nov 2016 23:31 
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carlo68 a écrit:
-Si les services français sont si forts sur la situation en Syrie, pourquoi le gouvernement a joué le départ rapide d'Assad ?

Apparemment, Assad était prêt à déguerpir. Si l'invasion avait eu lieu, il serait vite parti. Il n'y a pas eu d'invasion, donc il est resté et petit à petit il a vu la la situation tourner à son avantage. Grâce à l'entrée en jeu de l'EI (qui n'existait pas au moment où la France et les USA voulaient intervenir en Syrie). Bref, si ... Mais voilà, les USA n'ont pas voulu intervenir et la France ne pouvait pas faire une si grosse opération seule, si loin de ses bases...

carlo68 a écrit:
A reconnu un conseil syrien qui n'a jamais eu aucun pouvoir à l'intérieur du pays ?

Il avait une grande partie de la partie utile du pays sous sa protection. Puis, les monarchies du Golfe ont investi pour les groupes djihadistes. Et l'EI a raflé la mise et le territoire. Entrée de l'URSS, dans le jeu (pour contrer l'Arabie Saoudite)... Et le conseil syrien s'est retrouvé coincé entre les djihadistes et le clan Assad avec des démocraties qui le soutenaient ... du bout des lèvres et qui ont investi le moins d'argent possible. Du coup, une partie des combattants ont préférés aller chez ceux qui avaient de l'argent...

carlo68 a écrit:
Pas vu venir les djihadistes ?

C'était l'un des risques si on n'intervenait pas rapidement avec des moyens conséquents. Merci de ne pas confondre la cause et la conséquence. Les djihadistes sont le résultat de l'intervention des musulmans du Golfe et de leur investissement financier pour la "défense des sunnites syriens.

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 Sujet du message: Re: Syrie : vers une intervention franco-américaine ?
MessagePosté: Mar 29 Nov 2016 01:56 
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Les Occidentaux n'interviendront jamais massivement en Syrie pour la bonne et simple raison que ce n'est pas un conflit simple : il n'y a pas de « bons » et de « mauvais » clairement désignés...
Bashar al-Assad n'hésite pas à faire tirer au canon sur son propre peuple (ou même le gazer), et l'État islamique est prêt à se battre jusqu'au dernier Syrien s'il le faut pour instaurer le Califat sur la Terre... Les opposants démocrates à Bashar al-Assad, ils ont été massacrés par les deux camps depuis belle lurette.
Il ne reste donc plus, face à face, que des gens qui ne peuvent plus reculer : derrière eux, il y a juste le gouffre ; l'extermination totale pour les vaincus.
Dès lors, on en est presque venu à se dire que, si Bashar al-Assad se fait sauver par les Russes, ce sera peut-être la solution la moins terrible.... Bon d'accord, il y aura la répression, et l'exécution sommaire de tous les combattants de l'État islamique, de leurs alliés, ou même de tous ceux qui seront soupçonnés d'avoir aidé d'une façon quelconque les djihadistes.
Mais bon... Bashar al-Assad, au moins, a un bon côté : il ne veut pas réunir tout le Moyen Orient sous sa bannière, pour se lancer à l'assaut des démocraties...


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 Sujet du message: Re: Syrie : vers une intervention franco-américaine ?
MessagePosté: Mar 29 Nov 2016 11:46 
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LordFoxhole a écrit:
Les Occidentaux n'interviendront jamais massivement en Syrie pour la bonne et simple raison que ce n'est pas un conflit simple : il n'y a pas de « bons » et de « mauvais » clairement désignés...


Disont qu'au début de la guerre civile, il y a 5 ans, tout semblait plus simple. Il y avait d'un coté un méchant dictateur qui rudoyait son peuple avec l'aide d'une minorité de la population et de l'autre un peuple qui aspirait à la liberté. Tout cela s'est transformé. Une partie de la classe moyenne et des classes aisées opposées au clan Assad ont choisi le chemin de l'exil. Ils furent souvent les premiers à partir et ce fut assez facile pour eux, comme ils avaient l'argent, ils n'ont eu qu'à acheter un billet d'avion, puis un nouveau logement et à trouver du boulot grâce à leurs diplômes.

