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 Sujet du message: Vers un divorce entre les Saoud et les USA ?
MessagePosté: Dim 27 Oct 2013 08:11 
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Les Saoud avaient eu la finesse d'honorer leur alliance contractée avec les USA en 1945 : la puissance militaire et des dollars contre le pétrole.

Ils semblent aujourd'hui contrariés que leurs larbins occidentaux ne guerroient plus pour eux contre les hérétiques d'Orient...
Citation:
Les USA viennent de perdre un allié précieux dans le dossier syrien : le prince saoudien Bandar ben Sultan ne veut plus coopérer avec les Etats-Unis, en signe de protestation contre leur politique au Moyen-Orient. En cause : le refus d'Obama d'attaquer la Syrie et le redémarrage des relations
USA-Iran. La manœuvre n’est pas anodine : les Saoudiens ont même refusé leur place au Conseil de sécurité des Nations unies alors qu’ils venaient de l’obtenir. Ce conflit avec l'Arabie saoudite pourrait marquer une grande défaite géopolitique de la Maison blanche, écrit le jeudi 24 octobre le quotidien Kommersant.

Le prince Bandar ben Sultan a fait part de ses intentions au port de Djeddah face à un groupe de diplomates européens. "Un tournant décisif nous attend : les Saoudiens ne veulent plus être dépendants des USA", a déclaré le prince Bandar, qui fut ambassadeur à Washington pendant 22 ans. Il était, jusque là, l'un des politiques saoudiens les plus appréciés par l'Occident. D'après une source diplomatique, cette distanciation avec les USA s’accompagnerait d’une réorientation vers les alliés régionaux et la France, qui adopte une position plus ferme que Washington sur la question syrienne. Enfin, pour expliquer son refus inattendu de siéger au Conseil de sécurité des Nations unies, où l'Arabie saoudite a été admise pour la première fois la semaine dernière, le prince a déclaré : "Ce signal ne s'adresse pas à l'Onu mais aux USA".

D'autres politiciens saoudiens influents ont aussi durci leur discours à l'égard des USA, confirmant que les propos du prince n'étaient pas une improvisation. "Toute cette pitrerie sur le contrôle international de l'arsenal chimique d'Assad n’aurait été qu’un épisode ridicule si elle n'avait pas été aussi une flagrante trahison", a déclaré le prince Turki al-Fayçal.

Ce conflit sans précédent entre les Etats-Unis et leur principal allié du Golfe est au centre de l'actualité de la semaine. Il a significativement influé sur l'issue de la conférence des "Amis de la Syrie" à Londres, en présence du secrétaire d'Etat John Kerry et du ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal. Dans ce contexte, l'opposition syrienne n'a toujours pas accepté de participer à la conférence de paix Genève-2.

L'administration Obama préfère éviter d'exacerber la confrontation avec Riyad. "Nous comprenons que l'Arabie saoudite soit déçue que l'opération militaire en Syrie n'ait pas eu lieu mais nous comptons sur la poursuite de la coopération, a déclaré John Kerry. Je suis persuadé que l'Arabie saoudite et les USA resteront amis et alliés."

Ce ne sera pas simple : les directions prises par Washington et Riyad s’éloignent de plus en plus. L'influence des islamistes radicaux se renforce en Arabie saoudite et la dynastie dirigeante doit en tenir compte. Manœuvrant entre l'Occident et les fondamentalistes radicaux, le monarque saoudien est contraint de faire de plus en plus attention aux seconds. Comme en témoigne la position radicale sur la Syrie, partant de la nécessité d'y renverser le régime laïque.

Le conflit avec l'Arabie saoudite pourrait marquer une grave défaite géopolitique de la Maison blanche. Car ce pays abrite la plus grande base américaine du Golfe et joue un rôle clé dans la sécurité énergétique de l'Amérique en empêchant l'effondrement des cours pétroliers mondiaux. De plus, la majeure partie des actifs saoudiens - pour le montant astronomique de 690 milliards de dollars - est libellée en titres de valeur américains.

http://fr.ria.ru/presse_russe/20131024/199631690.html

1. Les causalités de l'affliction saoudienne sont ironiques. L'Arabie saoudite est le foyer de l'extrémisme djihadiste sunnite qui ensanglante la péninsule depuis plus de deux siècles, attise le bellicisme pakistanais depuis 1947, enflamme le Maghreb et inspire le terrorisme djihadiste international depuis 1990. Paradoxalement, ce sont ces derniers produits du wahhabisme, les djihadistes sans frontières, qui se sont retournés traîtreusement contre leurs protecteurs occidentaux et qui réussiraient, en victoire presque posthume, à tourner Saoud et Saoudiens contre leurs gardiens et mercenaires américains.

2. Les conséquences géopolitiques en seraient révolutionnaires.

2.1 Une conséquence déjà entamée est l'effondrement du djihadisme sunnite international. Triomphant avec les pétrodollars et les armes occidentales, les djihadistes s'écroulent contre ces dernières dans tous leurs théâtres d'opération : Afghanistan, Moyen-Orient (en particulier l'Egypte, l'Irak, la Syrie, Maghreb et Sahel), Philippines, Asie du Sud-Est et même en Occident où les lois s'érigent peu à peu contre les intégristes sunnites. Seuls le Pakistan, Gaza, le sud somalien et le nord nigérian tiennent encore, pour des raisons spécifiques qui ne dureront peut-être pas.

Outre les débâcles militaires, leur profonde malveillance universaliste affaiblit les extrémistes sunnites. Ainsi, depuis qu'Erdogan a purgé son armée kémaliste, la Turquie n'a plus de muscles et marque misérablement le pas aux frontières syriennes, impuissante à assister des alliés locaux, alors qu'elle pouvait jadis se projeter et s'imposer à Chypre ou en Irak à la moindre irritation.