Une autre partie de la classe moyenne et des classes populaires opposés à Assad à aussi pris le chemin de l'exil. Mais dans un premier temps, ils ont choisi de se réfugier dans des camps situés dans les pays limitrophes de la Syrie. Eux, ont fait un choix dicté par le sentiment que la situations e normaliserait en quelques mois... Ils ont perdu tout leur argent et leurs avoirs et certains d'entre eux cherchent à passer en Europe pour retrouver des conditions de vie acceptables.

En fait, "globalement", les "démocrates" ont plutôt pris le chemin de l'exil. Mais certaines minorités n'ont pas eu le choix, les Chaldéens, les Yézidis, et bien d'autres... Dans le journal L'Alsace, j'ai vu l'interview de chaldéens réfugiés à Mulhouse. Ils racontaient que quand l'EI a pris possession de leur ville, ils ont vu certains de leurs voisins sunnites changer du tout au tout et acclamer des appels au meurtres des diverses minorités. Des gens du même milieu qu'eux et dont les enfants jouaient ensembles et allaient aux mêmes fêtes. En contrepartie, ce sont d'autres voisins sunnites qui les ont aidés à quitter la ville sain et saufs en les assistants du mieux possible et en les cachant.

Pour diverses raisons, parfois l'argent, parfois les idées, parfois pour survivre des gens se sont engagés en faveur des diverses milices qui sont sur le terrain, soit pro-Assad, soit islamistes, djihadistes, kurdes, "de l'opposition démocratique", ou chez l'EI. Et comme chaque fois lors des guerres civiles, plus le conflit avance et plus il est difficile de séparer le bon grain de l'ivraie. On en arriverait à se demander quel camp n'a pas fait d'exactions envers la population civile ou envers des soldats des autres camps...

Bref, plus le temps passe et plus la situation est inextricable. Effectivement, si on n'est pas prêt à aller sur le terrain, on a peu de moyens d'actions. Surtout que l'implication de la Russie bloque de fait toute intervention de l'ONU contre Assad. Ce qui aurait été possible il y a 5 ans, ne l'ai plus aujourd'hui.

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 Sujet du message: Re: Syrie : vers une intervention franco-américaine ?
MessagePosté: Mar 29 Nov 2016 17:40 
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Narduccio a écrit:

Disont qu'au début de la guerre civile, il y a 5 ans, tout semblait plus simple. Il y avait d'un coté un méchant dictateur qui rudoyait son peuple avec l'aide d'une minorité de la population et de l'autre un peuple qui aspirait à la liberté. Tout cela s'est transformé. Une partie de la classe moyenne et des classes aisées opposées au clan Assad ont choisi le chemin de l'exil. Ils furent souvent les premiers à partir et ce fut assez facile pour eux, comme ils avaient l'argent, ils n'ont eu qu'à acheter un billet d'avion, puis un nouveau logement et à trouver du boulot grâce à leurs diplômes.

Une autre partie de la classe moyenne et des classes populaires opposés à Assad à aussi pris le chemin de l'exil. Mais dans un premier temps, ils ont choisi de se réfugier dans des camps situés dans les pays limitrophes de la Syrie. Eux, ont fait un choix dicté par le sentiment que la situations e normaliserait en quelques mois... Ils ont perdu tout leur argent et leurs avoirs et certains d'entre eux cherchent à passer en Europe pour retrouver des conditions de vie acceptables.


Vous collez l'étiquette "opposant à Assad" à tous les réfugiés syriens, cela me paraît un singulier raccourci, il suffit de se rappeler les files de votants au Liban lors de l'élection présidentielle de 2014. Les gens sont partis parce qu'il y a des attentats tous les jours, des tirs de mortier, des enlèvements, des assassinats, une guerre civile. La vague de 2015, de loin la plus large depuis le début de la guerre est parfaitement corrélée avec les offensives rebelles sur Idlib et la chute de cette région, chute suivie d'un exil massif des "zones libérées" vers la Turquie. Il y a de tout parmi ses réfugiés, les premiers ont été des jeunes hommes, des déserteurs qui n'ont pas rejoint les rangs rebelles mais qui estimaient que l'armée syrienne était trop exposée.

Narduccio a écrit:
En fait, "globalement", les "démocrates" ont plutôt pris le chemin de l'exil. Mais certaines minorités n'ont pas eu le choix, les Chaldéens, les Yézidis, et bien d'autres... Dans le journal L'Alsace, j'ai vu l'interview de chaldéens réfugiés à Mulhouse. Ils racontaient que quand l'EI a pris possession de leur ville, ils ont vu certains de leurs voisins sunnites changer du tout au tout et acclamer des appels au meurtres des diverses minorités. Des gens du même milieu qu'eux et dont les enfants jouaient ensembles et allaient aux mêmes fêtes. En contrepartie, ce sont d'autres voisins sunnites qui les ont aidés à quitter la ville sain et saufs en les assistants du mieux possible et en les cachant.


Il est vraisemblable que ceux que vous appelez démocrates soient partis les premiers, mais j'aurai tendance à dire que pour la plupart ils sont partis bien avant, il y a une diaspora syrienne antérieure à 2011, elle était composée de pas mal d'opposants à la dictature. Permettez-moi de donner aussi un exemple, celui d'un collègue syrien qui m'a permis d'appréhender pas mal de choses en 2011. Ayant obtenu l'asile politique en Belgique, esprit cultivé et extrêmement tolérant, il présentait le profil parfait de l'opposant démocratique à la dictature Assad. Il a pourtant été le premier à me mettre en garde contre la couverture médiatique des événements de Syrie: exagération de la violence, du nombre de manifestations et agenda islamiste de Frères. Il aspirait à la liberté, mais n'importe laquelle...

Narduccio a écrit:
Pour diverses raisons, parfois l'argent, parfois les idées, parfois pour survivre des gens se sont engagés en faveur des diverses milices qui sont sur le terrain, soit pro-Assad, soit islamistes, djihadistes, kurdes, "de l'opposition démocratique", ou chez l'EI. Et comme chaque fois lors des guerres civiles, plus le conflit avance et plus il est difficile de séparer le bon grain de l'ivraie. On en arriverait à se demander quel camp n'a pas fait d'exactions envers la population civile ou envers des soldats des autres camps...


Au niveau de l'argent ce n'est pas compliqué: les rebelles sont mieux payés que l'armée, le rebelle touche entre 150 et 400 $, le soldat, de 80 à 150 $ et un repas chaud (le salaire du soldat a augmenté depuis le début du conflit, comme celui du rebelles, celui des rebelles a toujours été comparativement plus haut, mais plus précaire). Avec des différences pareilles on se demande un peu pourquoi le camp des "bons" n'a pas déjà gagné...

Narduccio a écrit:
Bref, plus le temps passe et plus la situation est inextricable. Effectivement, si on n'est pas prêt à aller sur le terrain, on a peu de moyens d'actions. Surtout que l'implication de la Russie bloque de fait toute intervention de l'ONU contre Assad. Ce qui aurait été possible il y a 5 ans, ne l'ai plus aujourd'hui.


Bien sûr le comportement autiste des organisations sensées représenter l'opposition syrienne n'a pas besoin de remise en cause... Pas de problème avec l'incroyable paralysie entraînée par ce "Assad doit partir" répété comme une antienne par les esprits éclairés.


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 Sujet du message: Re: Syrie : vers une intervention franco-américaine ?
MessagePosté: Mar 29 Nov 2016 18:39 
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Narduccio a écrit:
Apparemment, Assad était prêt à déguerpir. Si l'invasion avait eu lieu, il serait vite parti. Il n'y a pas eu d'invasion, donc il est resté et petit à petit il a vu la la situation tourner à son avantage. Grâce à l'entrée en jeu de l'EI (qui n'existait pas au moment où la France et les USA voulaient intervenir en Syrie). Bref, si ... Mais voilà, les USA n'ont pas voulu intervenir et la France ne pouvait pas faire une si grosse opération seule, si loin de ses bases...


"Apparemment, Assad était prêt à déguerpir", encore un rapport de la DGSE pour appuyer cette affirmation? En vérité on en sait rien. De plus, dans "votre" version, il prévoit de partir au moment de l'invasion, dans celle de Géopolis il prévoit de partir en gazant la banlieue de Damas, c'est-à-dire en accélérant une possible intervention. J'ai un peu du mal à cerner la logique. D'autant qu'au moment où son pouvoir est vraiment ébranlé après un attentat contre son État-major et les attaques contre Damas et Alep, à l'été 2012, il ne part pas... Par contre l'attaque de la Ghouta a lieu alors que des inspecteurs de l'ONU sont à Damas pour enquêter sur une attaque chimique que le gouvernement syrien attribue aux rebelles et alors qu'une ligne rouge sur l'arme chimique a été placée par Obama. C'est cela le cadre de l'événement pas un hypothétique départ d'Assad.
L'EI n’existait pas en 2013? Oui bien sûr, on parle alors de l'EIIL (ISIS) et le califat ne sera proclamé qu'en 2014, mais je continue à ne pas comprendre en quoi la formation de l'EI a été à l'avantage de Assad. Pourriez-vous être plus explicite?