Si trois dates semblent marquer le destin des djihadistes sunnites internationaux (1990, naissance ; 2001, apogée ; 2011, extinction), leur plus sournois legs serait d'avoir brouillé leurs inspirateurs saoudiens avec leurs équipementiers occidentaux.

2.2 L'alliance entre les Saoud et les Wahhab fonde une machine de mort qui s'est étendue de la péninsule arabique au monde entier. La doctrine religieuse des Wahhab établit un programme d'extermination de l'humanité non intégriste sunnite qui n'est jamais dénoncé comme il le devrait... Leurs cibles prioritaires sont les chiites, qu'ils exècrent par-dessus tout. Les Saoud leur procurent les sabres nécessaires à cette extermination. Depuis la découverte de pétrole dans leur empire, les Saoud bénéficient des pétrodollars et d'une protection loyale et fidèle des Américains, décuplant leur pouvoir de nuisance, ainsi que ceux des Wahhab. En abusant de leur relation avec les USA pour leur demander de supprimer le régime alaouite en Syrie, les Saoud sont-ils allés trop loin ? Eliminer le prosoviétique Hussein, qui avait de surcroît lancé une prime sur la tête de Bush père, ou contrer le fada Ahmadinejad qui menaçait le Moyen-Orient d'Armageddon, semblait plus évident.

2.3 La pusillanimité saoudienne peut permettre aux Américains de reconsidérer leur alliance de 1945, d’ailleurs fort utile et honorée durant la guerre froide, comme une mésalliance depuis que l’Arabie saoudite poursuit ses financement des djihadistes sunnites internationaux, qui attaquent l’Occident, ses ressortissants, ses alliés et ses intérêts partout dans le monde.

Si la mésalliance est constatée, et elle est probablement envisagée depuis les années 2000 au moins, des projets d’accompagnement de renversement des Saoud doivent être rédigés à Washington. Ils pourraient prendre la forme d’hébergement des Saoud en Occident ou dans des pétromonarchies voisines (comme lors des deux fois où les Saoud ont été virés de la péninsule depuis deux siècles), mais qui mettre à la place ? Des monarques voisins et rivaux (Jordanie, dont la dynastie régnante fut chassée de la péninsule par les Saoud ; Qatar) ? Qu’adviendra-t-il des Wahhab qui régissent les lieux saints ? Faudra-t-il soutenir des factions rivales pour les en chasser, au grand dam des extrémistes sunnites qui auront déclenché les hostilités contre l’Occident ? Faut-il laisser l’ouest saoudien dans une anarchie proche de celle du sud somalien, laissant les sunnites de l’étranger (Egypte, force internationale arabe ou arabo-turque) pacifier à coups de canon la région des lieux saints ? Et cultiver une nouvelle alliance avec les chiites saoudien de l’Est, qui vivent sur les puits de pétrole ?

2.4 Par-delà cette alliance avec les chiites saoudiens, faut-il renverser l’alliance entre l’Occident et des sunnites qui le conspuent de plus en plus au profit d’une alliance avec des alliés plus objectifs, les chiites du Moyen-Orient ? Cette alliance, dont l’Iran et l’Irak deviendraient les pivots imbibés de l’indispensable pétrole, serait tournée contre les extrémistes sunnites (Frères musulmans, salafistes, Hamas, Wahhab et Saoud, djihadistes internationaux, talibans et Pakistanais) qui agressent l’Occident et ses alliés.


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 Sujet du message: Re: Vers un divorce entre les Saoud et les USA ?
MessagePosté: Dim 27 Oct 2013 22:11 
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Merci pour cet exposé, Geopolis.

Cordialement et avec estime,

Paul.


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 Sujet du message: Re: Vers un divorce entre les Saoud et les USA ?
MessagePosté: Jeu 30 Jan 2014 13:47 
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Geopolis a écrit:

2.4 Par-delà cette alliance avec les chiites saoudiens, faut-il renverser l’alliance entre l’Occident et des sunnites qui le conspuent de plus en plus au profit d’une alliance avec des alliés plus objectifs, les chiites du Moyen-Orient ? Cette alliance, dont l’Iran et l’Irak deviendraient les pivots imbibés de l’indispensable pétrole, serait tournée contre les extrémistes sunnites (Frères musulmans, salafistes, Hamas, Wahhab et Saoud, djihadistes internationaux, talibans et Pakistanais) qui agressent l’Occident et ses alliés.

cette nouvelle avec les chiites semblent se concrétiser avec les efforts lancés vers l'Iran.
mais il faudrait pour cela découper l'arabie saoudite en deux états, un a l'ouest a majorité sunnite et l'autre a l'est a majorité chiite avec les puits de pétrole. (or je ne pense pas que les occidentaux soient prêts à un remodelage des frontières dans la région).
Les américains ont peut etre enfin compris que le pétrole se concentrait dans des régions peuples de chiites (Iran, Irak, Est de l'arabie) et qu'une alliance avec eux serait plus souhaite et plus facile à gérer.


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 Sujet du message: Re: Vers un divorce entre les Saoud et les USA ?
MessagePosté: Sam 1 Fév 2014 08:01 
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Marocain a écrit:
cette nouvelle avec les chiites semblent se concrétiser avec les efforts lancés vers l'Iran.
mais il faudrait pour cela découper l'arabie saoudite en deux états, un a l'ouest a majorité sunnite et l'autre a l'est a majorité chiite avec les puits de pétrole. (or je ne pense pas que les occidentaux soient prêts à un remodelage des frontières dans la région).

D'autant qu'un Etat sunnite démuni mais ayant en charge les villes saintes tomberait vite en proie à la guerre civile et domestique (comme dans les siècles passés, me direz-vous).


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