Narduccio a écrit:
Il avait une grande partie de la partie utile du pays sous sa protection. Puis, les monarchies du Golfe ont investi pour les groupes djihadistes. Et l'EI a raflé la mise et le territoire. Entrée de l'URSS, dans le jeu (pour contrer l'Arabie Saoudite)... Et le conseil syrien s'est retrouvé coincé entre les djihadistes et le clan Assad avec des démocraties qui le soutenaient ... du bout des lèvres et qui ont investi le moins d'argent possible. Du coup, une partie des combattants ont préférés aller chez ceux qui avaient de l'argent...


Une grande partie de la partie utile du pays sous sa protection? Quand ce conseil a-t-il eu la moindre autorité? Quand a-t-il protégé qui que ce soit? Il a été le parapluie de certains groupes mais quand a-t-il donné ne fût-ce qu'un semblant de structure aux activités des diverses milices sur le terrain? On a beaucoup parlé à l'époque de l'ASL, mais de nouveau il s'agit plus d'un nom générique que d'une véritable structure militaire. Les monarchies du Golfe et la Turquie ont dès le début appuyé le djihadisme et les groupes salafistes, d'autant plus qu'il est rapidement devenu évident que ceux-ci représentaient sur le terrain la composante la plus active et la plus disciplinée de la rébellion, on retiendra la sortie de Laurent Fabius en décembre 2012 sur le "bon boulot" du groupe Al-Nosra qui montre bien que la France a été dans cette affaire plus sur la longueur d'onde des puissances sunnites régionales que sur celle des États-Unis.
Le CNS, qui dès le début a été considéré comme un cache-nez des Frères Musulmans, peut d'ailleurs encore bénéficier des largesses du Qatar même si son manque de contacts et d'autorité sur le terrain a toujours été rédhibitoire.

Narduccio a écrit:
C'était l'un des risques si on n'intervenait pas rapidement avec des moyens conséquents. Merci de ne pas confondre la cause et la conséquence. Les djihadistes sont le résultat de l'intervention des musulmans du Golfe et de leur investissement financier pour la "défense des sunnites syriens.


Dès le début les groupes les plus offensifs sont salafistes, les djihadistes arrivent en Syrie dès 2011, des Libyens et des Tunisiens, les armes sont là grâce aux pays du Golfe qui financent les opérations. Les slogans religieux sont présents dès le début, d'ailleurs les grandes manifestations ont lieu le vendredi à la sortie de la prière (on comptabilise en fait chaque rassemblement même très informel à la sortie d'une mosquée pour marquer un point sur la carte des "manifestations anti-régime"). Le caractère sectaire est loin d'être une dérive imprévisible pour les services...
De plus il y a encore une fois cette bizarre idée qu'une révolution ne peut réussir qu'avec des appuis extérieurs, ici même des "moyens conséquents". Le peuple syrien serait-il différent du peuple français? Incapable de se soulever sans un levier extérieur? La dictature Assad aurait-elle atteint un degré d'efficacité tel que rien de local ne pouvait l'abattre? Plus fort que Ceaucescu, que le Shah ou qui sais-je, Bachar devient le dictateur ultime, celui qu'une révolution populaire ne peut renverser. C'est assez pratique et cela permet de ne pas trop s'interroger sur le pourquoi de l'échec des grandes offensives de 2012. Ce sera toujours la faute aux Russes, à l'Iran, au Hezbollah, tous unis contre le peuple syrien... Notre peuple syrien idéal qui est à mon avis très différent de celui qui vit en Syrie.


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 Sujet du message: Re: Syrie : vers une intervention franco-américaine ?
MessagePosté: Mar 29 Nov 2016 20:34 
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carlo68 a écrit:
De plus il y a encore une fois cette bizarre idée qu'une révolution ne peut réussir qu'avec des appuis extérieurs, ici même des "moyens conséquents". Le peuple syrien serait-il différent du peuple français? Incapable de se soulever sans un levier extérieur ? La dictature Assad aurait-elle atteint un degré d'efficacité tel que rien de local ne pouvait l'abattre? Plus fort que Ceaucescu, que le Shah ou qui sais-je, Bachar devient le dictateur ultime, celui qu'une révolution populaire ne peut renverser. C'est assez pratique et cela permet de ne pas trop s'interroger sur le pourquoi de l'échec des grandes offensives de 2012. Ce sera toujours la faute aux Russes, à l'Iran, au Hezbollah, tous unis contre le peuple syrien... Notre peuple syrien idéal qui est à mon avis très différent de celui qui vit en Syrie.

Si je peux me permettre : comparer une révolution de la fin du 18e siècle et une du 21e siècle, c'est plutôt casse-cou...
L'armée syrienne possède un armement moderne ; que possédaient les opposants en face ? Vous aurez du mal à me faire croire que chaque famille syrienne disposait de fusils d'assaut, de grenades, et de lance-roquettes.
Il n'y aurait eut qu'un seul facteur décisif pour provoquer un effondrement rapide du régime de Bashar al-Assad : que l'armée et les forces de l'ordre se mutinent et se liguent massivement contre leur dirigeant... Or, ça ne s'est pas passé comme ça. Et l'armée régulière, globalement, est restée fidèle à Bashar al-Assad.
Pendant des mois, les Occidentaux ont misé sur l'effondrement progressif des forces militaires de Bashar al-Assad. Or, ça non plus, ça n'a pas eut lieu. Aujourd'hui, l'armée régulière syrienne (soutenue par les Russes, certes) est toujours là, et les Occidentaux ont perdu l'espoir de voir un jour cette armée s'écrouler.


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 Sujet du message: Re: Syrie : vers une intervention franco-américaine ?
MessagePosté: Mar 29 Nov 2016 21:28 
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LordFoxhole a écrit:
Si je peux me permettre : comparer une révolution de la fin du 18e siècle et une du 21e siècle, c'est plutôt casse-cou...
L'armée syrienne possède un armement moderne ; que possédaient les opposants en face ? Vous aurez du mal à me faire croire que chaque famille syrienne disposait de fusils d'assaut, de grenades, et de lance-roquettes.


Je parle aussi du Shah et de Ceaucescu. L'armée tunisienne n'avait pas d'armes? L'armée égyptienne non plus? Chaque famille syrienne avait le choix de descendre dans la rue, à Damas par exemple, certains l'ont fait, ils n'ont pas été systématiquement abattus loin de là. Il y a eu des manifestations de grande ampleur qui n'ont fait l'objet d'aucune répression, mais à Damas ou Alep les plus grandes manifs en 2011, ont été les manifs de soutien au régime (un exercice pourtant casse-cou, souvenez-vous de Ceaucescu). Une révolution est toujours possible au XXIème S., et comme au XVIIIème siècle, l'adhésion populaire dans les grandes villes reste un élément indispensable. Qui a de toute évidence manqué en Syrie.

LordFoxhole a écrit:
Il n'y aurait eut qu'un seul facteur décisif pour provoquer un effondrement rapide du régime de Bashar al-Assad : que l'armée et les forces de l'ordre se mutinent et se liguent massivement contre leur dirigeant... Or, ça ne s'est pas passé comme ça. Et l'armée régulière, globalement, est restée fidèle à Bashar al-Assad.
Pendant des mois, les Occidentaux ont misé sur l'effondrement progressif des forces militaires de Bashar al-Assad. Or, ça non plus, ça n'a pas eut lieu. Aujourd'hui, l'armée régulière syrienne (soutenue par les Russes, certes) est toujours là, et les Occidentaux ont perdu l'espoir de voir un jour cette armée s'écrouler.


Si une révolution réussit, c'est qu'elle est suffisamment populaire et avec une armée de conscrits, généralement, il y a un moment où l'armée se rallie. En Syrie, cette armée est un reflet de la population, composée de jeunes et majoritairement sunnite. Donc, c'est parce que justement cette armée est restée fidèle que je pense que la révolution ne pouvait pas réussir, qu'elle n'était pas assez unanime.


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 Sujet du message: Re: Syrie : vers une intervention franco-américaine ?
MessagePosté: Mer 30 Nov 2016 14:59 
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Dans quelle mesure ce n'est pas la répression massive dès le départ des soulèvements qui a obéré son aboutissement ?

Autant vous semblez calé sur la Syrie autant tous vos postes reprennent uniquement la version du régime syrien, c'est un peu dommage.

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 Sujet du message: Re: Syrie : vers une intervention franco-américaine ?
MessagePosté: Mer 30 Nov 2016 23:30 
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Moujik Looping a écrit:
Dans quelle mesure ce n'est pas la répression massive dès le départ des soulèvements qui a obéré son aboutissement ?


Justement ce qui caractérise cette répression n'est pas son caractère massif, mais son caractère désordonné et incohérent. A un endroit on tire à vue, ailleurs on laisse faire. 2011 a été marquée par des manifestations massives et nombreuses. En fait avec des mesures comme l'élargissement des détenus politiques en 2011, le gouvernement syrien a nourri la rébellion armée (les chefs d'Ahrar Al-Sham sont pour la plupart sortis de prison à ce moment). Ce sont d'ailleurs des mesures dont on a peu parlé à l'époque (le gouvernement syrien qui libère ces prisonniers ça n'entrait pas trop dans le narratif en 2011), par contre on en a reparlé vers 2014 pour accuser Damas d'avoir "créé" l'EI. D'ailleurs cette fameuse répression n'empêche pas la formation de territoires contrôlés par les rebelles dès 2011 et les grandes offensives rebelles de 2012. Et en 2012, les Frères Musulmans appellent à un soulèvement sunnite coordonné avec les offensives, mais rien ne se passe, il n'y aura de victoires que militaires et le soutien populaire est difficile à évaluer. Je pense qu'il y a eu alors dans une partie de la population urbaine qui aurait dû être par son éducation un moteur de la révolution, une méfiance à l'égard du mouvement qui se mettait en route (c'est en tout cas ce qui ressortait des conversations avec mon collègue syrien, mais ce n'est pas non plus une étude sociologique). Quant aux classes populaires, il est évident que le caractère religieux du mouvement a rencontré un écho assez large dans les campagnes et dans des populations paupérisée par la récente crise agricole, mais là encore on manque de données pour objectiver quoi que ce soit.

Moujik Looping a écrit:
Autant vous semblez calé sur la Syrie autant tous vos postes reprennent uniquement la version du régime syrien, c'est un peu dommage.


La version du régime syrien? En fait le gouvernement syrien informe assez peu, si j'avais dû m'en tenir à l'agence Sana, je serai aujourd'hui surtout un spécialiste du cours de la livre syrienne. Non j'ai l'impression de faire mon marché, mais par exemple le départ imminent d'Assad franchement je trouve ça un peu ficelle et puis il y a toute la production "cinématographique" des deux camps et c'est peut-être là que j'ai perdu tout respect pour la cause rebelle. Il y a les mises en scène comme si la vérité ne suffisait jamais, mais surtout les exécutions publiques et la diffusion de ces vidéos comme moyen de terroriser la population. J'ai ingurgité tout cela en 2011-13 et vraiment la petite Bana et ses 188k followers, je trouve ça simplement obscène. Alors me direz-vous les vidéos de soldats syriens s'acharnant sur des corps sanguinolents ça existent aussi, bien entendu, il n'y a pas de bons dans cette histoire. Par contre il est évident aujourd'hui que l'alternative susceptible d'arrêter cette guerre le plus rapidement, c'est une victoire de l'armée syrienne, les "victoires" de la rébellion n'ont fait depuis 5 ans que prolonger le cauchemar. Et si ces victoires n'ont jamais été décisives, on le doit sinon à l'appui de la population à Assad, en tout cas à sa passivité dans les grands centres urbains.


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 Sujet du message: Re: Syrie : vers une intervention franco-américaine ?
MessagePosté: Jeu 1 Déc 2016 08:47 
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Cela doit être alors une pure coïncidence que toute votre argumentation épouse la ligne de défense des pro-Assad…

Encore dans poste, parler d’incohérence pour tenter d’atténuer la férocité de la répression mouai…

Tout comme il est faux de prétendre qu’en 2011 on ne parlait pas de la libération des prisonniers, pas la peine de chercher bien loin pour trouver des articles le soulignant, Le Figaro du 15 novembre 2011 par exemple.

Il est évident qu’Assad avait tout intérêt à ce que ce soit la frange la plus extrémiste de l’opposition qui damne le pion aux autres, il est ainsi d’autant plus facile de relativiser son propre extrémisme. C’est dans cette perspective que certains ont insisté sur la libération de jihadistes en 2011 ou la peu d’empressement du régime à combattre l’E.I.

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